La ville de Rouen (Seine-Maritime) a voté, lors du conseil municipal du 26 juin 2025, l’instauration d’une taxe sur les locaux commerciaux vacants depuis longtemps. Qu’en pensent les commerçants du centre-ville ?
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Certaines rues commerçantes du centre-ville de Rouen (Seine-Maritime) sont entachées par des locaux vides et parfois depuis plusieurs années. Pour relancer l’attractivité commerciale de la ville et lutter contre la vacance durable de certains locaux, la Ville de Rouen a voté, lors du Conseil municipal du 26 juin, l’instauration d’une taxe sur les locaux commerciaux vacants depuis longtemps.
Elle ne concernera que les locaux commerciaux, de bureaux ou à usage économique restés vacants pendant au moins deux ans sans travaux, ni remise sur le marché.
Rouen bénéficie aujourd’hui d’un taux de vacance commerciale parmi les plus faibles de France : seulement 6,3 % dans le centre-ville. Un travail de repérage des locaux réellement vacants, engagé dans le cadre de cette démarche, a permis à la Ville de mieux cibler les secteurs en difficulté pour y concentrer son action.
Sur les 3 900 cellules commerciales recensées à Rouen, seules 150 sont potentiellement concernées par cette taxe, soit moins de 4 %.
La liste des locaux concernés au titre de l’année 2026 devra être adoptée par le conseil municipal avant le 1er octobre 2025, puis transmise à l’administration fiscale pour recouvrement.
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La Ville de Rouen (Seine-Maritime) a voté, lors du Conseil municipal du 26 juin 2025, l’instauration d’une taxe sur les locaux commerciaux vacants depuis longtemps.
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©France 3 Normandie
Cette mesure, qui existe dans d’autres villes, vise à encourager les propriétaires à remettre sur le marché des cellules restées inoccupées pendant de longues périodes.
Pour Nicolas Mayer-Rossignol, Maire de Rouen et Président de la Métropole Rouen Normandie, et Sileymane Sow, adjoint en charge notamment du commerce, de l’économie et de l’attractivité : « pour qu’un centre-ville vive, il faut aussi que ses cellules commerciales ne restent pas durablement fermées. Certains locaux sont vacants depuis plusieurs années, alors même que des porteurs de projets – artisans, indépendants, associations – cherchent à s’installer. Inciter les propriétaires à remettre leurs biens sur le marché, à faire les travaux nécessaires, à proposer des loyers accessibles. Ce n’est pas une sanction, mais un levier d’action. Une cellule qui rouvre, c’est une vitrine retrouvée, de la vie dans nos rues, des emplois et une nouvelle dynamique pour le quartier. »
Si la municipalité compte sur ce levier pour dynamiser le centre-ville, pour les commerçants, il s’agit là d’une fausse bonne idée : « si c’est un souhait pour certains propriétaires de laisser vides des vitrines moches et sales, ce n’est pas cool car ça donne l’image d’une ville morte. Mais si ce sont des personnes qui souhaitent relouer, mais qui n’y arrivent pas et qu’on les taxe, ce n’est pas les aider du tout » explique Wendy vendeuse pour l’enseigne Nocibé.
Cette salariée du secteur de la beauté fait le constat d’une baisse de la fréquentation des magasins situés en centre-ville : « Nocibé a ouvert une boutique à Mont-Saint-Aignan (dans la Métropole de Rouen, ndlr) et les clientes nous disent préférer cette situation car c’est plus simple et moins cher pour se garer. Même si les transports sont gratuits le samedi, l’accessibilité au centre-ville n’est pas facilitée. »
Notre problématique première aujourd’hui est l’accessibilité de la ville, la compréhension de l’accessibilité, l’organisation pour se déplacer, le coût des parkings
Fabrice Antoncic
Président des vitrines de Rouen
Les commerçants de Rouen rencontreront prochainement les candidats aux élections municipales de 2026, afin de leur donner leur proposition en faveur du centre-ville.
La taxe sur les locaux vacants a pour objectif de faire réagir les propriétaires concernés en les incitant à engager les démarches nécessaires : remise aux normes du local, révision du loyer, mise en vente ou en location du bien.
La première imposition ne pourra intervenir qu’en 2026, ce qui laisse un délai suffisant aux propriétaires pour agir ou se rapprocher des services de la ville et seuls les locaux vacants en continu depuis 2023 pourront être taxés.
Les taux appliqués seront progressifs afin de rendre la mesure pleinement incitative : 20 % la première année, 30 % la deuxième, et 40 % la troisième.
La mise en place de cette taxe s’accompagne en effet d’un dispositif d’accompagnement : le service commerce et la manager du commerce sont à la disposition des propriétaires pour les aider à valoriser leur bien et les mettre en lien avec des porteurs de projets.
La taxe ne s’applique pas aux locaux en travaux ou mis en location au prix du marché. En outre, un bien redevenu actif bénéficiera d’une exonération.