Karine, Anna* et Pierre* se sentaient mal. Des problèmes d’anxiété, de tristesse. Alors comme près de 600.000 Français depuis 2022, ils ont eu recours à « Mon soutien psy ». Ce dispositif permet de bénéficier de douze séances chez le psychologue remboursées par l’Assurance maladie.
S’il avait très mal démarré, notamment en raison du boycott d’une grande partie des psychologues, « Mon suivi psy » est de plus en plus utilisé. Et pour en faire bénéficier davantage de Françaises et Français, l’Assurance maladie lance cette semaine une vaste campagne nationale visant à faire connaître le dispositif. L’occasion de demander à des personnes y ayant recours ce qu’elles en avaient pensé.
Une difficulté à trouver un psy disponible
Karine, 31 ans, n’a recensé que cinq psychologues faisant partie du dispositif exerçant à côté de chez elle. Elle les a contactés un à un. Résultat : « sur les cinq, trois ne prenaient pas de patients ; et deux n’avaient pas de rendez-vous avant deux mois. » Karine a donc dû faire preuve de patience et attendre soixante jours avant de commencer sa thérapie.
Même en banlieue parisienne, trouver un psychothérapeute n’est pas si simple. « Il n’y en avait aucun dans ma ville », témoigne Pierre, qui habite pourtant une commune de plus de 45.000 habitants. Il a fini par en trouver un sur Doctolib à 20 minutes de transport de chez lui. Mais la galère était loin d’être finie. « Je n’ai pu caler la deuxième séance qu’un mois et demi après la première car il n’avait aucune disponibilité avant, explique Pierre. En résumé : « c’est un peu galère ». Anna, 33 ans, a eu plus de chance : « J’ai trouvé un psychologue qui faisait des visios à des horaires tardifs. C’était la configuration parfaite ! »
« Ça m’a fait beaucoup de bien »
Une fois les deux mois d’attente passés, la séance de psy de Karine ne s’est pas passée comme prévu. Peu habituée aux thérapies, elle s’est sentie « très mal à l’aise ». « Je ne savais pas quoi dire ni comment. La psychologue était froide, elle ne s’adaptait pas à moi. Je suis ressortie du rendez-vous encore plus mal qu’en y allant. Je n’ai pas eu le courage de retenter l’expérience avec quelqu’un d’autre. J’ai attendu que mon mal-être passe. »
Heureusement, la thérapie se passe mieux pour d’autres. « Ça m’a vraiment fait beaucoup de bien et depuis, je recommande le dispositif autour de moi », se réjouit Anna, qui souffre d’anxiété depuis qu’elle a commencé son nouveau travail. Si Pierre n’a pour l’instant vu son thérapeute qu’une seule fois, il est optimiste : « ça s’est super bien passé et j’ai déjà calé les séances suivantes. »
« Comme si j’avais mis le pied à l’étrier »
Si Pierre songeait depuis longtemps à aller voir un psy, le prix restait un frein. Pourtant, aujourd’hui, il l’assure : s’il avait besoin de davantage de séances que les 12 remboursées par la Sécurité sociale, il n’hésiterait pas à mettre la main au portefeuille. « C’est un peu comme si j’avais mis le pied à l’étrier. » Même son de cloche chez Anna. « Après trois séances de thérapie comportementale et cognitive avec mon psy, j’ai fait une séance d’EMDR, toujours avec lui. Je l’ai moi-même financée, car elle n’était pas remboursée. »
Karine n’est pas prête à en faire autant. « Je n’irais pas voir de psy sans ce dispositif, car il faut généralement une séance par semaine ou toutes les deux semaines et vu le prix de la séance, j’aurais dû choisir entre le sport et le psy. » Elle a manifestement choisi pour l’instant.
*les prénoms ont été modifiés à la demande des personnes interviewées