Lorsqu’il est arrivé de son Irlande natale en Allemagne, il y a presque trente ans, Stephen Hurley était déjà germanophone. Il remercie ses parents de l’avoir “exposé dès son enfance aux langues européennes. […] D’aucuns diront que je suis désormais pleinement assimilé” à la culture allemande, plaisante-t-il dans The Irish Times.

Installé à Düsseldorf (dans l’ouest de l’Allemagne), ce directeur marketing évolue entièrement “dans le cosmos allemand”. “C’est très important de parler la langue si vous voulez faire partie de la société allemande. Être bilingue est un vrai avantage”, estime-t-il, même si l’anglais gagne toujours plus de terrain outre-Rhin.

Cette connaissance profonde de la langue et le temps passé en expatriation permettent à Stephen Hurley d’être critique envers son pays d’adoption. À son arrivée, en 1996, il était “impressionné par les infrastructures et l’efficacité apparente, en comparaison avec l’Irlande à la même époque”, écrit le journal irlandais. Mais depuis, il estime que son pays natal a largement rattrapé son retard, voire a dépassé l’Allemagne sur plusieurs points.

Austérité et sous-investissements

En cause, selon Stephen Hurley, dont The Irish Times résume ainsi le propos : de “longues années de politiques d’austérité et de sous-investissements [qui] ont vu les standards des infrastructures décliner autant que ceux de l’éducation”. D’après le cadre, “la plupart des ponts qui traversent le Rhin sont délabrés. […] Les choses se sont nettement dégradées” en Allemagne.

Après le “frein à l’endettement” des années Merkel, le nouveau chancelier conservateur Friedrich Merz a engagé son gouvernement de coalition sur un endettement inédit de 846,9 milliards d’euros d’ici à 2029 pour financer les investissements. Dans une situation économique difficile, l’Allemagne pourrait même “devenir ‘l’homme malade de l’Europe’”, met en garde pour sa part Oliver Bäte, directeur général d’Allianz, dans les colonnes du Financial Times. “Notre système de santé pourrait s’effondrer d’ici une décennie”, prévient le grand patron.

Stephen Hurley est tellement intégré à la société allemande qu’il en partage même le pessimisme, s’amuse-t-il par ailleurs dans The Irish Times. Le journal dublinois résume ainsi sa vision des choses : “Les Allemands sont enclins à voir les choses en noir et à regarder en arrière, mais en réalité les choses ne vont pas si mal. Le niveau de vie est très élevé pour la plupart des gens et l’économie est robuste. L’espoir est que le nouveau gouvernement tiendra ses promesses ambitieuses en matière d’investissements et améliorera les infrastructures.”