Sa voix est chaude, puissante, traversée par une énergie vitale qui a conquis les scènes du monde entier. Lauréate de cinq Grammy Awards, icône de la musique mondiale et infatigable militante, Angélique Kidjo sera, ce mardi 29 juillet, à la Villa Éphrussi de Rothschild, à Saint-Jean-Cap-Ferrat, pour un concert donné dans le cadre de la troisième édition du festival des Nocturnes de la Villa.
Elle sera accompagnée au piano par le musicien antillais Thierry Vaton, avec qui elle a commencé à jouer sur scène, il y a plus de trente ans.
Avec nous, l’autrice, compositrice et chanteuse béninoise évoque son amour pour la Côte d’Azur, sa vision de la musique comme acte de résistance et son étoile sur le Hollywood Walk of Fame, à Los Angeles, prévue en 2026.
Vous êtes de passage à Saint-Jean-Cap-Ferrat cet été. Quelle relation entretenez-vous avec la Côte d’Azur?
Ça me rappelle mon village natal, Ouidah, au bord de la mer. La chaleur, la lumière, la solidarité face aux éléments… tout cela me parle. La mer, la montagne et la nature ont toujours fait partie de ma vie, je ne me sens pas dépaysée quand je viens dans le Sud. Mes ancêtres étaient pêcheurs, et ici comme chez moi, la nature impose son rythme. Quand la chaleur arrive, on veille les uns sur les autres. Cette humanité partagée, c’est ce qui me touche.
Pour votre concert, vous serez en duo avec Thierry Vaton, que vous connaissez depuis plus de trente ans. Comment cette complicité nourrit-elle votre musique?
Avec Thierry, c’est une alchimie rare. On n’a pas besoin de se parler, un seul regard suffit. Quand deux âmes s’accordent, la musique devient plus forte. Quand je suis avec quelqu’un qui est aussi passionné que moi et qu’on accepte tous les deux d’être au service de la musique, c’est le bonheur pour moi. Ça devient facile de se parler ou de changer le répertoire parce qu’on se comprend.
Vous défendez une musique sans frontières, de Philip Glass à Burna Boy en passant par les chansons françaises. Pourquoi ce mélange?
Quand j’ai commencé à écouter de la musique, mon père disait que toutes les musiques se valaient. La musique, c’est l’ADN de l’humanité. Elle naît de la nature, des cultures et des combats. Peu importe le style, ce qui compte, c’est l’émotion qu’elle porte. Aujourd’hui, avec les réseaux sociaux, notre cerveau est envahi par du vide. La musique, elle, nous reconnecte à l’essentiel, un peu comme une bouteille d’oxygène.
Quel rapport entretenez-vous avec la scène?
C’est le plus bel endroit du monde et là où je me sens le mieux, le plus en sécurité. Je dis toujours que pour moi, le paradis est une scène. Le jour où je mourrai, le bon Dieu va me dire que je lui casse les oreilles parce que je ferai de la musique tous les jours. Quand on a la chance de jouer dans un bel endroit, ça rajoute quelque chose au moment. Faire de la musique dans de beaux lieux, ça nous rappelle que sans art et sans culture, il n’y a pas de beauté, pas d’humanité.
En 2026, vous deviendrez la première chanteuse originaire d’un pays africain à avoir une étoile sur le Hollywood Walk of Fame, à Los Angeles. Quel sens donnez-vous à cette reconnaissance?
C’est un honneur, mais il faut rester humble. Le vrai combat, c’est l’injustice. Comment parler de gloire quand des gens n’ont pas à manger? Moi, ça me fait plaisir, mais j’aimerais qu’on pense davantage aux uns et aux autres. On a mis fin à l’esclavage, mais on le perpétue avec le capitalisme. Des gens travaillent, mais n’arrivent pas à joindre les deux bouts. Qu’est-ce que ça dit de notre société? La technologie vient appuyer sur nos faiblesses et nos échecs. Par la musique, on se sent plus libre et sans liberté, il n’y a pas d’art, et pas de société.
Mardi 29 juillet, à 20h, à la Villa Éphrussi de Rothschild, à Saint-Jean-Cap-Ferrat. Tarifs entre 20 et 35 euros. Rens. sur villa-ephrussi.com