Par
Emilien Jacques
Publié le
30 juil. 2025 à 7h24
En bordure de la route de Buchy, dans la commune nouvelle de Morville-le-Héron (fusion récente de Morville-sur-Andelle et du Héron), de nombreux véhicules hors d’usage (VHU) s’entassent, mêlés à d’autres déchets en tout genre. Les agissements du propriétaire, qui n’a jamais répondu aux injonctions de la Communauté de brigades de Sain-Jacques-sur-Darnétal – Buchy de dépolluer son terrain, ont conduit à une intervention des forces de l’ordre le 21 juillet 2025.
Plusieurs années de dépôts illicites, des riverains excédés
Lorsque le major Cédric Delforge prend ses fonctions à Saint-Jacques-sur-Darnétal en 2021, un terrain en friche sur lequel se situe une maison inhabitée fait déjà l’objet de signalements de la part de riverains, excédés.
Car c’est une véritable déchèterie clandestine qui a pris forme au fil des dépôts illicites de véhicules, allant jusqu’à plusieurs dizaines, par le propriétaire des lieux. Même si ce terrain lui appartient, Cédric Delforge rappelle que « le code de la santé publique interdit de déposer à quelques endroits que ce soit, privé ou public, des véhicules hors d’usage », en raison notamment de la pollution des sols et des perturbations de l’écosystème que cela engendre. Seuls des centres VHU agréés en ont l’autorisation (casses autos, démolisseurs, etc)*.
Le propriétaire fait la sourde oreille
Après des contrôles coordonnés de la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (Dreal) et de la gendarmerie de Saint-Jacques-sur-Darnétal – Buchy, ainsi que des mises en demeure verbales de mettre en état son terrain, le propriétaire n’affiche aucune réaction. « C’est un Rouennais qui n’est presque jamais sur place et il n’est jamais venu chercher ses recommandés », explique Cédric Delforge.
En 2023, un rapport de la Dreal est émis au préfet de Seine-Maritime et au Procureur de la République, ce qui accélère les démarches. Un arrêté préfectoral ordonne la dépollution des lieux par le mis en cause dans un délai de quatre mois. Pas de réponse. Après un deuxième délai de quatre mois accordé, non respecté lui aussi, la décision d’intervenir est prise par le préfet en mai dernier.
Opération inédite en Seine-Maritime
Nous sommes donc au matin du 21 juillet quand l’opération de dégagement et de dépollution du terrain débute. Celle-ci va durer deux jours, le temps qu’un casseur privé effectue des allers-retours avec son camion benne pour évacuer les 16 carcasses de véhicules et les nombreux déchets, dont certains atteignent même la route.
Une opération inédite en Seine-Maritime, à laquelle ont assisté une habitante voisine, soulagée, la maire déléguée du Héron Sylviane Carpentier et plusieurs gendarmes dont Cédric Delforge. Le propriétaire, lui, ne se sera pas montré. Il sera convoqué devant une juridiction, assure le Commandant de brigade, et une amende de 250 euros par nouveau véhicule déposé après les travaux lui sera adressée.
« On est sur tous les fronts »
Cédric Delforge se satisfait de ce type d’intervention qui montre selon lui une autre facette de la gendarmerie, peu connue du grand public. « Cela montre qu’on est sur tous les fronts et sur tous les spectres de missions de police qui puissent exister ». Et donc celui de la protection de l’environnement, « un sujet important qui est pris au sérieux par la gendarmerie », affirme-t-il.
Un service spécial existe même au sein de la gendarmerie nationale : le Commandement pour l’environnement et la santé publique (CESAN), avec 4000 policiers formés à la gestion des déchets, à la protection des espaces naturels, des milieux aquatiques ou encore des espèces protégées. « La gendarmerie, ce n’est pas que le PV au bord de la route », tient à rappeler Cédric Delforge.
*Le délit de gestion irrégulière de déchets est passible d’une amende de 150 000 euros et de quatre ans d’emprisonnement.
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