Donald Trump a annoncé dimanche 27 juillet des droits de douane à 15% pour tous les pays de l’Union européenne mais ceux-ci, plus ou moins exposés au marché américain, ne seront pas pénalisés de la même façon quand la mesure entrera en vigueur le 1er août.
Qui seront les plus grands perdants du Vieux-Continent? Dimanche 27 juillet, les États-Unis et l’Union européenne (UE) ont enfin conclu un accord commercial sur les droits de douane. Alors que Donald Trump menaçait de taxer les exportations européennes à 30% à partir du 1er août, les droits de douane s’établiront finalement à 15% pour tous les pays de l’UE.
Plus ou moins exportateurs en direction des États-Unis, les pays membres de l’UE ne seront pas pénalisés de la même façon quand la mesure entrera en vigueur le 1er août.
En valeur notamment, c’est de loin l’Allemagne qui sera la plus touchée par ce nouvel accord. Elle exporte le plus de marchandises vers les États-Unis, pour un montant de 161,2 milliards de dollars en 2024, suivie par l’Irlande et l’Italie, respectivement 72 et 64 milliards de dollars, selon des données Eurostat.
La France est moins exposée, mais les champions de l’agroalimentaire et du luxe seront particulièrement touchés.
Plus 20% des exportations européennes en direction des États-Unis
Selon Eurostat, 20,6% des biens exportés depuis l’UE le sont à destination des États-Unis, loin devant le Royaume-Uni (13,2%) et la Chine (8,3%).
L’UE dans son ensemble a dégagé un excédent commercial sur les biens vis-à-vis des États-Unis de 235,6 milliards de dollars (201,5 milliards d’euros), selon le Bureau d’analyse économique (BEA), qui dépend du département américain du Commerce et qui a publié ses statistiques pour 2024 début février. Seule la Chine affiche un montant supérieur.
L’Irlande dégage le plus large excédent commercial
L’Irlande enregistre l’excédent commercial le plus large des membres de l’UE avec 86,7 milliards de dollars en valeur. C’est aux États-Unis que l’Irlande exporte plus du quart de ses produits.
Cela s’explique notamment par l’implantation en Irlande de grands groupes américains, notamment pharmaceutiques, comme Pfizer, Eli Lilly ou Johnson & Johnson qui se sont installés dans ce pays d’Europe pour y bénéficier d’un impôt à 15% sur les grandes sociétés, contre 21% aux États-Unis.
Ces sociétés peuvent ainsi héberger leurs brevets en Irlande et vendre sur le marché américain, où les prix des médicaments sont traditionnellement plus élevés que dans le reste du monde.
Donald Trump a néanmoins précisé dimanche que le secteur pharmaceutique ne bénéficierait pas d’un traitement particulier en matière de droits de douane. Il faut dire qu’à l’échelle de l’UE, les produits médicaux et pharmaceutiques figurent parmi les biens européens les plus exportés vers les États-Unis: 22,5% des produits exportés, loin devant les véhicules routiers (9,6%), d’après les données Eurostat.
L’Irlande accueille par ailleurs sur son sol la plupart des sièges européens des géants américains de la « tech », comme Apple, Google ou Meta, également séduits par la fiscalité irlandaise attractive.
L’Allemagne, le champion industriel
Première économie de l’UE, l’Allemagne a dégagé en 2024 un excédent commercial record avec les États-Unis atteignant 84,8 milliards de dollars.
Les États-Unis absorbent à eux seuls 10,5% des exportations allemandes, selon l’office de statistiques allemand Destatis. Les Américains se montrent friands des marques automobiles venues d’Allemagne, mais aussi de machines-outils et de produits pharmaceutiques « Made in Germany ».
La banque centrale allemande a averti en début d’année que l’imposition de droits de douane américains sur les produits allemands pourrait réduire de 1% le produit intérieur brut du pays.
L’Italie et la France, en deuxième rideau
L’Italie et la France, avec respectivement 44 milliards de dollars et 16,4 milliards de dollars d’excédent selon les Américains (mais pour la France un déficit de quelques milliards, selon les statistiques des douanes), seraient vraisemblablement moins touchées.
Toutefois, l’impact varie d’un secteur d’activité à l’autre au sein de chacune de ces deux économies.
L’agroalimentaire et les produits viticoles en particulier seraient affectés dans les deux pays. Les Américains ont l’habitude de consommer des produits « Made in France » et « Made in Italy » mais pourraient en raffoler nettement moins si les prix grimpent pour tenir compte des droits de douane.
Le secteur français du luxe (parfums, maroquinerie, etc.) est également très exposé.
Pour le numéro un mondial du luxe LVMH, un droit de douane de 15% « serait un bon résultat », avait fait savoir le groupe jeudi en publiant ses résultats semestriels, marqués par une chute du bénéfice net et des ventes. Il pense pouvoir compenser en augmentant ses prix et en optimisant sa production, notamment aux États-Unis.
Autriche et Suède, en excédent aussi
L’Autriche et la Suède sont aussi en excédent avec les Etats-Unis, respectivement de 13,1 milliards et 9,8 milliards de dollars.