Le Premier ministre britannique Keir Starmer (ici en juillet 2024) assure que le Royaume-Uni reconnaîtra l’État de Palestine, sauf si Israël prend certaines « mesures » à Gaza.

CLAUDIA GRECO / AFP

Le Premier ministre britannique Keir Starmer (ici en juillet 2024) assure que le Royaume-Uni reconnaîtra l’État de Palestine, sauf si Israël prend certaines « mesures » à Gaza.

INTERNATIONAL – Londres pourrait bien emboîter le pas à Paris. Le Premier ministre britannique Keir Starmer a annoncé ce mardi 29 juillet que son pays reconnaîtrait l’État de Palestine « d’ici à l’Assemblée générale des Nations unies en septembre », sauf si Israël prenait une série d’engagements, dont celui d’un cessez-le-feu dans la bande de Gaza assiégée.

Le dirigeant travailliste l’assure, le Royaume-Uni fera comme la France en septembre, « à moins que le gouvernement israélien ne prenne des mesures substantielles pour mettre fin à la situation épouvantable à Gaza, convienne d’un cessez-le-feu et s’engage dans une paix durable et à long terme, ravivant la perspective d’une solution à deux États ».

Keir Starmer demande aussi à Israël de « permettre aux Nations unies de reprendre la fourniture d’aide et de s’engager à ce qu’il n’y ait pas d’annexions en Cisjordanie ». La pression s’était intensifiée ces derniers jours sur le Britannique, après l’annonce d’Emmanuel Macron jeudi que la France allait reconnaître un État palestinien lors de l’Assemblée générale de l’ONU en septembre, devenant ainsi le premier pays du G7 à le faire.

« J’ai toujours dit que nous reconnaîtrions un État palestinien comme une contribution à un véritable processus de paix, au moment où cela aurait le plus d’impact pour une solution à deux États. Maintenant que cette solution est menacée, c’est le moment d’agir », a poursuivi Keir Starmer à l’issue d’une réunion de son cabinet, qu’il avait rappelé mardi en urgence.

Il exige du Hamas la libération des otages restants ainsi que sa démilitarisation totale, afin qu’il « ne joue plus aucun rôle clé » dans le territoire palestinien. Un appel à la démilitarisation du mouvement islamiste palestinien a par ailleurs été lancé ce mardi par dix-sept pays dont la France et le Royaume-Uni, mais aussi plusieurs nations arabes comme le Qatar, l’Égypte et l’Arabie saoudite.

Israël a « rejeté » l’annonce britannique

Sans surprise, la déclaration du Premier ministre britannique sur la reconnaissance de la Palestine a fortement déplu à Israël, qui a « rejeté » son annonce. « Le changement de position du gouvernement britannique à ce moment précis, à la suite de l’initiative française et sous la pression politique intérieure, constitue une récompense pour le Hamas et nuit aux efforts visant à obtenir un cessez-le-feu à Gaza ainsi qu’un cadre pour la libération des otages », a fustigé le ministère israélien des Affaires étrangères dans un communiqué.

La veille, le président américain Donald Trump s’était quant à lui abstenu de toute critique à propos d’une éventuelle reconnaissance, lors d’une conférence de presse dans son complexe de golf de Turnberry, en Écosse. Quand les journalistes lui avaient demandé si Keir Starmer devait céder à la pression croissante des députés britanniques et reconnaître l’État de Palestine comme la France, Trump avait simplement déclaré : « Je ne vais pas prendre position, ça ne me dérange pas que lui [Starmer] le fasse ».

Selon le décompte et les vérifications de l’AFP, au moins 142 des 193 États membres de l’ONU, dont la France, reconnaissent l’État palestinien proclamé par la direction palestinienne en exil en 1988. Plus d’un tiers des députés britanniques avaient exhorté M. Starmer à emboîter le pas à Macron dans une lettre publiée vendredi.

« La reconnaissance de l’État palestinien est une question de “quand”, et non de “si” », avait indiqué mardi un porte-parole de Downing Street, quelques heures avant cette annonce, ajoutant que le Premier ministre cherchait « une route durable vers une solution à deux États ». Lors de sa visite d’État au Royaume-Uni le 10 juillet, Emmanuel Macron avait appelé Keir Starmer à une reconnaissance commune de la Palestine, soulignant « la nécessité d’unir nos voix à Paris, à Londres et partout ailleurs », avant de se résoudre à faire l’annonce en solitaire quinze jours plus tard.