La kryptonite est connue pour être le seul point faible de Superman. S’il s’agit bien d’un matériau fictif, des équivalents existent dans notre monde. L’un d’eux vient d’être découvert en Serbie et pourrait être utile pour faciliter la transition écologique.
Arme radioactive capable de mettre à terre le plus balèze des super-héros, la kryptonite est un élément majeur de l’univers de Superman. Et même si ces cristaux verts (ou rouges, dorés ou autre, mais c’est une longue histoire) ont été inventés de toutes pièces pour trouver enfin une menace crédible à Clark Kent, il en existe un équivalent particulièrement intéressant : la jadarite.
Un minéral aux super-pouvoirs « verts »
Découverte dans la région du Jadar, en Serbie, en 2004, elle présente a priori peu de similarités avec la kryptonite. Pourtant, elle est désormais étudiée pour ses « super-pouvoirs », puisqu’elle est au cœur d’un programme de recherche australien présenté le 9 juillet 2025, visant à produire de l’énergie verte.
Échantillon de jadarite au centre d’histoire naturelle de Serbie. // Source : Wikimedia/CC/Dungodung
En revanche, verte, elle ne l’est pas. Contrairement aux fameux cristaux brillants, la jadarite ressemble davantage à une poudre blanche. Elle peut prendre une teinte fluorescente sous une lumière UV, mais qui tire plutôt vers l’orange et le rose.
Si elle est tout de même comparée à la kryptonite, c’est à cause du film Superman Returns de 2006. On y découvre Lex Luthor en train de dérober le fameux minéral étiqueté « sodium lithium boron silicate hydroxide with fluorine », ce qui est précisément la définition de la jadarite, excepté le fait qu’elle ne contienne pas de fluor.
Cette coïncidence avait alors attiré l’attention sur ce silicate, qui n’intéressait que les géologues spécialisés. Mais s’il revient aujourd’hui sur le devant de la scène, c’est parce que des scientifiques australiens comptent s’en servir. L’ANSTO (Australia’s Nuclear Science and Technology Organisation) y voit un grand potentiel pour extraire d’importantes quantités de lithium et de boron.
L’enjeu est grand en Australie, un pays où les énergies fossiles représentent 70 % de la consommation — contre un peu moins de 50 % pour la France, par exemple.
Lex Lithium
La région de Jadar où fut trouvée la jadarite pourrait ainsi être un important dépôt de lithium. L’élément crucial pour fabriquer des batteries peut être extrait de plusieurs minéraux, notamment des silicates. La jadarite pourrait en être une source importante et un espoir pour la transition verte.
Les batteries Lithium-ion dépendantes de l’élément pour leur fabrication. // Source : CC Raimond Spekking
A contrario, l’extraction du lithium est également très controversée. Le groupe australien Rio Tinto, découvreur de la jadarite en 2004, lorgne sur cette région depuis des années, à tel point que les autorités serbes avaient bloqué le projet. Le projet de mine de lithium a été abandonné en 2022 à la suite d’importantes protestations de la part des mouvements écologistes. Ils craignaient une destruction de l’environnement avec le chantier. En 2024, la Cour constitutionnelle serbe avait retoqué cette décision, jugeant qu’elle n’était pas conforme à la Constitution et à la loi, autorisant de fait Rio Tinto à reprendre les travaux.
Malgré l’opposition de mouvements militants, ainsi que des agriculteurs de la région, l’extraction devrait démarrer en 2028. Rio Tinto espère produire chaque année 58 000 tonnes de carbonate de lithium, ce qui représenterait 17 % de la production de voitures électriques en Europe, soit 1,1 million de véhicules.
Bref, à l’image de son équivalent dans les comics, la jadarite aussi provoque d’importants conflits.
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