« Je me suis mélangé les pinceaux suite à mon divorce difficile. Je suis désolé. J’indemniserai tout le monde jusqu’au dernier centime », clame Farid (prénom d’emprunt), bras croisés sur sa chemisette à carreaux. Dans la salle, ses victimes potentielles sont plus que dubitatives.
Le vendredi 25 juillet, dans le quartier de la Feuilletière à Villars, six voitures ont été dégradées. Peugeot, Renault, Volkswagen. Des pneus crevés, des rétroviseurs arrachés, des vitres ou des pare-brise fracassés.
Ce lundi, à l’audience des comparutions immédiates, ce Chazellois de 46 ans est jugé pour cette série de dégradations. Les explications qu’il a données pendant l’enquête sont inquiétantes. Il est en conflit avec son ex-compagne, est privé de ses enfants. Et des gens lui voudraient du mal, notamment un policier qui souhaiterait le tuer.
L’enquêteur social attire l’attention des magistrats : ce monsieur semble souffrir de troubles psychologiques dont il n’aurait pas conscience. L’intervenant préconise une expertise psychiatrique, à laquelle se rallient tant la défense que le ministère public. « Cette expertise est nécessaire, précise la procureure. On peut s’inquiéter, quand il dit que les propriétaires des véhicules dégradés le poursuivent depuis longtemps, soit pendant leurs vacances, soit le week-end quand ils travaillent… »
Farid, deux mentions au casier, a un emploi dans le bâtiment depuis plus de vingt ans. Le quadragénaire vit une séparation difficile, l’autorité parentale sur ses enfants lui a été retirée.
« La prison, c’est pas fait pour moi »
Les juges ordonnent une expertise psychiatrique. Ils doivent également prendre une décision concernant le sort de Farid d’ici le procès, renvoyé en septembre. La procureure veut un maintien en détention « pour éviter les risques de réitération. Le quartier de la Feuilletière n’est pas très loin de celui de son ex, où il a l’interdiction de se rendre ». En défense, Me Stéphane Fournand rappelle que « sa dernière condamnation remonte à quatorze ans. Il n’y a qu’un fait unique, et il n’était pas dans le quartier de Villars qui lui est interdit ».
Farid est placé sous contrôle judiciaire avec obligation de soins et interdiction de paraître à Villars. « J’accepte d’être soigné, a-t-il déclaré pendant le procès. Mais je ne veux pas retourner en détention parce que j’ai plein de rendez-vous. La prison, c’est pas fait pour moi. » Farid est présumé innocent.