Le 24 juillet 2025, Emmanuel Macron prenait tout le monde de court en annonçant que la France reconnaîtrait l’État de Palestine en septembre. Une déclaration qui avait fait de Paris le premier pays du G7 à s’engager aussi clairement en ce sens. À ses yeux, il ne s’agit pas d’un geste symbolique, mais d’un levier diplomatique pour relancer une solution à deux États, de plus en plus menacée.

Cinq jours plus tard, c’est au tour de Londres de suivre le pas. « Le Royaume-Uni reconnaîtra l’État de Palestine en septembre, à moins que le gouvernement israélien ne prenne des mesures substantielles pour mettre fin à la situation épouvantable à Gaza », a annoncé un porte-parole de Downing Street, à l’issue d’une réunion d’urgence du cabinet britannique.

 

 

 

 

Plusieurs conditions exigées par le Royaume-Uni

Néanmoins, Keir Starmer, élu Premier ministre début juillet, fixe plusieurs conditions précises pour que la reconnaissance ne se concrétise pas : un cessez-le-feu immédiat à Gaza, l’engagement d’Israël à ne pas annexer la Cisjordanie, et l’acceptation d’un processus de paix à long terme basé sur la solution à deux États. Il exige également qu’Israël autorise la reprise de la distribution d’aide humanitaire par les Nations unies et s’engage à renoncer à toute extension de la colonisation en territoire palestinien.

 « J’ai toujours dit que nous reconnaîtrions un État palestinien comme une contribution à un véritable processus de paix, au moment où cela aurait le plus d’impact pour une solution à deux États », a affirmé le chef du gouvernement britannique. « Maintenant que cette solution est menacée, c’est le moment d’agir », a-t-il insisté. Sa prise de position fait suite à des pressions internes où plus d’un tiers des députés britanniques avaient signé une lettre poussant le Premier ministre à suivre la décision d’Emmanuel Macron.

Mais Keir Starmer exige également, de la part du Hamas, la libération de tous les otages encore retenus et appelle à la démilitarisation totale du mouvement islamiste, afin qu’il « ne joue plus aucun rôle clé » dans les affaires palestiniennes.

 

 

 

 

Le Royaume-Uni suit le mouvement européen

Avec sa décision, le Royaume-Uni rejoint une dynamique initiée par plusieurs pays européens ces derniers mois. En mai 2024, l’Irlande, l’Espagne et la Norvège avaient annoncé reconnaître l’État palestinien, suivies par la Slovénie. Mais la reconnaissance de la part de la France et du Royaume-Uni, en tant que puissances du G7 et membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, donne désormais une nouvelle ampleur politique à cette série. « Le Royaume-Uni se joint aujourd’hui à l’élan créé par la France pour la reconnaissance de l’État de Palestine », a notamment salué le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot sur X.

 

 

Femme palestine

 

 

Un rejet ferme d’Israël

Sans surprise, l’annonce britannique a immédiatement suscité de vives réactions de la part de Tel-Aviv. Le ministre israélien des Affaires étrangères, Barak David, a dénoncé sur X une « récompense pour le Hamas » qui « compromet les efforts visant à parvenir à un cessez-le-feu à Gaza et à un cadre pour la libération des otages ». À noter qu’Israël a officiellement rejeté la déclaration du Premier ministre britannique, refusant toute condition préalable qui pourrait être perçue comme une pression diplomatique.

 

Vers un vote à l’ONU ?

La reconnaissance britannique pourrait intervenir officiellement lors de l’Assemblée générale des Nations unies en septembre 2025. Selon les derniers chiffres compilés par l’AFP, au moins 142 des 193 États membres de l’ONU reconnaissent actuellement l’État palestinien, dont la quasi-totalité des pays du « Sud global ». Mais l’adhésion d’États occidentaux majeurs pourrait changer la donne en termes de légitimité internationale d’un état palestinien.