Nantes suffoque, ce lundi 30 juin. Le thermomètre dépasse les 37 °C, la chaleur est écrasante. C’est le deuxième pic précoce de cet été 2025. Le ciel est tout bleu : pas un seul nuage à l’horizon. Mais sur certains sites Internet spécialisés en observation météo, Nantes (Loire-Atlantique) apparaît comme la seule commune du grand Ouest où il pleut : un cumul de 2,4 mm précisément, entre 11 h 48 et 13 h 18, l’heure où le soleil a pourtant tapé le plus fort.
Une station météo automatisée
Que s’est-il donc passé ? Un pluviomètre a-t-il perdu la boule ? C’est pourtant bien des gouttes d’eau – et non des gouttes de sueurs – qui sont tombées sur l’appareil. Il est loin, en effet, le temps où des humains allaient quotidiennement mesurer les millimètres. Place aux machines et à l’automatisation. Depuis quelques années, les relevés sont transmis automatiquement toutes les six minutes et diffusés quasiment en direct sur le web.
En y regardant de plus près, on constate d’autres bizarreries. Le 2 juillet, alors qu’il fait encore beau et chaud à Nantes, plusieurs millimètres sont à nouveau enregistrés à l’heure du déjeuner. Même chose le lendemain, cette fois en début de matinée. Les autres pluviomètres de Météo France de la région, situés à Bouguenais, au Pellerin ou à Saint-Philbert-de-Grand-Lieu, eux, sont restés secs.
Météo France observe le temps au Grand-Blottereau
Pour comprendre, direction le parc du Grand-Blottereau, dans le quartier de Doulon. C’est d’ici que Météo France observe le climat nantais depuis juillet 2019. Ses instruments de mesure étaient auparavant situés au jardin des plantes, de 1989 à 2019, mais l’établissement public a été gentiment poussé dehors, il y a six ans, en raison de travaux effectués dans le parc du centre-ville et de la présence d’une fontaine à côté. En déménageant dans un espace verdoyant du Grand-Blottereau, réservé aux jardiniers de la Ville, Météo France en a profité pour automatiser ses capteurs et y ajouter un thermomètre.
« Il y a un certain niveau d’exigence sur l’environnement de nos postes , décrypte Lionel Salvayre, référent territorial Pays de la Loire chez Météo France. Il nous faut un parc d’au minimum 100 m², qu’il y ait le moins possible de bâtiments et d’arbres autour pour avoir une qualité objective. Ce sont des critères internationaux. »
L’arrosage des plantes de la ville fausse les chiffres
Impossible d’approcher les appareils, installés dans cet endroit interdit au public. On les observe donc de loin, par-dessus le portail vert du boulevard Auguste-Peneau. Les instruments de Météo France sont installés au bout d’un alignement de plantations, entretenues par les jardiniers municipaux. Et pour faire pousser ces végétaux, surtout quand il fait chaud, il faut les arroser. Un gros tuyau jaune traîne d’ailleurs tout près des capteurs.
Le météorologue le confirme : il est « vraisemblable » que l’arrosage des plantes de la ville de Nantes fausse les relevés. Heureusement, les algorithmes de Météo France parviennent à détecter les anomalies. Si le relevé des précipitations ne colle pas avec la situation météorologique, une alerte apparaît et un expert vérifie. Il dispose des vues satellites, qui donnent la couleur du ciel à l’instant T, ou encore des images du radar, qui enregistre l’intensité des précipitations dans une zone géographique.
Le compteur remis à zéro par un météorologue
Quelques jours après ce 30 juin 2025, un agent est donc intervenu depuis son ordinateur, pour remettre à zéro la quantité de pluie tombée à Nantes ce jour-là dans la base de données de Météo France. Mais certains sites internet privés, qui captent et diffusent les données des stations en temps réel, continuent à afficher le cumul de cette fausse pluie tombée malencontreusement dans le pluviomètre.