Il restera une figure emblématique du design lyonnais – Photos Lyon People et DR
Texte : Laurence Ponsonnet – Ce grand nom de l’architecture d’intérieur à Lyon, s’en est allé, ce dimanche 27 juillet 2025, laissant derrière lui un héritage riche et indélébile dans le paysage de la décoration intérieure française.
Pendant plusieurs décennies, Pierre Chaduc a marqué de son empreinte les plus beaux établissements de la ville et au-delà, devenant une référence incontournable dans son domaine. Il était surnommé « Dieu » par ses confrères, écrivait Mehdi Navah sur notre antenne au début du siècle.
Pierre Chaduc en couverture de Lyon People – juin 2002
Tout commence à l’École des Beaux-Arts de Lyon, où le jeune Pierre suit avec rigueur un cursus artistique généraliste de cinq années. Ce passage fondateur ouvre la voie à une carrière singulière à une époque où la décoration intérieure était encore l’apanage des « installateurs », il ose s’imposer dans un domaine peu exploré par les artistes et en redéfinit les contours avec sensibilité et exigence.
Sa carrière débute par la décoration de commerces lyonnais.
Son talent est vite remarqué et les projets prestigieux s’enchaînent, faisant de lui l’un des architectes d’intérieur les plus sollicités de la région. Parmi ses réalisations majeures figurent les hôtels Sofitel Bellecour, Carlton, et Royal, ainsi que de nombreux lieux emblématiques de la gastronomie lyonnaise : la Brasserie Georges, le Bistrot de Lyon, Léon de Lyon… pour Jean-Paul Lacombe.
« Tout comme Jean-Paul Lacombe, il était d’une discrétion totale, alors qu’on était en pleine chasse aux scoops » rembobine Marco Polisson, cofondateur du site Lyon People. « A nos débuts, on adorait jouer au chat et à la souris avec eux pour découvrir en avant-première et à l’insu de leur plein gré les projets et les réalisations dont ils voulaient garder le secret. »
Il signe également l’aménagement de l’Hôtel des Ventes des Brotteaux, de nombreux bureaux, appartements et villas. Son travail de scénographe au Hameau du Vin pour Georges Duboeuf et sa collaboration sur l’éclairage de bâtiments remarquables témoignent de l’ampleur et de la diversité de son savoir-faire. Sans oublier les 25 discothèques qu’il a marqué de son empreinte.
Artisan du beau et de l’équilibre, Pierre Chaduc savait allier élégance, fonctionnalité et âme dans chacun de ses projets. Son style, reconnaissable entre tous, a contribué à façonner une certaine idée du luxe et du raffinement. Près de 25 discothèques en 22 ans, parmi lesquelles un certain nombre d’incontournables des quais de Saône tel l’Alibi ou le Flamenco Rock qui témoignent d’une époque résolument différente.
Au-delà de son œuvre professionnelle, Pierre Chaduc était un homme de passions.
Fils d’un ébéniste et d’une modiste, il a grandi dans un univers où la main et l’œil exerçaient ensemble leur talent. Amoureux de photographie et de sculpture, il cultivait aussi un goût pour la musique : dans sa jeunesse, il jouait de l’accordéon dans les bals musette pour arrondir ses fins de mois, une activité qu’il avait pratiquée avec beaucoup de plaisir.
L’arène du Flamenco Rock, une des créations de Pierre Chaduc qui conçu les décors de 25 discothèques au cours de sa carrière
Avec la disparition de Pierre Chaduc, c’est une grande figure de l’architecture lyonnaise qui s’éteint. Son regard, sa sensibilité et son exigence continueront d’inspirer celles et ceux qui façonnent les lieux de vie de demain. Il laisse dans la peine sa fille unique, Astrid, elle-même architecte, sans doute inspirée par son père, dont elle avait partagé très tôt l’univers et la passion.
> Les obsèques seront célébrées en l’église Saint Vincent (date et heure à confirmer)