Cela fait maintenant trois ans que Fabio Quartararo court après la victoire. Titré en 2022, le Français a subi la dégringolade de Yamaha dans la hiérarchie dès l’année suivante, au moment où Ducati prenait le pouvoir, avant de franchement perdre le contact avec les leaders lors des deux dernières saisons. Convaincu par le projet de relance de la marque, il s’est réengagé jusqu’à fin 2026, mais la première moitié du championnat 2025 a apporté des résultats contrastés.

Quartararo a certes pu profiter d’une M1 performance sur un tour, ce qui lui a même permis de décrocher quatre poles, alors qu’il n’en avait plus obtenu depuis début 2022. Mais il a souvent eu plus de difficulté en course, avec une Yamaha qui tend à dégrader son pneu arrière. Le bilan peut néanmoins être positif : après 12 Grands Prix, il a inscrit un total de 102 points, très exactement le double qu’au même stade il y a un an, et a pu retrouver le podium à Jerez et décrocher sa première médaille en sprint au Sachsenring.

« Les premiers Grands Prix ont clairement été le bordel », a estimé Quartararo interrogé par le site officiel du MotoGP. « Ensuite, on a élevé le niveau avec des poles positions, un podium. On a eu vraiment de bonnes courses et le rythme était là. Au Mans et à Silverstone, on a rencontré des soucis. Une première moitié de saison douce-amère. »

Paolo Pavesio, devenu responsable de Yamaha en compétition cette année, a livré le même bilan contrasté, mais en insistant sur le positif. « Nous avons des sentiments partagés », a confié l’Italien en conférence de presse au Sachsenring. « Il est certain que nous exploitons au maximum les opportunités que nous avons en termes de développement, nous tirons de clairs bénéfices du fait d’avoir une équipe satellite. Mais nous avons des sentiments partagés car le potentiel que nous exprimons est plus élevé que les résultats que nous obtenons. Mais c’est la course, ce qui compte c’est ce que l’on obtient à la fin de chaque course. Pour autant, les performances s’améliorent, et avec elles les attentes augmentent aussi. »

« On retient les pole positions, qu’on est rapides, on sait le potentiel qu’on a sur un tour », a de son côté détaillé Quartararo en Allemagne, déplorant néanmoins un schéma qui se répète tous les week-ends : « Malheureusement, on voit que c’est une routine qu’on n’aime pas avoir, parce qu’on sait qu’on va commencer le dimanche et qu’on n’aura pas de rythme, qu’on va dropper et que c’est frustrant. On travaille dur mais on voit que les résultats ne sont pas là. »

Fabio Quartararo, Yamaha Factory Racing

Fabio Quartararo a pris la troisième place du sprint au GP d’Allemagne.

Photo de: Gold and Goose Photography / LAT Images / via Getty Images

Très critique envers Yamaha ces dernières années, surtout quand il ne percevait pas de réaction pour corriger le tir, Quartararo a peu à peu adouci son discours. S’il se montre toujours exigeant, en jugeant des progrès indispensables pour le convaincre de prolonger, et reste de très loin le pilote le plus performant sur la M1, avec un total de points supérieur à ceux des trois autres titulaires du constructeur, il accepte désormais de se contenter de résultats plus modestes et se concentre sur ce qu’il peut apporter.

« Je comprends maintenant ce que je dois faire pour toujours me sentir bien. Je dois évidemment me donner à 100% et, sur certaines courses, ce 100% mène à une deuxième place, une quatrième ou une dixième place, mais au moins je sais que je me suis donné à 100% et ça me fait me sentir mieux. C’est aussi de l’expérience. Il faut accepter certaines choses et faire des choses dont on ne se soucie pas du tout quand on gagne. »

C’est actuellement la meilleure version de moi-même.

« La première année, même quand j’étais à la maison, je ne prenais aucun plaisir, ma tête était entièrement sur les courses. Je me questionnais : pourquoi étais-je lent ? Peut-être que c’était moi ? Peut-être que c’était la moto ? Mentalement, c’était dur, mais maintenant je comprends beaucoup plus de choses et je pilote beaucoup mieux. On a la vitesse, on a besoin de constance et de travailler sur beaucoup de choses mais je sais que c’est actuellement la meilleure version de moi-même. » 

Quartararo préfère donc ne plus fixer d’objectif de résultat et cherche uniquement à tirer le meilleur de sa Yamaha, que cette dernière lui donne satisfaction ou pas : « Sincèrement, en vrai, je ne vise rien de spécial. Je vise [le fait] d’essayer de m’améliorer moi en tant que pilote, de faire du mieux que je peux, de m’entraîner au max – même sans penser à la course, c’est quelque chose que j’adore. »

Fabio Quartararo, Yamaha Factory Racing

Fabio Quartararo

Photo de: Gold and Goose Photography / LAT Images / via Getty Images

« Mais, voilà, quand j’arrive sur les circuits, ce n’est pas parce que je suis énervé et que c’est quelque chose qui m’énerve que je ne vais pas donner 100%. [Je donne 100%] et ça sera comme ça jusqu’à la fin de saison. C’est vrai que quand on voit la rapidité qu’on a sur un tour, mais à quel point on est loin sur le rythme en course, il y a une grosse différence. »

Cette situation reste néanmoins usante. Interrogé par Canal+ sur l’état d’esprit qui était le sien au moment d’aborder la pause estivale, Quartararo a exprimé le besoin de se ressourcer. « Je ne sais pas dans quel état d’esprit, mais je suis content de partir en vacances parce que, sincèrement, c’était une très longue première partie de saison, avec les tests – on a aussi eu des tests privés, donc c’était très long », a-t-il souligné. « Mais bon, il faut maintenant en profiter et on va rejoindre les amis. »

Avec Léna Buffa et Fabien Gaillard

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