Une enfant atteinte de TDAH qui prend beaucoup de médicaments pour régler cette condition.L’exposition à des carence affective, du stress, des infections, de la pauvreté et des traumatismes sont des facteurs qui augmentent le risque de TDAH. © freepik

Concentration impossible, agitation permanente, impulsivité mal contrôlée… Le TDAH, longtemps cantonné aux bancs des écoles américaines, s’impose désormais dans les cabinets médicaux français.

Au point que les prescriptions de méthylphénidate, traitement phare de ce trouble neurodéveloppemental, ont plus que doublé depuis 2020. Phénomène de rattrapage ou emballement sociétal ?

TDAH : un diagnostic encore très inégal 

La Haute Autorité de santé (HAS) estime qu’entre 3,5 % et 5,6 % des enfants en France seraient concernés par un TDAH. Côté adultes, les chiffres tournent autour de 2,5 %. Mais la reconnaissance du trouble est tardive, parfois chaotique. 

En 2024, la HAS a publié de nouvelles recommandations pour les enfants : 

  • mieux diagnostiquer, 
  • ne pas médicaliser à outrance, 
  • favoriser les approches psycho-éducatives. 

Mais les familles, elles, font encore souvent face à des parcours du combattant. Rareté des spécialistes, disparités territoriales, listes d’attente de plusieurs mois… Tout cela retarde la prise en charge et accroît les inégalités.

TDAH : mieux repérer ou trop prescrire ? Prescriptions en hausse : +154 % depuis 2020 

Les prescriptions de méthylphénidate ont grimpé de 154 % entre 2020 et 2024, selon un rapport de l’Assurance maladie. Ce médicament, dérivé des amphétamines, agit sur la dopamine et la noradrénaline pour réguler l’attention et les comportements impulsifs. 

Jusqu’en 2022, il était principalement réservé aux enfants et adolescents. Mais depuis peu, il est remboursé aussi chez les adultes, et les prescripteurs autorisés se sont multipliés : neuropédiatres, psychiatres, neurologues, et même pédiatres en ville depuis 2021. Un élargissement bienvenu, mais qui pose aussi la question du suivi.

Des enfants nés en décembre plus diagnostiqués que les autres 

Un fait troublant ressort d’une étude menée sur plus de 4 millions d’enfants par Epi-Phare. À compétence scolaire égale, un enfant né en décembre a 55 % de chances en plus de se voir prescrire du méthylphénidate que s’il était né en janvier. Simplement parce qu’il est le plus jeune de sa classe, donc potentiellement moins mature. 

Le diagnostic serait donc parfois influencé par le contexte scolaire plus que par la réalité clinique. Un biais que la HAS reconnaît et appelle à surveiller.

Des traitements efficaces mais pas anodins 

Le méthylphénidate est considéré comme l’un des médicaments les plus efficaces en psychiatrie pédiatrique. Il améliore nettement la concentration et la gestion des émotions. 

Mais ses effets secondaires sont bien réels : 

Une surveillance médicale rapprochée est donc indispensable. D’autant que le traitement seul ne suffit pas. Une prise en charge globale, incluant accompagnement parental, soutien scolaire, thérapies comportementales, reste la base.

Nouveaux psychostimulants : vers une diversification des traitements d’ici 2025

La France n’autorise aujourd’hui que le méthylphénidate. Mais d’autres psychostimulants comme la lisdexamfétamine ou la dexamfétamine pourraient arriver sur le marché d’ici 2025. Une demande est en cours. Cette diversité permettrait d’adapter le traitement au profil du patient. 

Mais elle s’accompagne aussi d’une vigilance accrue, car les tensions d’approvisionnement, les risques de détournement, ou l’usage hors cadre scolaire posent déjà question.

À SAVOIR 

La crise sanitaire a mis un coup de projecteur inattendu sur le TDAH. Confinement, école à distance, stress familial… Autant de facteurs qui ont fait ressortir chez certains enfants des difficultés d’attention jusqu’ici peu visibles. Conséquence, une hausse notable des diagnostics et donc des prescriptions depuis 2020, comme le confirment JAMA Pediatrics (2023) et l’Assurance maladie.

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