Depuis quelques années, on observe une nette progression de l’utilisation du vélo : financièrement plus accessible, floraison de pistes cyclables en ville, intérêt pour des transports moins carbonés, apparition du vélo électrique… Bref : le vélo à la cote.Mais cette augmentation ne se fait pas sans risques.
C’est ce que révèle un rapport de l’Observatoire régional de sécurité routière en Auvergne Rhône-Alpes, basé sur une étude dirigée par le Cerema, établissement public relevant de plusieurs ministères, notamment celui de l’Environnement. Ainsi tandis que l’utilisation du vélo à l’échelle nationale a augmenté de 41% entre 2018 et 2022, entre 2019 et 2022, le nombre de cyclistes décédés sur les routes a lui augmenté de 20 % en ville, et de 44% hors agglomération. Les blessés graves, eux, ont augmenté respectivement de 9% et de 20%.
Mais qu’en est-il en Auvergne-Rhône-Alpes ?
Dans nos départements, 2% des déplacements et 11% des victimes.
Le vélo représente 2% des déplacements quotidiens en Auvergne-Rhône-Alpes. C’est en ville que sa progression est la plus forte : à Grenoble où Chambéry son usage est passé de 3% en 2010 à 5% en 2020. Dans les territoires ruraux ou moins densément peuplé, il ne représente que 1% des déplacements.
Pour les accidents, on constate une légère hausse mais continue sur ces 15 dernières années : ils représentent 10 à 11% des accidents comptabilisés. En 2023, ils étaient au nombre de 607 en région AuRA. En Savoie, Haute-Savoie, Isère, Ain et Ardèche, le taux d’accidentalité a systématique augmenté sur ces dernières années. Seule la Drôme y échappe, avec un taux d’accident stable.
Les hommes, plus nombreux sur les vélos… Et lors des accidents
La pratique du vélo demeure à 66% masculine. Mais cette activité tend à se féminiser là où le vélo se démocratise. On observe ainsi une hausse de la part féminine dans des villes telles que Chambéry ou Grenoble.
Comme dans le reste des statistiques sur les accidents de la route, les hommes sont surreprésentés dans les accidents : en 2024, ils représentaient 77 % des personnes tuées en voiture.
À vélo dans la Région, ils représentent 78 % des victimes.
Après avoir analysé l’ensemble des déclarations d’accidents par les forces de l’ordre sur l’ensemble de la région, le Cerema identifie les points où l’on retrouve des sur-risques :
- 78 % des victimes sont des hommes.
- 49 % des accidents surviennent lors d’un trajet de promenade ou de loisirs.
- 72 % des victimes proviennent de communes densément peuplées.
- 31 % des accidentés ont 55 ans et plus.
Des risques qui évoluent en fonction du lieu et de la pratique
L’étude distingue plusieurs pratiques : celle du vélo en zone urbaine ou en zone rurale et celles des pratiques « utilitaires » (courses, trajets travail/domicile…) et ceux pour le loisir.
Par exemple, l’étude souligne une hausse des accidents en semaine en ville, où le vélo est principalement utilisé pour des trajets utilitaires. À l’inverse, hors agglomération où les déplacements pour le loisir sont majoritaires, les accidents surviennent principalement lors des week-ends.
Si les accidents sont bien plus courants, à 77%, en ville, c’est hors agglomération qu’ils sont les plus violents : 56 % de la mortalité cycliste est recensée hors agglomération pour seulement 23 % des accidents. Cela est notamment lié à la vitesse de circulation bien plus élevée sur les routes de campagne.
L’Ardèche, terre d’accident des Drômois ?
« On a voulu savoir si les accidents pouvaient être liés à des touristes, qui visitent une région à vélo et la connaissent mal, donc sont plus sensibles aux accidents…, explique Mélanie D’Auria-Llexa, chargé d’étude pour ce rapport, « Mais en fait on s’est rendu compte que les accidentés l’étaient quasi exclusivement dans leur propre département. »
« Quasi exclusivement », oui. Car un département échappe à la règle : l’Ardèche, où 23 % des accidentés étaient… Drômois ! Cela illustre notamment un grand attrait pour le cyclotourisme en Ardèche de la part du département frontalier.