C’est une opposition qui pourrait virer au feuilleton, la bataille de Paris est enfin lancée. Ce lundi après-midi, la commission nationale d’investiture de LR a tranché à une large majorité en faveur de Michel Barnier pour être le candidat de la droite lors de l’élection législative partielle dans la deuxième circonscription de Paris. Malgré la décision collégiale, la ministre de la Culture, Rachida Dati, a assuré qu’elle serait candidate même si la CNI ne la désignait pas. Une déclaration faite au journal Le Parisien au moment même où Michel Barnier s’exprimait devant la cinquantaine de membres de la CNI. L’un des pires scénarios pour LR alors même que Bruno Retailleau avait joué un rôle de médiateur jusqu’à hier encore en recevant les deux concurrents.

Selon les participants, Rachida Dati reproche à Michel Barnier de s’être déclaré candidat sans la prévenir alors même que la circonscription englobe une partie du 7e arrondissement dont Rachida Dati a été maire. Par ailleurs, l’ancienne garde des Sceaux y voit une menace pour sa candidature à la mairie de Paris. Une élection qu’elle espère remporter grâce au soutien du socle commun.

« Rachida dit qu’elle considère que c’est un élément de division et ne fait pas confiance à Michel Barnier »

« On ne lie pas les deux élections parisiennes, ce n’est que la législative pas la mairie de Paris. On a rappelé que cette CNI ne tranchait pas pour la mairie de Paris », assure Valérie Boyer, sénatrice des Bouches-du-Rhône et membre de la CNI. A la sortie de la réunion, la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse a « regretté » ces divisions internes et appelé à un « accord gagnant-gagnant » pour que Rachida Dati puisse être candidate à Paris et Michel Barnier à la législative partielle.

Alors que Rachida Dati souhaite décrocher l’investiture LR pour la mairie de Paris le plus rapidement possible, le parti de Bruno Retailleau attend encore la décision du conseil constitutionnel sur la loi dite « PLM » qui modifie le mode de scrutin dans la capitale. La décision est attendue pour le 7 août.

« Rachida dit qu’elle considère que c’est un élément de division et ne fait pas confiance à Michel Barnier, il y a une vraie tension pour arriver à l’unité », relève Roger Karoutchi. Parmi les points de turbulence, la ministre de la Culture aimerait avoir la main sur la liste municipale afin notamment d’écarter certaines personnalités comme le sénateur de Paris et ancien maire du 16e arrondissement, Francis Szpiner.

Agnès Evren chargée d’une mission de conciliation

Malgré le combat annoncé, les cadres de LR veulent encore croire qu’une issue est possible. La Commission nationale d’investiture a adopté une motion pour négocier avec Rachida Dati. « On a adopté une motion disant que l’on demandait à Agnès Evren de discuter avec Rachida Dati pour trouver un terrain d’entente, pour discuter de la composition des listes », avance Roger Karoutchi. « Agnès Evren est chargée de trouver un consensus parce qu’on souhaite éviter une bagarre », abonde Valérie Boyer qui assure que « sans LR, même pour les municipales, Rachida Dati n’y arrivera pas ».

Objectif : battre la gauche

Si la ministre de la Culture a cherché à accélérer le processus, le parti cherche à rassurer l’ancienne candidate à la mairie de Paris. « Notre unique objectif est de battre la gauche », assure Valérie Boyer. Par ailleurs, dans un communiqué faisant suite à la CNI, le parti de Bruno Retailleau désigne Rachida Dati comme « la mieux placée pour incarner l’alternance » à Paris. Pas sûr que cela « suffira à la convaincre » anticipe Roger Karoutchi qui souligne que « pour l’instant elle n’est pas sur la ligne ».

Alors que l’élection doit se tenir au plus tard début octobre, les émissaires de LR auront jusqu’au dépôt de candidature, soit début septembre pour s’entendre. Un départ en ordre dispersé pourrait nuire au parti alors que la gauche avait réalisé une percée inattendue dans cette circonscription traditionnellement à droite lors des dernières élections. « Il peut y avoir un candidat de gauche au deuxième tour donc il faut être uni », conclut Roger Karoutchi.