Paris (awp/afp) – Les Bourses mondiales évoluent sans entrain lundi, oscillant entre soulagement et désillusion au lendemain de l’accord commercial noué entre l’Union européenne et les Etats-Unis.

Après une solide hausse à l’ouverture, l’enthousiasme s’est rapidement effrité en Europe: Francfort a cédé 1,02%, Paris 0,43% et Milan est restée stable (+0,01%) en clôture. Hors UE, Londres a perdu 0,43%. A Zurich, le SMI a cédé 0,34%.

A Wall Street, vers 15H40 GMT, le Dow Jones (+0,02%) et l’indice élargi S&P 500 (+0,07%) évoluaient à l’équilibre. L’indice Nasdaq des valeurs technologiques prenait 0,25%.

Donald Trump et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ont conclu dimanche en Ecosse un accord douanier prévoyant que les produits européens exportés aux Etats-Unis seront taxés à 15%.

Cet accord « permet avant tout d’échapper au scénario catastrophe: des droits de douane américains à 30 %, une escalade chaotique des représailles et une guerre commerciale totale », estime Apolline Menut, économiste chez Carmignac.

Mais il laisse déjà un goût amer.

« Même si la fin de l’incertitude doit être saluée, il y a encore des raisons d’être prudent », selon les analystes de Allianz GI.

« Cet accord évite certes le pire des scénarios, mais il installe un environnement économique international structurellement moins favorable pour les prochaines années », explique à l’AFP Stanislas de Bailliencourt, responsable allocation d’actifs chez Sycomore AM.

Il subsiste en outre « des doutes à moyen terme sur la viabilité politique et économique » de cet « accord tarifaire déséquilibré » au détriment de l’Union européenne, résument les analystes d’Edmond de Rothschild AM.

Le Premier ministre français François Bayrou a déjà accusé l’Europe de « soumission » aux Etats-Unis, regrettant un « jour sombre ».

Son homologue espagnol, le socialiste Pedro Sánchez, a lui affirmé qu’il « soutenait » l’accord commercial conclu la veille par les Etats-Unis et l’UE, mais « sans aucun enthousiasme ».

« Cela ressemble un peu à une capitulation », estime Alberto Rizzi, analyste auprès du Conseil européen pour les affaires étrangères (ECFR).

Le dollar se renforce ___

Dans ce contexte, le dollar se renforçait fortement face à la monnaie européenne, grimpant de 1,10% à 1,1612 dollar pour un euro vers 15H50 GMT.

« Les nouveaux flux commerciaux seront positifs pour le dollar et les États-Unis, au détriment de l’euro et des entreprises européennes », justifie Kathleen Brooks, de XTB, interrogée par l’AFP.

Demi-tour pour l’automobile ___

Si le secteur automobile européen a débuté la séance dans le vert, soulagé par l’accord, il a rapidement basculé dans le rouge.

A Francfort, BMW (-3,28%), Mercedes (-3,17%), Volkswagen (-3,56%) et Porsche (-4,09%) ont perdu du terrain après avoir pourtant débuté la séance dans le vert. Même chose à Paris, Stellantis cédant 2,57%, et à Stockholm, avec Volvo en baisse de 1,15%.

La directrice générale du lobby européen des constructeurs automobiles ACEA, Sigrid de Vries, a pointé du doigt « l’effet négatif pour le secteur » de droits de douane à 15%, même si elle a salué une « désescalade ».

Ils coûteront « des milliards chaque année aux entreprises automobiles allemandes », a déclaré Hildegard Mueller, présidente de la fédération des constructeurs automobiles allemands VDA.

La défense européenne voit rouge ___

En plus des droits de douane imposés aux produits européens, l’UE s’engage à 750 milliards de dollars d’achats d’énergie et à 600 milliards d’investissements supplémentaires aux Etats-Unis ainsi qu’à acquérir du matériel militaire américain.

De quoi plomber les valeurs de la défense en Europe: à Paris, Thales a reculé de 4,33%. A Francfort, Rheinmetall a cédé 3,46% et Hensoldt 5,05%. Saab a perdu 3,79% à Stockholm et Leonardo 0,97% à Milan.

Les spiritueux dans le flou ___

L’incertitude n’a pas été totalement levée pour certains secteurs: les exportateurs de vins et spiritueux doivent bénéficier d’une exemption mais attendent encore les détails.

A Paris, le géant Pernod Ricard a perdu 3,49% et Rémy Cointreau 3,45%. A Milan, Campari a cédé 2,62%.

afp/rp