D’ici 2035, toutes les voitures thermiques, y compris les hybrides, doivent normalement être interdites à la vente et remplacées par des véhicules 100 % électriques. Mais, alors que le secteur automobile européen est au plus mal, un assouplissement de la réglementation sur la fin des véhicules thermiques semble s’amorcer du côté de la Commission européenne. Un sujet qui divise la France, l’Allemagne et l’Italie.
Si Bruxelles n’est pas en train de revenir sur l’interdiction des moteurs thermiques prévue pour 2035, il est clair qu’une brèche est en train de s’ouvrir. En effet, les difficultés actuelles du secteur automobile ont poussé la Commission à revoir les possibilités d’amendes que devraient payer, dès cette année, les constructeurs dont les ventes de véhicules électriques sont insuffisantes. Cette décision tient compte de la baisse des ventes de véhicules électriques enregistrée en 2024 en Europe, mais sonne aussi comme un aveu de faiblesse, face à la concurrence des constructeurs chinois.
Un assouplissement qui peut en entraîner d’autres !
Pour éviter aux constructeurs d’avoir à payer des amendes, la commission a accordé aux constructeurs que leurs émissions de CO2, dans le cadre de la norme CAFE, soient calculées sur trois ans (de 2025 à 2027) et non plus sur une année. En apparence, c’est un petit pas, mais certains y voient la fin du dogme du tout électrique et une ouverture vers d’autres solutions, comme l’utilisation d’e-fuels ou de moteurs électriques accompagnés d’un prolongateur d’autonomie à combustion.
L’Italie se positionne en faveur des biocarburants
Le pays est, depuis le départ, opposé à cette fin du thermique en 2035 et sa position n’a pas vraiment changé. Il s’est d’ailleurs associé avec l’Autriche, la Bulgarie, la République tchèque, la Pologne, la Roumanie et la Slovaquie, afin de proposer une nouvelle politique automobile européenne qui permettra « d’équilibrer la compétitivité et l’ambition climatique. »
L’Italie soutient notamment les biocarburants, comme solution lui permettant de poursuivre la production de moteurs à combustion.
L’Allemagne défend le thermique et l’hybride rechargeable
L’Allemagne possède plus de 25 % des parts du marché automobile européen et compte bien défendre bec et ongles ses moteurs thermiques et son industrie. Rappelons que le pays avait bloqué temporairement le vote final de la réglementation, en 2023, en exigeant que les carburants de synthèse (e-fuels) soient pris en compte après 2035.
Le pays avait finalement obtenu gain de cause, puisque les e-fuels seront autorisés dans les véhicules thermiques neufs après 2035, à condition qu’ils soient climatiquement neutres, ce qui nécessitera des conditions de production et d’utilisation particulièrement strictes.
Mais l’Allemagne continue de mettre la pression sur Bruxelles. Dans un communiqué, l’association des constructeurs allemands (VDA) s’est ainsi attaquée au véhicule électrique, en rappelant que « la demande en matière d’électromobilité, en tant que principal contributeur, n’a jusqu’à présent pas répondu aux attentes. »
L’association propose ainsi d’autoriser la fabrication de véhicules hybrides rechargeables après 2035, en abaissant l’objectif de diminution du CO2, en 2035, de -100 % à -90 %.
Fin du thermique en 2035 : la France veut tenir le cap
Cette mort annoncée du thermique, n’a jamais fait l’unanimité, aussi bien dans l’opinion française qu’au niveau politique. En février 2025, les députés avaient d’ailleurs refusé l’inscription dans le droit français de cette interdiction concernant la vente des véhicules thermiques neufs à partir de 2035, qui devait remplacer l’échéance de 2040, votée en 2017.
Néanmoins, le gouvernement français entend bien défendre l’objectif de 2035, malgré les oppositions et malgré l’appel d’air provoqué par l’insistance de l’Allemagne envers Bruxelles.
Le ministre de l’Industrie et de l’Énergie, Marc Ferracci, a d’ailleurs rappelé que la filière automobile ne demande pas de remettre en question cette date, mais réclame plutôt de la souplesse sur les amendes en cas de non-respect des objectifs de réduction d’émissions de CO2.
Pour Luc Chatel, président de la Plateforme Automobile (PFA), l’organisation qui représente les constructeurs et équipementiers français, il y a néanmoins espoir de faire évoluer la trajectoire imposée au départ par l’Europe.
Il a d’ailleurs déclaré, sur Europe 1, qu’il « va falloir enfin qu’on réalise les études d’impact qu’on aurait dû réaliser au moment de la décision sur l’interdiction des moteurs thermiques. Vous savez, on a toujours été très réservés sur une solution unique. Être capable de se remettre autour de la table pour discuter de l’ensemble des technologies, je pense que c’est important. »