Le Tour de France 2025 est officiellement terminé. Officieusement, il l’était déjà depuis les Pyrénées, direz-vous. Mais à défaut d’offrir une bataille acharnée pour le maillot jaune, la course avait le mérite de remplir nos journées d’été. Comme à chaque fois, on fera donc le bilan tant par mélancolie précoce que par peur du grand vide. Fermer un livre n’est jamais facile. Dire au revoir au Tour non plus.
La dernière étape par Montmartre, une réussite totale
Commençons par la fin. Le pari de la nostalgie des JO de Paris 2024 pris par l’organisation – et décrié par les sceptiques convaincus que le Tour de France échouerait à recréer l’ambiance électrique de la rue Lepic – s’est avéré gagnant en tous points. Sur le strict plan sportif, le gel des temps pour cause de mauvaises conditions climatiques a pu passer pour un manque de courage, mais il a probablement sauvé l’intérêt sportif de la 21e étape. « J’étais content qu’ils neutralisent l’étape, c’était plus relax d’être devant et de faire la course », se réjouissait Tadej Pogacar, artificier en chef des deux dernières ascensions de la butte. Sans ça, le Slovène serait probablement resté caché dans le peloton, nous privant d’un dernier duel épique avec Wout Van Aert.
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Pour ce qui est de l’ambiance, les témoignages de coureurs parlent d’eux-mêmes. « J’étais pas trop pour ce circuit dans Montmartre mais je me suis bien amusé sur ces trois derniers tours », souriait le seul vainqueur d’étape français sur ce Tour, Valentin Paret-Peintre. « Ça allait trop vite pour moi dans l’ascension, reconnaissait le maillot vert Jonathan Milan. Je me suis relevé et après j’ai savouré la fin de l’étape, c’était extraordinaire. » On remet ça en 2026, chiche ? Le directeur du Tour, Christian Prudhomme, botte pour le moment en touche. « [On va] regarder tout ça à tête reposée avec le préfet de Police et la Ville de Paris. »
Tadej Pogacar sans autre rival que la lassitude
Remercions Wout Van Aert d’avoir rappelé qu’il était possible de battre Tadej Pogacar, où a minima de lui donner du fil à retordre. La prochaine fois, qu’il n’hésite surtout pas à passer le mot à Jonas Vingegaard. Rentré bien trop tard dans son Tour de France 2025, le Danois de la Visma a fait ce qu’il a pu en 3e semaine, y compris un coup tactique des plus bizarres entre le col de la Madeleine et le col de la Loze, mais rien qui n’assouvisse notre soif de bagarre entre leaders. Résultat, la 4e victoire de Pogi sur le Tour porte en elle le sceau de la facilité, celle qui écrase, ennuie et éveille le soupçon.
Il n’y avait que l’usure pour trahir l’humain caché derrière ce visage et ce corps imperméables à l’effort et aux sprints répétés dans les cols français. Le staff d’UAE avait laissé circuler l’idée qu’il « ne fallait pas une étape de montagne de plus » à la sortie des Alpes, corroborant les propos du maillot jaune (« je suis évidemment fatigué »). La théorie du coup de communication visant à rendre acceptable l’œuvre globale a existé, mais elle a été mise à mal par la défaillance du Slovène au sommet de la dernière ascension de la côte de la butte Montmartre. Et s’il s’agissait d’une mise en scène, qu’on donne tout de suite un Oscar à Tadej.
Bref, Pogacar termine le Tour de France crevé et lassé. Les classiques l’amusent plus que les courses de trois semaines, mais tout Pogacar qu’il est, il a un patron, UAE, qui ne saurait se priver de cette vitrine. « J’aimerais bien ne pas le disputer une saison pour m’essayer sur d’autres courses mais je sais que ce sera difficile, regrette le coureur auprès de nos confrères de L’Equipe. Donc, oui, vous me verrez au départ du Tour l’an prochain pour défendre mon titre, il y a de fortes chances. »
Les Français : trois rayons de soleil au milieu du brouillard
La France du vélo doit beaucoup à Ilan van Wilder. En emmenant son coéquipier Valentin Paret-Peintre dans un fauteuil au sommet du Mont Ventoux, le Belge de Soudal-Quick-Step a épargné à la France un zéro pointé dans la catégorie victoires d’étapes. Au bout du compte, Paret-Peintre reste bien sûr le principal responsable de sa propre gloire ne serait-ce que parce qu’il fallait se défaire de la sangsue Ben Healy – on n’est pas élu super combatif du Tour pour rien –, mais il est bon de rappeler que le vélo se joue aussi en équipe. « Je te le rendrai, mon pote », a d’ailleurs promis VPP dans la foulée de son succès au sommet du mythique Mont Ventoux.
Monsieur Valentin Paret-Peintre. - /SIPA
Pas de succès, en revanche, pour Kévin Vauquelin et Jordan Jegat. Mais les coureurs d’Arkéa à TotalEnergies puisent leur satisfaction dans leur présence dans le top 10 de la Grande Boucle. Quasiment inespéré il y a un mois pour le premier nommé. « Je n’étais pas là pour le général au Tour de Suisse, je n’étais pas là pour le général sur le Tour, mais quand on est dans une bonne spirale, autant aller au bout, déclarait-il dimanche soir, pizza à la main, au micro d’Eurosport. Il y a eu des moments difficiles, Hautacam ça a beaucoup été une affaire de mental. A la base je ne me pensais pas capable de ça, j’ai repoussé les plafonds de verre, je vais revoir mes objectifs à la hausse mais sans m’enflammer. Je vais travailler, je ne suis que 7e, je veux aller plus haut. En haute montagne je commence à pouvoir me battre. »
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A part ça, on regrettera le manque de bouteille – mais pas de bidon – de Lenny Martinez pour aller au bout de sa quête de maillot à pois. « J’ai fait avec les jambes que j’avais, je ne pouvais pas faire plus [pour le maillot à pois]. La régularité viendra avec l’avenir je l’espère, et ça sera plus facile d’aller chercher un maillot. » On croise les doigts, Lenny. Le cyclisme français en a grand besoin.