Une lueur d’espoir qui pourrait déboucher sur une avancée médicale majeure. Une équipe de chercheurs de l’Université de San Diego (États-Unis) a récemment annoncé avoir découvert une nouvelle piste de détection précoce du cancer du pancréas.

Dans une étude publiée sur Cell Reports et relayée notamment par The Times of India, les scientifiques expliquent comment ils ont réussi à repérer certaines caractéristiques génétiques qui pourraient à terme aider les médecins à déterminer en amont quels patients sont les plus susceptibles de développer ce type de pathologie.

Une maladie en progression constante…

Comme le rappelle le média indien, le cancer du pancréas constitue depuis plusieurs années un enjeu sanitaire majeur à l’échelle de la planète. En 2021, pas moins de 508 533 nouveaux cas ont été diagnostiqués dans le monde, et 505 752 décès liés à cette maladie ont été recensés.

En France comme ailleurs, le cancer du pancréas n’a cessé de progresser au cours des dernières décennies. En 2023, 15 991 nouveaux cas ont ainsi été identifiés dans notre pays, soit quatre fois plus qu’en 1990, selon le Dr Antoine Hollebecque, oncologue à l’Institut Gustave Roussy.

…et difficile à diagnostiquer au stade précoce

L’un des principaux problèmes liés au cancer du pancréas est qu’il reste difficile à diagnostiquer à un stade précoce, et donc à soigner suffisamment tôt, car ses symptômes sont généralement bénins ou absents aux premiers stades de la maladie.

Ce constat est particulièrement vrai pour l’adénocarcinome canalaire pancréatique (ACP), le type de cancer du pancréas le plus courant et le plus agressif. Selon The Times of India, le taux de survie moyen à cinq ans pour ce type de tumeur est « inférieur à 10% ». Et pour cause : l’ACP ne présente le plus souvent aucun symptôme à un stade précoce.

Pour contourner cet écueil, les chercheurs de l’Université de San Diego se sont intéressés de près aux mécanismes moléculaires de développement du cancer du pancréas, dans l’objectif d’identifier certains facteurs génétiques propices à la maladie.

Plus précisément, l’équipe du département de pathologie s’est concentrée sur une protéine appelée STAT3, activée dans des conditions de stress ou d’inflammation dans l’organisme, et qui déclenche ensuite une chaîne de réactions biologiques favorisant la croissance, l’adaptation, la propagation et la résistance aux traitements des tumeurs.

Une empreinte génétique de l’activité précancéreuse

« Etant donné que STAT3 joue un rôle si important dans de nombreux cancers et qu’il contrôle tant de gènes, cela nous a incités à rechercher quels gènes en particulier sont associés au développement, à la progression et à la résistance aux médicaments du cancer », explique David Cheresh, l’un des co-auteurs de l’étude, cité par The Times of India.

Au terme de leurs recherches, les scientifiques ont ainsi réussi à identifier dix gènes qui sont activés par STAT3 en cas de stress. Ces derniers forment ce que les chercheurs ont appelé la signature « STRESS », sorte d’empreinte génétique de l’activité précancéreuse.

Plus ou moins de chances de développer la maladie en fonction de votre signature génétique

Plus intéressant encore, les travaux menés par l’équipe de pathologistes leur ont permis de constater dans la conclusion de leur étude que certaines « sous-populations de patients (…) sont plus susceptibles de répondre en fonction de leur expression des gènes de la signature STRESS ».

« Un nombre important de patients sont ce que nous appelons ‘inductibles’ pour ces gènes STRESS », confirme David Cheresh, toujours cité par The Times of India. En d’autres termes, ces personnes ont donc non seulement plus de risques que le reste de la population de développer un cancer du pancréas, mais aussi de présenter physiologiquement une résistance aux thérapies qui seront utilisées pour les soigner une fois la maladie diagnostiquée à un stade avancé.

Une piste prometteuse pour des traitements plus efficaces

L’identification des personnes présentant une signature STRESS propice au cancer du pancréas pourrait ainsi constituer un premier pas vers une méthode de détection en amont de la maladie. À terme, les pathologistes espèrent que cette identification au niveau génétique pourra permettre de « prédire le comportement futur de la tumeur et de développer des stratégies de traitement plus efficaces ».

La perspective est d’ailleurs d’autant plus prometteuse que cette anticipation pourrait permettre de prescrire aux patients des molécules capables de bloquer le cancer à un stade précoce. « Connaître cette signature génétique chez les patients pourrait être précieux car il existe sur le marché des médicaments utilisés pour soigner d’autres maladies qui bloquent l’activation de STAT3 et inhibent aussi l’expression des gènes STRESS dans les cellules cancéreuses », détaille David Cheresh, convaincu du potentiel immense de la découverte réalisée par son équipe.