Quel est l’impact de l’IA sur votre secteur? Voici la question à laquelle les professionnels du tourisme de notre territoire étaient invités à répondre lors de l’enquête lancée par les chercheurs de l’université Côte d’Azur Adel Ben Youssef et Adelina Zeqiri. Pendant 10 mois, une trentaine d’acteurs du tourisme se sont prêtés au jeu : de l’hôtelier à l’administratif, en passant par les fournisseurs.
« Nous avons séparé le questionnaire en deux parties, explique Adelina. Dans un premier temps, nous avons cherché à comprendre leurs pratiques et comment l’IA permettait de personnaliser l’expérience touristique. »
Des pratiques disparates
Les acteurs du secteur reconnaissent déjà utiliser l’intelligence artificielle. Certaines structures comme l’office de tourisme de Menton, font même état de pratique intégrée avancée. Campagnes ciblées, recommandations personnalisées, applications, les équipes recourent volontiers à l’IA pour améliorer leur offre.
« Mais des réticences existent, notamment par rapport au coût environnemental de l’intelligence artificielle », constate Adelin Zeqiri. De nombreux professionnels craignent également de perdre leur emploi, poursuit la chercheuse.
Un levier de croissance
L’IA peut-elle être un levier de croissance? « Ce qui est sûr, c’est que l’université nous a demandé d’accroître notre recherche en matière d’IA », explique Adel Ben Youssef. Le territoire azuréen, qui abrite également le laboratoire de recherches 3IA, qui travaille sur le sujet de manière interdisciplinaire depuis 2019.
« On est obligé de s’intéresser à cette thématique », poursuit Adel Ben Youssef. Des tâches vont être automatisées, de nouveaux métiers vont émerger. « Prenez le secteur de la téléphonie mobile, avec toutes les opportunités que le support portable présente. L’entrée principale vers l’information touristique, c’est le téléphone, forcément cela va avoir un impact. »
Adeline Zeqiri et Adel Ben Youssef sont chercheurs à l’université Côte d’Azur et étudient l’impact de l’IA dans le tourisme. Photo Flora Zanichelli.
Du tourisme de masse au tourisme sur-mesure
« L’exploitation des données devrait permettre de mieux gérer le touriste, poursuit Adel Ben Youssef. On pourra passer d’un tourisme de masse à un tourisme sur-mesure. » Orienter selon les préférences, mais aussi, réguler le coût, par exemple, « énergétique » des visiteurs.
« Dans certains hôtels, on a fait des économies, en régulant l’allumage des lumières, là où il y a peu de passage par exemple », remarque Adelina Zeqiri. Par une analyse fine et rapide des données, l’IA est capable non seulement de trouver les points faibles des installations touristiques, mais également de proposer des solutions pour y remédier.
Visée environnementale
« L’IA peut permettre aussi de réduire l’impact environnemental du tourisme », commente Adeline Zeqiri. En répartissant mieux les flux de touristes pour éviter une pression trop forte à certains endroits. L’intelligence artificielle peut alors suggérer directement au visiteur des itinéraires alternatifs.
Des outils existent, en lien avec des opérateurs, comme Flux Vision, développé par Orange, qui permet d’analyser en temps réel la fréquentation d’un département entier et qui devrait être utilisée de manière prédictive pour préparer des événements comme les férias d’Arles.
« Cela permet de réduire les nuisances liées au transport et au trafic, par exemple, explique Adel Ben Youssef. Mais également, de valoriser des lieux moins connus, comme l’arrière-pays niçois. » L’occasion aussi, de rééquilibrer les retombées économiques du tourisme… au-delà d’un littoral souvent bondé. « Pour un territoire comme la Côte d’Azur, le tourisme est un enjeu particulièrement important et un état des lieux des pratiques est nécessaire pour agir plus finement », explique Adel Ben Youssef.
Les deux chercheurs continuent leurs recherches et tout professionnel du tourisme désireux de partager ses pratiques ou expériences peut les contacter aux adresses mail suivantes : adelinazeqiri.mk@gmail.com ou adel.ben-youssef@univ-cotedazur.fr.