Il touille nerveusement son café du matin, tandis que les pompiers quittent peu à peu ce mardi 29 juillet les lieux de l’incendie qui a paralysé, durant plusieurs heures lundi, les autoroutes au nord de Marseille. Fayçal fixe du regard les carcasses et les bâtiments détruits de la société de caravaning, située au bout de la rue de l’Image, dans cette petite zone d’activités de Septèmes-les-Vallons, tout près de l’échangeur autoroutier d’où est parti le feu de végétation la veille, vers 16 h 40. Lui travaille dans une société spécialisée dans la bagagerie et les fournitures scolaires, en plein préparatifs de la rentrée. Alerté par un voisin, ils ont aussitôt évacué face à «l’alerte générale». «C’était impressionnant de voir les flammes si proches, on a eu très peur. En plus, on sait qu’il y a des bonbonnes de gaz à l’intérieur des camping-cars», relate-t-il. Dans son téléphone, il a la vidéo d’un Canadair manœuvrant au plus près du bâtiment en feu et de la ligne à haute tension.

Face à ce nouveau sinistre, après celui du 8 juillet qui a atteint le quartier de l’Estaque à Marseille, 400 pompiers ont été mobilisés, aidés de 100 engins au sol et d’importants moyens aériens, avec quatre Canadair, deux avions Dash et deux hélicoptères bombardiers d’eau, selon la préfecture. Le feu a parcouru au total onze hectares. Un chiffre heureusement sans proportion avec celui parti début juillet des Pennes-Mirabeau, après qu’une voiture avait pris feu sur l’A55, qui avait lui parcouru 750 hectares de broussailles et de pinèdes, ravageant une soixantaine de bâtiments et habitations.

De la restanque, qui domine le feu à présent contenu, un groupe de volontaires du Comité communal des feux de forêt continue d’assurer la veille, en coordination avec les pompiers. Dans son uniforme orange, Laurent, 56 ans, pointe la colline de l’autre côté de l’A7, où le trafic est de nouveau dense en direction de Marseille – la circulation a pu être rouverte lundi vers 21h30 : «L’objectif était d’éviter la propagation du feu vers le massif de l’Etoile», explique-t-il, en écho aux pompiers. «Les feux naissants, il faut les claquer tout de suite, avec tous les moyens du secteur», poursuit Marc, 67 ans, qui a lâché sa journée d’anniversaire pour participer aux opérations. Avec des rafales de vent à 90 km/h, la journée de lundi était classée rouge pour les risques incendie dans les Bouches-du-Rhône : outre Septèmes-les-Vallons, des départs de feu ont aussi eu lieu à Port-de-Bouc et Martigues, tous deux fixés lundi en fin d’après-midi.

Gérante d’une entreprise familiale créée il y a quarante-cinq ans, située tout à côté de la société de caravaning qui a brûlé, Claire s’est demandé «si elle allait aussi tout perdre». Son père et son frère ont passé la nuit à proximité. Ce mardi, le «coup de stress» est encore là, l’odeur prégnante du brûlé aussi. La proximité de l’autoroute, jusqu’à présent un «atout» pour les livraisons, est teintée d’un autre regard. «On a un échangeur, la colline autour, forcément cela génère des risques, mais pas de quoi déménager pour autant», temporise-t-elle, saluant le «travail remarquable» des pompiers, arrivés rapidement sur les lieux et qui ont «entouré complètement les bâtiments pour faire barrière». Le carnet de commandes ne se fait pas attendre non plus. «On fournit les tabac-presse en cartes postales et articles souvenirs, magnets et autres porte-clés, poursuit Claire. On fait sourire les touristes, logiquement… On a eu la bonne étoile, on va pouvoir continuer !»