Une très belle collection – régulièrement enrichie de nouveaux chefs-d’œuvre – dans un écrin architectural exceptionnel, avec des moyens financiers confortables : pour la Fondation Bemberg, tous les voyants semblaient au vert, et c’est l’esprit confiant que nous attendions sa réouverture après quatre ans de travaux. En février 2024, les visiteurs furent à nouveau admis à l’intérieur de l’hôtel d’Assézat mais nul doute que le choc fut rude pour les habitués de l’endroit qui eurent du mal à s’y reconnaître. L’institution a en effet clairement choisi la rupture avec l’ancien musée, qui a visiblement été jugé obsolète, mais cette métamorphose est souvent douloureuse. Il est difficile de nier que l’ancienne muséographie pouvait aisément paraître désuète, même si nous ne sommes pas du genre à nous formaliser de tentures aux murs et de tapis au sol. Espérons, au moins, que tout n’a pas été jeté, malgré la volonté affichée de faire table rase du passé de ce lieu, inauguré en 1995 mais déjà rafraîchi en 2004 !
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- 1. La frise et le portrait évoquant le collectionneur et donateur
Photo : Alexandre Lafore - Voir l´image dans sa page
Il était en tout cas sans doute possible de proposer dans l’entrée un hommage plus approprié à Georges Bemberg que cette surprenante frise sur une table inclinée (ill. 1) prolongée par un portrait du collectionneur qui plie déjà sur un chevalet. En 2004, à l’occasion de cette première réouverture après travaux, plusieurs salles connurent un réaménagement, alors évoqué dans un article de La Dépêche où Philippe Cros, le directeur de la Fondation Bemberg de 1995 à 2021, se félicitait d’avoir redécoré une partie du premier étage – en le retapissant d’étoffes bleues – « afin de présenter les collections dans un environnement qui ressemble le plus possible à l’appartement de Georges Bemberg » ! La philosophie a donc largement évolué en l’espace de vingt ans, avec l’objectif – louable – de gagner en luminosité et en sobriété dans les salles.
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- 2. Un panneau de consignes de visite peu accueillant
Photo : Alexandre Lafore - Voir l´image dans sa page
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- 3. Des casiers-consignes neufs mais inutilisables
Photo : Alexandre Lafore - Voir l´image dans sa page
Après un accueil initial assez froid (ill. 2) — marqué par des consignes parfois absurdes, comme ces casiers flambant neufs mais inaccessibles tout au long de l’année 2024 au nom du plan Vigipirate (ill. 3), alors que ce dernier n’empêchait pas le bon fonctionnement du vestiaire au Musée Paul Dupuy [1], le visiteur redécouvre les espaces, qui restent répartis sur deux niveaux.
Une approche chronologique reste en effet la meilleure manière d’appréhender la collection qui se déploie au premier étage pour les œuvres du XVIe au XVIIIe siècle, parcours un brin scolaire mais riche en trésors dont on ne sait hélas jamais s’ils ont été achetés par le collectionneur ou par ses successeurs : cartels et autres textes de salles sont avares…