Les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 sont terminés, mais leur influence se fait encore ressentir dans l’ensemble du territoire francilien. À travers un vaste plan d’investissements, de réaménagements urbains, de projets environnementaux et d’initiatives sociales, les JO ont été bien plus qu’un événement sportif éphémère : ils ont été pensés comme un catalyseur de transformations durables.

De la rénovation des infrastructures sportives à la reconquête de la Seine, en passant par les enjeux d’emploi et de santé publique, les effets des Jeux 2024 s’inscrivent désormais dans la durée, et esquissent un nouveau modèle de développement pour la première région d’Europe.

Une dynamique urbaine et sportive

L’un des héritages les plus visibles des Jeux olympiques est sans conteste l’ampleur des transformations urbaines opérées dans les territoires franciliens. Le programme d’équipements sportifs a été démultiplié, notamment grâce au soutien de l’État à hauteur de 50 millions d’euros dans le cadre du plan « 5 000 équipements sportifs » : en tout, plus de 1 000 nouveaux équipements ont été construits entre 2022 et 2024.

© AP/Antonin Albert – Les structures dédiées au sport adapté ont connu une hausse de fréquentation de 35 %, un record historique.

Ces installations — terrains de basket 3×3, skateparks, murs d’escalade, piscines et gymnases — ont été implantées de façon ciblée dans les quartiers populaires, les communes rurales ou les zones carencées en offre sportive. À la Seine-Saint-Denis, qui a accueilli nombre de chantiers olympiques, ce rééquilibrage a eu un effet spectaculaire sur l’offre de proximité.

Mais au-delà des murs, ce sont les usages qui se sont transformés. “Durant les quatre mois qui ont suivi les JO, 72 000 nouveaux licenciés ont rejoint les clubs sportifs d’Île-de-France, avec une progression notable dans les disciplines olympiques comme le tennis de table, l’escrime ou encore le badminton. Un réelle progression du côté des femmes est à noter, avec 6% de nouvelles licences”, note Marie Barsacq, ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative. Les structures dédiées au sport adapté ont, elles, connu une hausse de fréquentation de 35 %, un record historique qui reflète le succès de l’organisation des Jeux paralympiques.

La ligne 14 et les mobilités durables comme vitrine

Les Jeux ont également joué un rôle majeur d’accélérateur pour le développement des mobilités franciliennes. Le prolongement de la ligne 14, inaugurée à l’été 2024, en est le parfait symbole : désormais, cette ligne automatique relie Saint-Denis à l’aéroport d’Orly en moins de 40 minutes, avec des trains toutes les 85 secondes en heure de pointe. Depuis son ouverture, elle accueille 150 000 voyageurs supplémentaires par jour, soulageant la ligne B du RER et désenclavant plusieurs quartiers de Seine-Saint-Denis.

© AP/Antonin Albert – Depuis son ouverture, la ligne 14 accueille 150 000 voyageurs supplémentaires par jour.

Cette modernisation s’inscrit dans la dynamique du Grand Paris Express, dont les lignes 15, 16 et 17 devraient entrer en service progressivement d’ici 2027. Parallèlement, les Jeux ont permis de développer un réseau cyclable structurant : 120 kilomètres de pistes ont été pérennisées, 12 000 places de stationnement vélo créées, dont 1 000 autour du Stade de France. “Les efforts pour fluidifier les transports et promouvoir les mobilités douces ont ainsi largement bénéficié aux habitants, bien au-delà de la période olympique”, s’est félicité Marc Guillaume, préfet de la région d’Île-de-France, préfet de Paris.

Le renouvellement urbain permis par les Jeux en Seine-Saint-Denis se traduit aussi par la réalisation de cinq nouvelles passerelles au-dessus d’axes de transport, visant à résorber des coupures pour les piétons et cyclistes tout en établissant de nouveaux marqueurs dans les villes.

Qualité de l’air et des eaux renforcée

L’un des projets les plus emblématiques de l’héritage écologique des Jeux est la dépollution de la Seine, rendue à la baignade grâce à un plan d’assainissement titanesque : 1,4 milliard d’euros d’investissements publics ont été mobilisés pour supprimer les rejets d’eaux usées dans le fleuve, construire des bassins de rétention, moderniser les réseaux d’assainissement. Résultat : la qualité de l’eau a atteint des niveaux historiques en 2024, permettant d’ouvrir trois zones de baignade dans Paris dès l’été 2025. La nette amélioration de la qualité de l’eau amènera la maire de Paris à ouvrir trois sites de baignade cet été dans la capitale. 

Mais ce chantier n’est qu’une facette d’une stratégie environnementale plus large : selon Airparif, la pollution de l’air en Île-de-France a été divisée par deux en vingt ans, avec une baisse de 55 % des particules fines et de 50 % du dioxyde d’azote entre 2005 et 2024. Cette amélioration est attribuée à la combinaison des politiques publiques locales — notamment la zone à faibles émissions (ZFE) — et des progrès technologiques dans les transports et le chauffage urbain. Toutefois, des disparités subsistent, en particulier près des grands axes routiers, et le respect des futures normes européennes en 2030 exigera des efforts supplémentaires. Si elles étaient déjà en vigueur aujourd’hui, 2,6 millions de Franciliens seraient encore exposés à des dépassements de seuils.

