Pour l’instant, les seuls étudiants que l’on croise au 42, rue Émile-Ollivier sont ceux qui viennent clarifier leur dossier de sécurité sociale. L’immense bâtiment de La Rode, dit Le Corbeau pour les intimes, récemment déserté par la Caisse d’allocations familiales (CAF) partie à la Loubière, accueille toujours quelques centaines d’agents de la CPAM et de l’Urssaf (1). Mais plus pour longtemps. Et à terme, c’est bien une résidence universitaire qui va investir une bonne partie des 19.000m2 (!) de plancher de l’immeuble de grande hauteur, construit au milieu des années 1970.
L’information avait été éventée en février. Lors du conseil municipal qui s’est réuni jeudi dernier, le dossier a été détaillé. « On ne fera pas de logement social à La Rode », a d’emblée tenu à préciser la maire Josée Massi, répondant là à une crainte souvent exprimée par les habitants de ce quartier urbain relativement dense.
Des « commerces à vocation de santé » en rez-de-chaussée
Par contre, 180 logements étudiants – des T1 – vont être réalisés à cet endroit, ainsi que 26 logements en accession à la propriété et 84 logements locatifs intermédiaires. « Le LLI s’adresse à des ménages qui travaillent, qui ne sont pas éligibles aux HLM, mais pour qui les prix élevés du secteur privé sont un frein », explique Mohamed Mahali, élu en charge de l’urbanisme.
Tout ça ne devrait pas voir le jour à très brève échéance. D’abord parce que le déménagement des organismes de la sécurité sociale, à nouveau repoussé, n’est plus programmé avant le premier semestre 2026. Ensuite car les travaux nécessaires à la transformation du bâti, sans doute l’un des plus grands de toute la ville et dont on dit qu’il contiendrait des quantités non négligeables d’amiante, s’annoncent colossaux.
En 2023, la société d’économie mixte Var aménagement développement (VAD) avait acquis les lieux, auprès de l’Union immobilière des organismes de sécurité sociale (UIOSS), pour six millions d’euros. C’est elle qui sera en charge du changement de destination du site, avec le concours du cabinet Flex Architectes.
Au menu des techniciens, pas avant 2027, donc: extension des étages 13 et 14 entraînant une surélévation du bâti existant jusqu’à 60mètres, démolition de certains éléments de façade, tels les brise-soleil, escaliers en pignon, structures techniques en toiture, etc. Au total, 22 millions d’euros seront consacrés au remplacement des bureaux par les 291 logements, tous types confondus. Mais pas seulement.
Quatre commerces sont aussi prévus en rez-de-chaussée, ainsi que le note le permis de construire. Quel type? « Des commerces à vocation de santé », a insisté Josée Massi en conseil municipal, laquelle a évoqué « des besoins impératifs » en la matière. Singulièrement, la première magistrate a en outre assuré que « l’architecture particulière » du bâtiment, mastodonte de béton armé dont les lignes brutalistes n’ont franchement rien à envier à certaines constructions soviétiques, sera « respectée ».
Inauguration en 2029?
« Cela ressemblera, en termes d’offre de logements universitaires, à ce que nous avons fait l’an dernier à côté du lycée Dumont d’Urville », souligne Mohamed Mahali. Avenue Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, ce sont 200 « studios de standing » qui ont été construits, augmentant déjà substantiellement l’offre pour les étudiants toulonnais, dont le nombre ne cesse de s’accroître. Pendant les vacances d’été, ces mêmes logements vides sont mis à disposition des travailleurs saisonniers, ce qui sera aussi le cas à La Rode. Pour l’opération concernant ce quartier, un parking souterrain serait envisagé.
À noter que la Ville participera à la réalisation de ce programme immobilier, à hauteur de 900.000 euros, histoire de pouvoir minorer sa pénalité financière prévue dans le cadre de la loi SRU et ses quotas de 25% de HLM. Une fois les logements étudiants acquis par la société CDC-Habitat social, leur gestion pourrait ensuite être confiée au Crous. D’après l’adjoint au maire, il y en aurait pour vingt-trois mois de travaux, ce qui fixerait l’inauguration à l’année 2029.
1. Caisse primaire d’assurance maladie et Union de recouvrement des cotisations de sécurité sociale et d’allocations familiales.