- Plus de 660.000 bébés sont nés en 2024 en France, annonce l’Insee ce mardi.
- Un chiffre en baisse de 2,8% par rapport à l’année précédente.
- Dans certaines régions de l’Hexagone, le bilan est encore plus préoccupant.
Les Français continuent à faire de moins en moins d’enfants chaque année. C’est le bilan de la dernière étude de l’Insee publiée mardi 29 juillet. 660.800 bébés sont nés en 2024, un chiffre en baisse de 2,8% par rapport à 2023. « Au total, les naissances en 2024 sont inférieures de 22% à leur niveau de 2010 », précise l’institut de la statistique. Si la baisse du nombre d’enfants est bien observée partout dans l’Hexagone, elle reste plus marquée dans certains territoires.
« Les naissances diminuent dans toutes les régions, confirme Hélène Thélot, auteure de la publication, interrogée par TF1info. Là où la baisse est la plus importante en 2024, sur un an, c’est dans les départements d’outre-mer ». Le nombre de bébés nés l’an dernier y a chuté de 11,1% en moyenne, contre -2,3% en France métropolitaine.
Le volume de naissances reste en hausse sur 10 ans à Mayotte et en Guyane
Hélène Thélot, démographe à l’Insee
Dans le détail, il y a eu seulement 8.908 naissances à Mayotte en 2024, contre 10.278 en 2023, soit une baisse de 13,6% (en prenant en compte que 2024 est une année bissextile). La Martinique, la Guyane et la Guadeloupe sont, elles aussi, très touchées par cette chute brutale des naissances. De son côté, la Réunion parvient à limiter l’effondrement avec -8,5%.
L’année 2024 devient la première où la baisse des naissances est plus forte en outre-mer qu’en métropole. Un phénomène inédit mais que l’Insee parvient à décrypter : « La baisse qui a eu lieu en 2023 en métropole, de l’ordre de -6,6% sur un an, n’avait pas vraiment été observée dans les DOM. On a donc l’impression maintenant qu’ils subissent, avec un léger retard, ce qu’a connu la métropole l’année dernière », explique Hélène Thélot.
« La plus forte baisse des naissances en 2024 dans les DOM est uniquement liée à un recul de la fécondité dans ces territoires, le nombre de femmes en âge d’avoir des enfants étant même en légère hausse », souligne le rapport. Les premières données qui remontent des registres d’état civil pour 2025 tendent cependant à montrer que les départements d’outre-mer retrouveront une évolution comparable à celle de la métropole, autour de 2 à 3%. « Le volume de naissances reste en hausse sur 10 ans à Mayotte et en Guyane », tempère la chercheuse.
Seulement -1% en Auvergne-Rhône-Alpes
Pour la métropole, « la baisse est la plus forte en Bourgogne-Franche-Comté, avec -4,2% », soit une baisse de 900 naissances entre 2023 et 2024. Si l’Insee ne se risque pas à qualifier les chiffres d’alarmants, ils sont tout de même flagrants : en moyenne, 82,77 bébés naissaient chaque jour dans cette région en 2014. Ils n’étaient plus de 60,98 l’an dernier.
L’Auvergne-Rhône-Alpes parvient, elle, à tirer son épingle du jeu avec plus de 77.800 naissances en 2024, un résultat qui en fait la région de France où la baisse est la moins forte (-1,02%).
Chute record dans le Jura et l’Aube
Du côté des départements franciliens, les Hauts-de-Seine (+0,7%) et le Val-de-Marne (+0,24%) enregistrent une progression, à la différence de Paris (-1,6%). Hélène Thélot propose une explication : « L’analyse est complexe mais cela peut être un signe que les familles quittent Paris et s’installent en banlieue, pour des raisons financières par exemple. Par conséquent, il y aura de moins en moins de bébés à Paris. » À noter que l’Île-de-France représente toujours 23% des naissances du pays.
Ailleurs en France, les baisses démographiques les plus importantes sont à observer dans les zones peu peuplées, sans grande métropole : le Jura (-9,29%, 1.895 naissances), l’Aube (-9,3%, 2.594 naissances) ou encore la Charente (-6,31%, 2.662 naissances) et la Vendée (-5,7%, 5.143 naissances).
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Autre enseignement du rapport de l’Insee : en France, « les naissances reculent pour les femmes de tous âges ». « La baisse reste néanmoins plus marquée pour les femmes âgées de moins de 35 ans », avec par exemple -4,2% pour les moins de 25 ans et -3,6% pour les 25-29 ans.
Le nombre de naissances pour les femmes d’au moins 40 ans ne diminue quant à lui que de 0,1% mais c’est un phénomène nouveau. « C’est seulement la deuxième année où ça baisse. Jusqu’en 2023, c’était la seule tranche d’âge où on voyait une augmentation. Cela signifie que ce n’est pas uniquement un décalage du calendrier des naissances car même les femmes plus âgées font moins d’enfants », insiste Hélène Thélot.
La tendance peut-elle s’inverser à l’avenir ? Selon l’auteure de l’étude, les chances sont minces : « Nous ne sommes pas du tout en train d’assister à un retournement. Il y aura peut-être ponctuellement, dans les années à venir, des régions où ça ira mieux mais nous sommes clairement sur une tendance à la baisse. »
Zoé SAMIN