Airbags Takata : le gouvernement met la pression aux constructeurs après un rapport accablant. (image d’illustration)

JOE RAEDLE / Getty Images via AFP

Airbags Takata : le gouvernement met la pression aux constructeurs après un rapport accablant. (image d’illustration)

AUTOMOBILE – La nouvelle va plaire aux conducteurs, mais sans doute pas aux constructeurs automobiles. Ces derniers vont devoir proposer des « solutions de mobilité » à leurs clients immobilisés plus de 15 jours par des airbags dangereux de marque Takata, comme le prêt d’un véhicule de remplacement, a indiqué ce mardi 29 juillet le ministère des Transports.

Autre point soulevé du côté du gouvernement français : ces véhicules visés par un « stop drive », soit 1,7 million au total en France, devront être réparés en moyenne 15 jours après la prise de rendez-vous sous peine d’« astreintes élevées ». Les constructeurs doivent aussi proposer des rendez-vous de réparation à domicile, ou remorquer le véhicule dangereux jusqu’au garage, selon un arrêté qui doit être publié mercredi au Journal officiel, et que l’AFP a pu consulter.

Cet arrêté confirme que toutes les voitures concernées équipées d’airbags considérés à risque en Corse et en Outre-mer doivent être immobilisées, ainsi que les voitures datant d’avant 2011 sur le territoire métropolitain hors Corse. Le ministère a aussi confirmé le rappel général de toutes les voitures équipées d’un airbag à risque partout en France, soit 600 000 véhicules supplémentaires, mais sans immobilisation.

La plupart des constructeurs sont concernés, de Citroën à Volkswagen en passant par Mercedes, mais à l’exclusion du groupe Renault. Ils ont vingt jours à partir de mercredi pour transmettre à l’État un premier rapport hebdomadaire recensant les actions qu’ils auront engagées. En cas de manquement, les constructeurs ont une semaine pour mettre en place des actions correctives, sous peine d’une astreinte d’un million d’euros par semaine de retard.

De trop nombreux véhicules restent à réparer

Comme l’explique Le Figaro, ce coup de pression du gouvernement envers les constructeurs intervient alors qu’un rapport a été publié ce mardi par l’Inspection générale de l’Environnement et du Développement durable (IGEDD), expliquant les raisons de la lenteur de la campagne de rappel.

Commandé en janvier par le ministre des Transports Philippe Tabarot, il relève des « trous dans le dispositif de rappel » des véhicules, notamment car 10 à 15 % des rappels envoyés par le constructeur aux propriétaires de voitures reviennent avec l’indication « n’habite plus à l’adresse indiquée ».

À l’arrivée, sur 100 véhicules concernés par les défaillances, il en reste entre 5 et 27 à réparer plus de 10 ans après les premiers rappels. En Allemagne, « tous les véhicules sont réparés » 12 ou 18 mois après les premiers rappels, pointe le rapport cité par Le Figaro, qui s’inquiète de « millions d’airbags Takata » toujours « disséminés » alors qu’ils représentent un risque.

Pour s’assurer que les utilisateurs de véhicules à risque sont prévenus, le gouvernement exige des constructeurs qu’ils lancent des campagnes « régulières » à la radio ou par affichage pour informer leurs clients, mais aussi « des actions de prospection au porte-à-porte et de démarchage de rue dans les départements et régions d’Outre-mer », où les rappels patinent.

Les conducteurs appelés à la vigilance

Si elle met en avant la responsabilité de Takata et des constructeurs dans l’efficacité des campagnes de rappel, l’IGEDD en appelle aussi à la responsabilité des conducteurs. « Une quantité non négligeable de gens ont été informés, estime le rapport, il y a aussi un problème de responsabilisation et de prise de conscience. »

Pour rappel, en raison d’un gaz qui vieillit mal, les airbags peuvent exploser, projetant des pièces au visage des conducteurs et provoquant parfois des accidents mortels. Un deuxième a eu lieu dans l’Hexagone début juin, mais au total 18 morts et 25 blessés ont été provoqués par des airbags défectueux, selon le ministère des Transports qui précise que 16 décès et 24 blessés ont été enregistrés dans les Outre-mer.

S’ils n’ont pas déjà été contactés par courrier, les automobilistes doivent vérifier sur le site du constructeur de leur véhicule si celui-ci est concerné, avec son numéro VIN, indiqué sur la carte grise.