« Vous aviez pris une grosse quantité de drogue ? » demande le président du tribunal correctionnel, Mario Agneta. « Ouh la oui, énorme ! », s’empresse de répondre le prévenu. De la cocaïne à laquelle il aurait très mal réagi.
« Comprendre pourquoi il est arrivé à moitié nu dans le magasin »
Car la scène décrite à l’audience est surréaliste. Samedi matin vers 6 heures, au moment de l’ouverture, le personnel du magasin de gros Métro situé dans le quartier stéphanois de La Terrasse voit débarquer un « client » pour le moins particulier.
L’homme est en peignoir et chaussettes. Très excité, il frappe sur les banques de produits surgelés. Puis s’empare d’une barre de fer et la brandit en direction des personnes qui entrent dans l’établissement.
Jugé en comparution immédiate ce lundi, Nabil (prénom d’emprunt) se tient très droit face aux magistrats. Le Stéphanois de 46 ans, petite barbe et longs cheveux noirs noués en catogan, est toujours dans la même tenue : un peignoir bleu lavande élimé, sous lequel on distingue un pyjama d’hôpital. Il doit répondre de menaces, mais aussi de la dégradation d’un véhicule appartenant à Métro ainsi que de violences et rébellion sur les policiers venus l’interpeller.
L’hôpital a produit un certificat : Nabil aurait « vu des démons », a le sentiment qu’on lui « veut du mal ». Il aurait été la proie d’hallucinations possiblement liées à la prise de cocaïne.
Les juges, logiquement, ordonnent l’expertise psychiatrique demandée à la fois par le ministère public et la défense, qui insiste sur « la nécessité d’avoir l’intégralité des éléments pour comprendre pourquoi il arrive à moitié nu dans le magasin ». Le procès est renvoyé en septembre.
Interdiction d’aller à Métro
D’ici là, que faire du prévenu ? Nabil a onze mentions au casier judiciaire, dont une condamnation importante pour proxénétisme et trafic de stupéfiants. Le travailleur social chargé de l’enquête de personnalité explique que l’intéressé s’est montré « agité et énervé pendant l’entretien ».
La procureure veut l’envoyer en détention provisoire dans l’attente de son procès. « Il a commis des faits graves, avec plusieurs victimes. Il a poursuivi avec une barre de fer les personnes présentes à Métro. »
En défense, Me Stéphane Fournand défend la solution d’une remise en liberté sous contrôle judiciaire. « Depuis huit ans, la justice n’a plus entendu parler de lui. Aidé par son entourage, il a pu passer à autre chose et travaille régulièrement. »
Le tribunal place le prévenu sous contrôle judiciaire, avec interdiction de fréquenter le magasin Métro. Nabil remercie. Et réitère ses explications quant à la cocaïne qui l’aurait rendu fou. « Monsieur le juge, quand je suis entré à Métro, c’était pour demander de l’aide. Je voulais qu’on appelle la police. » Nabil est présumé innocent.