L’Union européenne et les États-Unis ont annoncé dimanche un accord tarifaire selon lequel la plupart des exportations européennes seront soumises à un droit de douane de 15 %, près de trois mois après que le Royaume-Uni ait obtenu un taux de base de 10 %.

Les dirigeants européens estiment que leur accord offre une plus grande sécurité face à la menace de hausses tarifaires américaines dès le mois d’août, mais certains responsables politiques le jugent « déséquilibré » et moins avantageux que celui conclu par la Grande-Bretagne.

Les détails des deux accords sont en réalité plus complexes que ne le laissent paraître les chiffres principaux, d’autant que toutes les modalités de l’accord européen n’ont pas encore été confirmées.

Voici une comparaison des informations connues sur ces deux accords.

TARIFS DE BASE

L’UE a accepté un tarif de base de 15 % pour la plupart de ses exportations vers les États-Unis. Si ce taux est inférieur au maximum de 30 % précédemment menacé par le président américain Donald Trump, il reste supérieur au taux de base de 10 % appliqué aux exportations britanniques.

Cependant, dans l’accord européen, 15 % représente le tarif maximal, qui ne s’ajoute à aucun taux existant. Pour le Royaume-Uni, le taux de base de 10 % vient s’ajouter aux taux de la clause de la nation la plus favorisée (NPF) que les États-Unis appliquent comme minimum pour certains produits importés de tous leurs partenaires commerciaux, ce qui porte souvent le taux effectif à un niveau supérieur.

Par exemple, l’association britannique de la mode et du textile a souligné que certains produits de luxe sont soumis à un droit NPF d’environ 35 % aux États-Unis, malgré un taux de base affiché à seulement 10 %.

PHARMACEUTIQUE

Les États-Unis doivent annoncer dans les prochaines semaines les résultats de leurs enquêtes commerciales dites « Section 232 » sur certains secteurs et déterminer les taux de droits de douane.

L’accord UE-États-Unis fixe déjà un tarif de 15 % pour les produits pharmaceutiques européens, et selon des responsables américains, les résultats des enquêtes n’y changeront rien.

Dans son accord avec la Grande-Bretagne, Washington a promis de négocier des « traitements préférentiels significatifs » pour les produits pharmaceutiques, sous réserve des conclusions des enquêtes 232.

Interrogé sur la possibilité que la Grande-Bretagne soit concernée par des droits de douane dans le secteur pharmaceutique en août, Donald Trump a indiqué qu’il pourrait traiter directement avec Londres sur ce dossier et qu’il ne pensait pas que ce secteur serait un « obstacle » dans les discussions.

En attendant, la Grande-Bretagne ne fait face à aucun droit de douane sur ses produits pharmaceutiques. Le pays s’est aussi engagé à améliorer l’environnement global pour les entreprises du secteur, mais il demeure en litige avec les multinationales sur la fixation des prix des médicaments.

ACIER

Les droits de douane sur les exportations européennes d’acier et d’aluminium resteront à 50 %, mais Ursula von der Leyen a indiqué qu’ils seraient ensuite réduits et remplacés par un système de quotas.

Les exportations britanniques d’acier et d’aluminium sont actuellement soumises à un droit de 25 % aux États-Unis, mais les deux parties sont convenues de le ramener à zéro une fois les discussions sur les quotas et les chaînes d’approvisionnement achevées.

Ces discussions sont cependant bloquées sur la question des règles « fondu et coulé », c’est-à-dire l’origine et la transformation de l’acier.

L’entreprise britannique Tata Steel a importé de l’acier d’Inde et des Pays-Bas après avoir fermé ses hauts-fourneaux l’an dernier, et le Royaume-Uni cherche donc à obtenir une dérogation à l’exigence américaine selon laquelle l’acier doit être « fondu et coulé » sur le sol britannique pour bénéficier de droits réduits.

AUTOMOBILE

Les exportations de voitures de l’UE vers les États-Unis seront soumises au tarif de base de 15 % dans le cadre de l’accord conclu dimanche. Bien que tous les détails n’aient pas été publiés, aucune des parties n’a évoqué l’instauration d’un quota sur le nombre de véhicules concernés par ce taux.

Le Royaume-Uni a négocié un tarif plus bas de 10 % pour son secteur automobile, mais il existe un quota de 100 000 véhicules, ce qui limite le potentiel de croissance des exportations. Au-delà de ce quota, les exportations britanniques de voitures sont soumises à un droit de 25 %.

AÉRONAUTIQUE

L’UE ne sera pas soumise à des droits de douane américains sur ses exportations aéronautiques, dans l’attente des résultats de l’enquête 232 sur le secteur.

La Grande-Bretagne n’est pas non plus soumise à des droits de douane sur son secteur aéronautique, après que son accord avec Washington les ait ramenés de 10 % à zéro.

(Reportage d’Alistair Smout à Londres, supplément d’information de Jan Strupczewski et Philip Blenkinsop à Bruxelles ; édition par Giles Elgood)