Aux images de chaos a succédé l’indignation. Lundi lors de l’arrivée de l’étape à Angers, le peloton du Tour de France femmes a connu une nouvelle chute. Rien d’inhabituel, une arrivée au sprint, c’est forcément tendu. Oui, mais Demi Vollering, l’une des grandes favorites de la course, 2e l’an passé, a goûté le bitume. Cet incident a provoqué de vives réactions sur la tension dans le peloton du Tour de France, où les enjeux sont démultipliés. Car si la petite sœur de la grande boucle n’a que trois ans, elle est déjà la course la plus prestigieuse que toutes les coureuses veulent accrocher à leur palmarès.

L’étape de ce mardi n’a pas dérogé à la règle, de la tension et de la haute vitesse. Entre Saumur et Poitiers, les coureuses ont avalé les 130 km à vive allure, avec même des bordures causées par le fort vent qui balayaient les plaines poitevines. « Dès le départ, comme hier, c’était très nerveux dès le départ fictif, a remarqué la tenante du titre Katatrzyna Niewiadoma (Canyon-Sram) à l’arrivée à Poitiers. On doit rester vigilantes, c’est très nerveux parce qu’il n’y a pas de place pour tout le monde. » La preuve que tension ne rime pas forcément avec chutes, l’étape de lundi n’étant qu’un épiphénomène.

Ce n’est pas passé, mais ça aurait pu passer dix fois

« Ça ne m’a pas choqué, ce n’est pas passé, mais ça aurait pu passer dix fois. Si Vollering n’avait pas été dans cette chute, on n’en aurait pas autant parlé », relativise Roxane Fournier, consultante pour Eurosport. A l’arrivée, Stephen Delcourt, le manager de la Néerlandaise, était furieux et avait poussé un coup de gueule sur l’attitude de certaines coureuses dans le peloton. 

« Je voulais juste souligner qu’il y a un vrai manque de respect dans le peloton, a-t-il commenté au micro de nos confrères de L’Equipe. On a vu des comportements de certaines équipes où il n’y a plus de respect des leaders, plus de respect de certaines sprinteuses. J’aimerais passer un vrai coup de gueule parce qu’avec ASO, on l’a dit : les athlètes elles-mêmes créent du danger, les motards ont du mal à remonter dans les files… » Pas plus tard que ce mardi, la voiture de l’équipe Picnic-PostNL n’a jamais pu dépasser le peloton pour rejoindre Francisca Koch, présente devant en échappée, bloquée par les coureuses du peloton, peu coopératives.

La loi des plus fortes

Échaudé par le possible abandon de sa coureuse – qui a finalement pu prendre le départ, après avoir écarté le risque d’une commotion –, Stephen Delcourt a sûrement été un peu dépassé par ses émotions, mais ses propos faisaient largement réagir dans l’aire de départ de Saumur, ce mardi matin. Marianne Vos a répondu du haut de ses 38 ans et de son expérience de la course. « Malheureusement, ces choses peuvent arriver. Ce sont les coureuses qui se battent pour la position qui rendent la situation dangereuse, mais ce n’est pas vraiment une question de respect, je pense. Cela arrive aussi dans d’autres courses. C’est un sport où l’on doit se battre pour chaque centimètre », a réagi la porteuse du maillot jaune sur le site CyclingNews.

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Deux de suite pour Wiebes, une nouvelle fois intouchable au sprint : sa victoire en vidéo

Video credit: Eurosport

A l’image du peloton masculin, il y a une hiérarchie dans le peloton entre les différentes équipes. Les meilleures sont devant et les déloger n’est pas chose aisée, mais pas impossible. « C’est vrai que c’est difficile de se faire sa place quand on est une plus petite équipe, reconnaît Roxane Fournier, directrice sportive au sein de l’équipe Saint-Michel-Preference Home-Auber 93. Après, je dis à mes coureuses d’y aller en équipe pour réussir à se faire sa place. C’est sûr que si l’on y va toute seule, on a plus de chance de se faire bouger par les gros collectifs qui courent à l’avant. » Forcément, cette lutte pour les positions engendre des contacts dans le peloton et fait augmenter la tension et occasionne les chutes, que l’on a pu voir.

Tout le monde a le droit d’être là

Adam Szabo, l’un des directeurs de l’équipe Canyon-SRAM de la tenante du titre polonaise, une des formations puissantes, ne va pas dans le sens d’un manque de respect dans le peloton. « Tout le monde se bat pour sa position et tout le monde a le droit d’être là, il n’y a pas d’histoire d’avoir plus ou moins de droits. Si vous avez une bonne équipe, vous pouvez bien vous positionner et ça dépend uniquement de ça », analyse-t-il. Bonne nouvelle pour les coureuses, les étapes de sprint sont désormais derrière elles, la montagne se présentant face à elles. Un terrain moins propice à la grosse tension et aux hautes vitesses. Et c’est tant mieux pour tout le monde.