Plus de 36 heures après leur arrestation, les passagers du Handala en savent un peu plus sur leur sort. Arraisonnés dans les eaux internationales, au nord de l’Egypte, par l’armée israélienne alors qu’ils tentaient de rejoindre Gaza et de briser le blocus humanitaire, les 19 militants pro-palestiniens et les deux journalistes présents sur le chalutier norvégien avaient été amenés dans le port d’Ashdod, sur la côte sud-ouest d’Israël.
A l’instar de ce qui avait été proposé aux passagers du Madleen, le précédent bateau de la Flottille de la liberté arrêté en juin dernier sur lequel était l’eurodéputée française Rima Hassan, les passagers se sont vus proposer de signer une «expulsion volontaire», un document attestant l’entrée illégale sur le territoire israélien. «Plusieurs personnes ont accepté de signer ce papier infâme de manière à pouvoir témoigner le plus vite possible, précise à Libération la porte-parole française de la Flottille de la liberté, Claude Léostic. La décision a été prise entre eux avant leur arrestation». Selon l’ONG Adalah, en charge de la défense des militants, et la Freedom Flotilla, trois militants, dont la députée française insoumise Gabrielle Cathala et les deux journalistes de Al-Jazeera Mohamed El Bakkali et Waad Al Musa, devraient quitter le pays dans la journée. L’élue LFI devrait arriver à Paris ce lundi soir.
Les autres militants arrêtés, ayant refusé l’accord et détenus dans la prison de Givon pour la plupart, ont été présentés à un tribunal chargé d’examiner leur maintien en détention ce lundi après-midi selon le communiqué d’Adalah, à l’instar des quatre Français restants, l’élue européenne LFI Emma Fourreau, Chloé Fiona Ludden, Ange Sahuquet et l’infirmière Justine Kempf. «Adalah souligne que le maintien en détention de ces militants civils, qui ont été arrêtés de force dans les eaux internationales, constitue une grave violation du droit international», ajoute l’ONG, qui demande leur libération. Si la porte-parole française de la flottille Claude Léostic n’avait pas remonté de maltraitances dans un premier temps, l’un des passagers, Chris Smalls, à l’origine du premier syndicat à Amazon aux Etats-Unis «a fait état de violences physiques graves commises par les forces israéliennes» devant le tribunal, selon un communiqué d’Adalah.
D’autres militantes ont décrit les mêmes abus, critiquant des «conditions de détention déplorables, notamment un manque de ventilation malgré une chaleur extrême et l’absence de produits d’hygiène de base pour les femmes». Toujours selon le même communiqué, «plusieurs bénévoles ont rapporté que les autorités israéliennes avaient exercé une forte pression sur eux hier, les forçant à renoncer à leur droit de rencontrer un avocat». Les activistes ont entamé une grève de la faim depuis leur arrestation. Deux militants détenteurs de la nationalité israélienne, Huwaida Arraf et Bob Suberi, ont été libérés ce lundi, après avoir été entendus par la police du pays.
Diffusé en direct par la Flottille de la liberté sur Youtube samedi 26 juillet, l’arraisonnage du Handala a été vivement dénoncé par les militants pro-palestiniens, alors que le bateau était localisé dans les eaux internationales sur les sites de tracking maritime, ainsi que celui du mouvement pro-palestinien. «Netanyahou a tous les droits : génocide, crimes de guerre, assassinats d’enfants, kidnapping, a publié le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon sur X, ce lundi. Le courage et l’honneur, c’est de lui résister comme le font ces deux femmes [les élues françaises Gabrielle Cathala et Emma Fourreau, ndlr] et leurs équipiers.» Le triple candidat à la présidentielle en a profité pour dénoncer le silence du gouvernement français depuis l’arraisonnage du bateau. En France, outre la France insoumise et le tweet de soutien de la secrétaire nationale des Ecologistes Marine Tondelier, réclamant la libération des deux élues, publié ce lundi, la classe politique a été relativement silencieuse depuis samedi. Avant le départ du bateau, le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot avait qualifié l’initiative d’«irresponsable» sur X.
Confisqué par les autorités israéliennes, le Navarn, renommé Handala par l’organisation, a été conduit au port d’Ashdod tout comme les 800 kilos d’aide humanitaire qu’il transportait. «On se réserve le droit de porter plainte pour le vol du bateau et de la cargaison», avance la porte-parole française de la Flottille. Près de deux mois après son arrestation, le Madleen n’a toujours pas été restitué à l’organisation et reste dans le port d’Ashdod. En quinze ans, seuls trois des 37 bateaux envoyés à Gaza par la Freedom Flotilla ont pu être récupérés. Les autres ont été «détruits ou vendus», selon Claude Léostic.
Mis à jour à 15 h 32 avec la libération de Huwaida Arraf et Bob Suberi ; à 17 h 08 avec les maltraitances subies par les militants.