Par
Antoine Blanchet
Publié le
29 juil. 2025 à 18h13
Des propos nébuleux et de réelles interrogations sur sa responsabilité pénale. Ce mardi 29 juillet 2025, Valentin L., a été déféré devant la chambre des comparutions immédiates du tribunal de Paris. Ce ressortissant roumain de 36 ans serait l’auteur de deux incendies dont les flammes ont endommagé l’église Notre-Dame-des-Champs. À la barre, le prévenu a tenu un discours incohérent, posant des questions sur sa santé mentale. L’audience a finalement été renvoyée. Une expertise psychiatrique a été ordonnée.
Déjà condamné pour violences
Calvitie bien entamée et regard dans le vague, Valentin I. tient de manière consciencieuse son pantalon trop grand pour qu’il ne tombe pas. Sans domicile fixe depuis son arrivée en France en 2020, il vit de la charité et de petits boulots. Déjà connu de la justice, sa dernière condamnation pour violences l’a envoyé en prison pendant 15 mois. Il était ressorti de détention en décembre 2024.
C’est la semaine dernière que le marginal a reparu dans les fichiers de police. Le 23 et 24 juillet 2025, des incendies se sont déclarés dans l’église Notre-Dame-des-Champs dans le 6e arrondissement. Le premier dans un bureau. Le second dans le transept nord. Les flammes ont causé d’importants dégâts. Une peinture, un harmonium et les murs de l’édifice ont été endommagés. En cours d’estimation, le coût des dégradations serait élevé. Un premier chiffrage de 350 000 euros est avancé par le diocèse et plus de 2 millions d’euros par la Ville de Paris. Valentin I. est interpellé le 26 juillet au square Saint-Lambert où il dort régulièrement.
« Vous estimez que vous êtes dangereux pour les autres ? »
Renvoi oblige, le tribunal s’est uniquement penché sur la personnalité et le parcours de vie du prévenu. Malgré l’aide d’une interprète en langue roumaine, les propos de Valentin I. restent sibyllins. Expliquant avoir été serveur à Paris, il relate avoir raté une formation de pilotage en Italie. « Cette formation a déréglé ma vie. Même moi, je suis une arme », élucubre l’intéressé.
« Vous estimez que vous êtes dangereux pour les autres ? », lui demande la présidente.
Pas de réponse claire du prévenu qui a déclaré aux enquêteurs que depuis huit mois : « tous les problèmes de la France sont sur lui ».
« J’ai un énorme doute sur sa responsabilité pénale »
Si l’examen effectué durant la garde à vue du prévenu n’a conclu à aucune abolition ou altération du discernement, l’avocate de permanence n’est pas de cet avis. « J’ai un énorme doute sur sa responsabilité pénale », affirme Me Anna-May Jacob Couderc. Elle demande une expertise psychiatrique ainsi qu’une remise en liberté dans l’attente du procès : « Il pourrait tirer profit du renvoi pour se sortir de la précarité ». Une obligation de soins et une interdiction de paraître dans le 6e arrondissement sont aussi suggérées par la défense au tribunal.
Le parquet est du même avis pour ordonner une expertise psychiatrique. Pour le reste non. Le ministère public demande un maintien en détention dans l’attente du procès. « Il y a deux passages à l’acte dans ce dossier. Ce qui fait courir un risque de réitération », estime la magistrate.
Finalement, le tribunal a décidé de placer le prévenu en détention provisoire. Une expertise psychiatrique a été ordonnée. Le procès se tiendra le 7 octobre prochain. Pour ces faits, Valentin I. encourt 10 ans de prison.
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