Pour l’illustrateur de BD Jacques Lamontagne, il ne fait nul doute qu’il est davantage connu outre-Atlantique qu’ici, dans la Belle Province. «L’arrivée d’Internet a changé la donne», assure-t-il.
«Il y a des libraires au Québec qui ignorent que je suis Québécois», affirme sans ambages le dessinateur en entrevue au Soleil.
L’artiste, qui réside aujourd’hui à Saint-Raymond, dans Portneuf, s’explique cette situation par l’arrivée d’Internet au début des années 2000. Et par sa volonté de rayonner au-delà des frontières du Québec.
«Je n’avais pas la possibilité de vivre de la BD au Québec, car il y avait peu de maisons d’édition.»
— Jacques Lamontagne, illustrateur de BD
Avant de devenir dessinateur de bandes dessinées à temps plein, Jacques Lamontagne a travaillé durant 25 ans dans le domaine de la publicité; d’abord comme directeur artistique dans une agence à Québec, puis en tant qu’illustrateur freelance.
Son lien avec le neuvième art, celui qui dit avoir «toujours eu un crayon entre les mains» — un talent que les religieuses de son école ont reconnu et encouragé — le maintient toutefois en participant à des magazines d’humour, comme Safarir.
Mais au tournant des années 2000, l’essor d’Internet va lui permettre de faire connaître son travail à l’international. «C’était rendu tellement plus simple d’envoyer un script ou des planches aux éditeurs», observe l’artiste âgé de 63 ans aujourd’hui.
Les maisons d’éditions européennes sont particulièrement dans le viseur de celui qui a été «bercé par deux courants, les comics américains et la BD franco-belge». Et le fait de pouvoir communiquer en français a également contribué à ce qu’il rayonne de Paris à Bruxelles, reconnaît Jacques Lamontagne.
La «renaissance» des westerns
Le contrat avec les Éditions Soleil pour la série Les Druides (des scénaristes Jean-Luc Istin et Thierry Jigourel), dont le premier des neuf tomes est publié en 2005, constitue le premier succès international de l’illustrateur de Québec.
À partir de 2020, sa nouvelle série Wild West, avec Thierry Gloris au scénario et publiée chez Dupuis, marque une autre étape importante de sa carrière de bédéiste. «Signer avec Dupuis, c’est quelque chose», admet Jacques Lamontagne.
S’il reconnaît que Wild West est davantage connu en Europe qu’au Québec, il ne s’en explique pas parfaitement la raison.
Mais il est à peu près certain que l’attrait du public pour l’univers du western, un genre en pleine «renaissance» avec plusieurs séries à succès dans les dernières années sur les plateformes de diffusion en continu de type Netflix, n’y est pas étranger.
L’illustrateur note aussi que les réseaux sociaux lui permettent de maintenir le lien avec ses admirateurs internationaux.
«Un regard par-dessus mon épaule»
«Comme je suis au Québec, je fais moins de salons [en Europe] que les auteurs européens. Avec Instagram et Facebook, ça me permet de ne pas me faire oublier par les lecteurs alors que faire une BD peut prendre un an.»
«C’est leur permettre d’avoir [aux lecteurs] un regard par-dessus mon épaule et voir mon processus de création.»
— Jacques Lamontagne, illustrateur de BD
Soulignant l’importance de bédéistes québécois — comme Michel Rabagliati connu sur le Vieux-Continent pour ses Paul — qui ont ouvert la voie aux auteurs d’ici, Jacques Lamontagne pense qu’il est plus facile aujourd’hui pour un jeune auteur québécois de se faire connaître à l’étranger.
Pour sa part, il vient de retrouver les projecteurs de l’Europe puisque le cinquième tome de Wild West est sorti dans les librairies en France en mai dernier.
Le lecteur québécois, lui, pourra début août mettre la main sur le nouvel opus de cette série qui relate l’histoire véridique de Martha Jane Cannary, mieux connue sous le nom de Calamity Jane.