Le recours à l’extinction nocturne de l’éclairage public a connu une nette progression en France entre 2014 et 2024, selon les données du Cerema (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement), publiées mercredi 30 juillet 2025.
Sur les 19 262 communes analysées par imagerie satellite, 62 % pratiquent une « extinction totale en cœur de nuit ». Et sur l’ensemble de l’Hexagone, soit environ 34 900 communes, cela concerne désormais 35 % d’entre elles. Selon l’étude, « 30 % des extinctions totales ont été mises en place au moment de la crise énergétique de septembre à décembre 2022 » .
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« Il y a eu un gros pic d’extinction à l’hiver 2022 suite à la guerre en Ukraine. Depuis, ça s’est un petit peu tassé », observe Emma Bousquet Borrut, responsable d’études observation satellitaire au Cerema d’Occitanie. « Les mises en place d’extinctions sont plutôt constantes, et s’ajoutent dans le temps, ce qui explique pourquoi la France est de moins en moins éclairée », ajoute-t-elle.
Une part infime de la consommation électrique en 2024
Certaines régions, comme la Bretagne, ont un éclairage historiquement faible. D’autres, comme l’Auvergne-Rhône-Alpes, l’Île-de-France, l’Occitanie ou la région Paca, concentrent la majorité des extinctions récentes, dans un objectif clair de réduction des coûts.
L’enquête annuelle, menée collectivement par l’Association Française de l’Éclairage et le Cerema, souligne que l’éclairage public ne représente plus que 0,54 % de la consommation électrique de la France en 2024. Une baisse qui contribue à la diminution globale de la consommation d’électricité en France (-3,2 % en 2023) et à la réduction des émissions de carbone liées à l’éclairage public, précise l’enquête.
Une économie d’énergie qui résulterait à la fois des « rénovations d’ampleur des parcs d’éclairage » et des « extinctions nocturnes qui se sont démultipliées ».
Un débat sur l’utilisation des LED
L’utilisation massive de LED, qui représente aujourd’hui 40 % du parc national, censée réduire la consommation énergétique, pose néanmoins question. « La lumière bleue des LED perturbe fortement la biodiversité », souligne Emma Bousquet Borrut, évoquant l’arrivée plus récente de LED « chaudes », moins nocives mais plus onéreuses. Malgré cette tendance à l’extinction, elle note cependant que « de plus en plus de communes réfléchissent à rallumer » .
« Certains habitants associent le manque d’éclairage à l’insécurité. Cependant, il n’y a pas de consensus sur le lien entre insécurité et éclairage, mais des études sont en cours », précise-t-elle.
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Cette tendance au rallumage « est inquiétante car le sujet de l’éclairage doit traiter dans son ensemble l’énergie, la sécurité, la biodiversité, et la santé humaine ».
Enfin, le Cerema précise que « par satellite, on ne distingue pas l’éclairage public de l’éclairage privé ; or les collectivités font beaucoup plus d’efforts de sobriété que les usines, commerces, ou restaurants, qui sont souvent excessivement éclairés, parfois durant toute la nuit ».