La soliste Rebecca Baby de Lulu Van Trapp, un quatuor rock, a dénoncé lundi 28 juillet dans un post Instagram (supprimé par la plateforme depuis) l’agression dont elle a été victime au cours d’un de ses concerts au festival du Cri de la goutte (Ain), samedi. Alors qu’elle était descendue dans la fosse à la rencontre de son public, elle se retrouve devant «des mecs super excités» qui l’empoignent, l’un d’eux lui attrape les seins : «Depuis plus de dix ans que je suis sur scène, c’est la première fois que ça m’arrive.»
La chanteuse de Lulu Van Trapp, remontée sur scène, a alors enlevé son tee-shirt : «Je resterai seins nus jusqu’à ce que ça soit normal, […] que vos cerveaux se soient habitués à ce que ce ne soit pas sexuel», a-t-elle lancé au micro. Trois femmes au premier rang, en soutien, se sont aussitôt mises torse nu mais l’une d’entre elles aurait été sommée, par un vigile, de se rhabiller par crainte de «se faire agresser».
Rebecca Baby décrit la violence de cette attaque : la main qu’elle semble encore sentir, «comme une brûlure», sous son tee-shirt et sa sidération. Elle témoigne : «Je tremble, je flotte, mais l’instinct de ne pas laisser faire et de mettre sous les spotlights cet acte est plus fort que tout.» L’artiste insiste que cette agression n’a rien à voir avec les habits qu’elle portait en accusant «la frénésie de possession et de destruction» de ses agresseurs.
Lulu Van Trapp salue le festival Cri de la goutte pour leur réaction en ayant permis à la chanteuse d’être extirpé de ce qu’elle décrit comme une «fosse des enfers». Les organisateurs de l’événement, eux, ont réagi en soutien à l’artiste : «Ce comportement est inacceptable. Il est en totale contradiction avec les valeurs du Cri de la goutte : respect, bienveillance, inclusion, sécurité pour toutes et tous.» Rebecca Baby espère donner l’impulsion à tous les festivals de «former les équipes de sécurité et autre encadrant» à protéger le public et les artistes ainsi qu’à prendre en considération leur plainte.
Le quatuor Lulu Van Trapp déclare faire «une musique de libération» qui doit permettre aux artistes de se réapproprier l’espace sur scène comme dans la foule. Les Parisiens reconnaissent que ce changement n’est pas évident. Le groupe constate un «retard» post #Metoo, particulièrement dans le milieu du rock. Les violences sexistes et sexuelles dans le milieu musical ne se cantonnent pas à ce genre précis et se retrouvent dans de nombreux événements festifs. Selon un sondage Safer (1), 75 % des femmes considèrent les remarques sexistes, les harcèlements et agressions sexuelles fréquentes en festival. Quant à la suppression du post Instagram, Rebecca Baby l’a dénoncé comme «une censure honteuse» : «Ce post, c’était une source de réconfort infini.»