C’est le dernier épisode du feuilleton des gens du voyage dans la Métropole: un groupe qui devait venir dimanche 20 juillet pour deux semaines a annulé, en raison d’un terrain jugé peu amène…
Faute d’aire de grand passage dans les Alpes-Maritimes, comme l’impose une loi datant de 2000, le préfet des Alpes-Maritimes Laurent Hottiaux avait signé un arrêté le 17 juin pour réquisitionner des terrains du 28 juin au 5 août 2025, quartier des Iscles à Saint-Laurent-du-Var. À côté du terrain de sport, de la caserne des pompiers… et des champs de courgettes et de citronniers. Un arrêté que le maire de Saint-Laurent-du-Var, Joseph Ségura, avait tenté de faire annuler devant la justice, jugeant le choix de l’emplacement « inadapté ». En vain.
Une ancienne décharge sauvage
Un premier groupe de quelque 200 caravanes s’était ainsi installé le 27 juin sur ces terrains réquisitionnés de la plaine du Var, qui faisaient jusqu’à présent office de décharge sauvage. Nettoyés tant bien que mal par la Métropole en urgence, ils restaient peu engageants, loin de la carte postale de la Côte d’Azur.
Lors de l’arrivée du groupe, quelques caravanes s’étaient installées au-delà du périmètre, un peu dans la confusion générale. La Métropole était alors montée au créneau, dénonçant des « installations sauvages ». Mais le sous-préfet de Grasse Jean-Claude Geney s’était rendu sur place pour apaiser les tensions, et les caravanes hors zone étaient vite rentrées dans le périmètre.
Mais voilà, le terrain en plein cagnard, dénué d’arbres, entouré de plusieurs monticules de tôle et de plastique, n’a, sans surprise, pas fait rêver les voyageurs. Si bien que le deuxième groupe qui devait arriver cette semaine, après le départ dimanche 20 juillet du premier groupe, a finalement annulé.
« Les Alpes-Maritimes ne respectent pas la loi »
Contactée, la préfecture tient à rappeler que « les Alpes-Maritimes restent l’un des seuls départements à ne pas respecter la loi du 5 juillet 2000 relative à l’accueil et l’habitat des gens du voyage, dite Loi Besson. » Concernant l’installation à Saint-Laurent, rappelant le principe d’alternance entre l’est et l’ouest du département, elle assure que « pour mettre en place la meilleure organisation possible, l’échange entre l’ensemble des parties prenantes a toujours été au cœur du sujet ».
« En 2025, poursuivent les services de l’État, sur les 14 demandes déposées dans les délais réglementaires, trois grands passages ont été convenus avec les associations Action Grands Passages (AGP) et La vie du voyage. Seuls deux grands passages ont finalement eu lieu: entre 100 et 120 familles à Saint Laurent du Var (parties le 20 juillet) et environ 50 familles à Cagnes-sur-Mer (parties le 27 juillet). Le troisième groupe, qui devait venir à Saint Laurent du 20 juillet au 3 août, a annulé son passage. »
Pas de perturbations majeures à Saint-Laurent
Selon les services de la Ville, le bilan après trois semaines de présence du premier groupe est globalement satisfaisant: pas de perturbations majeures à signaler. Hormis quelques problèmes de « papiers blancs » liés aux déjections dans la nature, une intrusion dans le terrain de sport où le grillage a été découpé et quelques nuisances sonores liées aux messes évangéliques tenues en soirée sous un chapiteau, par nature bruyantes – mais raison d’être de ce genre de rassemblement.
Des citronniers dépouillés
« Je suis dégoûté. » Henri Garnier, producteur de citrons sur la rive droite du Var, l’a un peu mauvaise. « Je me retrouve avec un hectare de citronniers sans citron, ça me fait un manque à gagner de 80.000 euros », chiffre-t-il à la volée.
En cause, selon lui, les gens du voyage, qui étaient installés sur un terrain en bordure de ses champs, sans aucune barrière de séparation. Lesquels auraient massivement cueilli les agrumes encore verts à même les arbres, hypothéquant une partie des récoltes à venir. « Ce sont des centaines d’heures de travail réduites à néant », se désole-t-il, certifiant que des courgettes manquent également à l’appel.
Il avait dès le début dénoncé l’absence de barrières pour délimiter les emplacements réquisitionnés de ses parcelles, afin que les gens du voyage sachent où s’installer. Mais les barrières ne sont jamais venues…