La situation humanitaire catastrophique à Gaza, un des sujets phares au menu des échanges entre Friedrich Merz et le roi Abdallah II, ce mardi 29 juillet à Berlin.
Depuis quelques jours, Berlin accentue la pression sur Israël pour qu’il améliore rapidement le quotidien des Palestiniens de Gaza. Et ce mardi, le chancelier allemand a confirmé le début du pont aérien humanitaire pour Gaza.
« En ce moment même, deux avions A400M sont en route pour la Jordanie, où ils seront équipés et ravitaillés, afin de pouvoir effectuer leurs missions respectives, d’ici le week-end au plus tard, voire à partir de demain. Cette opération sera coordonnée avec les Français et les Britanniques. Il sera ensuite possible de partir de Jordanie, également en coordination avec le gouvernement israélien et les autorisations d’espace aérien correspondantes ».
Lundi, à la veille donc de sa rencontre avec le roi Abdallah II de Jordanie, le chancelier allemand, Friedrich Merz, avait fait l’annonce de ce pont aérien. Un pont en vue d’acheminer des denrées alimentaires et des fournitures médicales.
« Nous savons que cela ne représente qu’une aide minime pour les habitants de Gaza, mais c’est tout de même une contribution que nous sommes heureux d’apporter. Nous voulons mettre fin le plus rapidement possible aux souffrances humanitaires de la population civile », avait affirmé Friedrich Merz.
En Allemagne, certains, notamment des ONG de défense des droits de l’homme, doutent de l’efficacité de ce pont aérien. Pour eux, il ne s’agit « rien de plus que d’un geste symbolique ».
L’Allemagne et la Jordanie entendent travailler ensemble pour aider la population de GazaImage : Ebrahim Noroozi/AP Photo/picture alliance
Un tournant alarmant et mortel
La crise humanitaire à Gaza, ravagé par près de vingt-deux mois d’offensive israélienne, « a atteint un tournant alarmant et mortel », a indiqué, ce mardi, un rapport, d’organisations non-gouvernementales, d’institutions régionales et d’agences spécialisées de l’Onu.
Selon ce rapport du cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire, le « pire scénario de famine est en cours dans la bande de Gaza », en raison de l’intensification des combats, des déplacements massifs de population et des restrictions à l’aide humanitaire.
« Plus de 20 000 enfants ont été traités contre la malnutrition aiguë, entre avril et la mi-juillet, dont plus de 3 000 souffraient de malnutrition sévère », ajoute l’IPC, un organisme soutenu par l’Onu.
En outre, selon le même rapport, les hôpitaux ont signalé au moins seize morts d’enfants de moins de cinq ans depuis le 17 juillet.
Cette alerte de l’IPC est lancée au moment où les Nations unies ont mis en garde contre toute utilisation de la faim comme arme de guerre, et que la pression internationale s’accentue sur Israël pour qu’il mette fin à son blocus total de Gaza, imposé en mars.
Pour le Programme alimentaire mondial, la catastrophe humanitaire à Gaza rappelle les famines en Ethiopie et au Biafra, au Nigeria, au siècle dernier.
Le président américain, Donald Trump, a lui-même affirmé, lundi, qu’il y avait des signes d’une « vraie famine » à Gaza.
Des centaines de camions d’aide sont déjà arrivés à GazaImage : Ahmed Sayed/Anadolu Agency/IMAGO
Au moins 500 à 600 camions chaque jour
Face à la pression internationale, les autorités israéliennes ont annoncé que les aides transportées par plus de 200 camions avaient été distribuées, lundi, par l’Onu et des agences humanitaires à Gaza.
Environ 260 autres camions ont été autorisés à entrer à Gaza pour décharger les aides aux points de collecte, alors que quatre camions-citernes de l’Onu ont transporté du carburant, selon les autorités israéliennes.
Pour l’Onu, il faut chaque jour au moins 500 à 600 camions de nourriture, de médicaments et de produits d’hygiène pour subvenir aux besoins immenses de la population palestinienne.
Le chancelier allemand a, par ailleurs, réitéré l’exigence du gouvernement allemand d’un cessez-le-feu durable à Gaza. Pour cela, selon Berlin, l’organisation islamiste Hamas doit ouvrir la voie, libérer les otages et déposer les armes. Friedrich Merz a rappelé à Israël qu’il ne devait pas y avoir d’expulsions dans la bande de Gaza, ni de nouvelles étapes vers l’annexion de territoires en Cisjordanie.
La reconnaissance d’un État palestinien – comme l’a annoncé la France – n’est pas à l’ordre du jour pour le gouvernement allemand. Il ne s’agit pas d’une « première étape, mais d’une des étapes éventuellement finales » sur la voie d’une solution à deux États.