© AP/Antonin Albert – 1,4 milliard d’euros d’investissements publics ont été mobilisés pour rendre la Seine baignable. Un levier d’insertion professionnelle puissant

Au-delà des infrastructures, les Jeux ont constitué un levier d’insertion professionnelle puissant. Sur les 100 000 personnes mobilisées dans le cadre des préparatifs et de l’organisation des JO, 30 000 étaient des demandeurs d’emploi. Selon la Région Île-de-France, 96,5 % d’entre eux étaient encore en poste six mois après, dont 85 % en emploi durable.

Ce bilan sans précédent a bénéficié à des publics éloignés de l’emploi, notamment dans les domaines de la sécurité, de l’événementiel et de la logistique. Du côté du logement, les JO ont permis la conversion du village des athlètes en 2 800 logements durables à Saint-Ouen-sur-Seine, ainsi que la construction de 1 300 autres logements dans les villes voisines.

Un programme complémentaire a également relogé durablement 263 personnes sans-abri, démontrant que l’événement pouvait aussi répondre à des enjeux sociaux majeurs. Enfin, “des dispositifs d’inclusion pour les publics en situation de handicap ont été expérimentés puis pérennisés, en particulier dans l’accès à la culture, au sport et aux services publics”, explique le préfet de la Région.

Des bénéfices de Santé publique et biodiversité

La pollution de l’air, bien qu’en recul, reste un enjeu de santé publique majeur. En 2019, elle était encore responsable d’une perte moyenne de 10 mois d’espérance de vie par adulte en Île-de-France.

Selon les projections d’Airparif et de l’ORS-IDF, le respect des normes de qualité de l’air recommandées par l’OMS permettrait d’éviter jusqu’à 7 900 décès prématurés par an dans la région. Par ailleurs, la reconquête écologique a aussi eu des effets bénéfiques sur la biodiversité : la Seine abrite aujourd’hui 36 espèces de poissons contre 14 en 1990, et des espèces pollinisatrices réapparaissent dans les espaces urbains végétalisés. Les pertes agricoles liées à l’ozone de basse altitude pourraient aussi être réduites grâce à la poursuite des politiques actuelles. Autant de bénéfices invisibles à court terme, mais décisifs à long terme.

Renforcer l’ancrage de la culture

Au cœur du projet olympique, la culture n’a pas été reléguée au second plan. Bien au contraire, les Jeux de Paris 2024 ont permis de renforcer l’ancrage de la culture dans les politiques territoriales franciliennes. Près de 400 événements culturels ont été organisés dans le cadre de l’Olympiade culturelle entre 2022 et 2024, touchant toutes les disciplines artistiques : théâtre, arts visuels, musique, danse, cinéma, street art…

Les grands musées parisiens, à commencer par le Louvre, le musée d’Orsay ou le Centre Pompidou, ont adapté leurs programmations pour faire dialoguer art et sport, et de nombreux lieux culturels de banlieue ont profité d’un regain d’intérêt du public. Le festival « En scène pour les Jeux », coorganisé avec la région Île-de-France, a permis à des centaines d’artistes locaux de se produire dans l’espace public ou dans des équipements rénovés à cette occasion.

© AP/Antonin Albert – Les grands musées parisiens ont adapté leurs programmations pour faire dialoguer art et sport.

Les retombées sont tangibles : fréquentation en hausse dans les établissements, nouvelles pratiques culturelles dans les quartiers populaires, mais aussi une meilleure prise en compte de l’accessibilité et de l’inclusion dans les événements culturels — un legs qui dépasse le seul temps olympique.

Un changement de regard durable sur le handicap

L’organisation des Jeux paralympiques de Paris 2024 a marqué un tournant dans la reconnaissance du sport pour les personnes en situation de handicap en Île-de-France. Les investissements réalisés pour garantir l’accessibilité des sites et des transports (stations adaptées, signalétique universelle, formation des personnels) ont permis une amélioration structurelle qui bénéficiera à long terme aux 1,4 million de Franciliens concernés par un handicap.

Les Jeux ont également contribué à une prise de conscience plus large : en 2024, plus de 500 000 spectateurs ont assisté aux épreuves paralympiques dans la région, avec un record de fréquentation au Stade Charléty. Cette visibilité s’est traduite par une augmentation de 20 % des inscriptions dans les clubs de handisport régionaux. L’héritage paralympique est aussi symbolique : la Région a soutenu la création de dispositifs pédagogiques dans les écoles, de formations à l’accueil inclusif pour les professionnels de la culture et du sport, ainsi que des campagnes de communication pour changer les représentations. En cela, Paris 2024 a été un moment de bascule dans la construction d’une société plus inclusive.

Sécurité des JO : la France redore son blason

Deux ans après le fiasco de la finale de la Ligue des champions 2022 au Stade de France, l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 représentait un défi sécuritaire majeur pour les autorités françaises. Attendue au tournant, la France a su relever le gant : aucun incident notable n’a entaché le bon déroulement des compétitions, saluées tant par les délégations étrangères que par les observateurs internationaux.

“Nous avons montré au monde notre capacité à organiser de grands événements”, se félicite le préfet de police Laurent Nuñez. Selon lui, le dispositif mis en place a non seulement rassuré les participants, mais aussi renforcé la crédibilité de la France en matière de gestion de la sécurité. “Le degré de confiance des services étrangers, notamment pour l’accueil de personnalités de haut rang, a nettement progressé”, observe-t-il.

Cette réussite dépasse le seul cadre olympique : plusieurs pays ou organisations internationales ont déjà sollicité l’expertise française pour la gestion de leurs propres événements, témoignant d’une reconnaissance accrue sur la scène internationale.