Par

Inès Cussac

Publié le

30 juil. 2025 à 16h14

L’été est compliqué pour les utilisateurs de Vélib’ cette année. Entre les stations vides, les vélos défaillants ou impossibles à détacher de leur borne d’accroche… Pour pédaler à Paris et en Île-de-France, mieux vaut s’armer de patience. À moins que les algorithmes ne viennent s’ajouter à l’équation. Alors qu’ils ne se connaissaient pas, deux jeunes parisiens ont collaboré pour mettre au point l’application Velibest permettant aux usagers de trouver la perle rare : un Vélib’ en état de rouler.

Établir un diagnostic des Vélib’

« Le service fait face depuis plusieurs semaines à un niveau de dégradations inhabituellement élevé ainsi qu’à des pratiques frauduleuses bien organisées », reconnaissait l’Agemob auprès actu Paris mi-juillet. Selon l’agence qui gère les vélos partagés en région parisienne, 16 508 Vélib’ étaient disponibles en station sur une flotte globale de 20 000. De quoi titiller Pierre, qui n’a pas attendu cette ampleur de difficulté pour lancer son projet. « J’ai exploité une faille de sécurité pour tracker minute par minute la position de chaque Vélib’ depuis deux ans et j’ai analysé plus de 100 millions de trajets pour répondre de manière scientifique à la question suivante : quel est le meilleur Vélib’ ? » relate-t-il en voix off de sa vidéo publiée sur Youtube il y a un mois et dans laquelle il explique sa démarche.

En s’aidant de l’intelligence artificielle pour coder son programme et en utilisant les données disponibles en ligne, il a décortiqué toutes les informations de chaque Vélib’ afin d’établir un diagnostic allant du pire au meilleur. Sont analysés : la vitesse moyenne sur un trajet donné, le temps resté attaché à la borne et l’estimation de la batterie.

De quoi, cette fois-ci, titiller Thomas. Ce développeur web a regardé attentivement la vidéo Youtube de Pierre avant de plancher à son tour. En reprenant les données collectées et traitées par ce dernier, il a mis au point une application consultable par tous en temps réel. « Je n’étais même pas utilisateur actif des Vélib’, avant d’avoir vu la vidéo de Pierre. C’est plutôt le côté technique qui m’a motivé, car il y avait la possibilité de faire quelque chose qui soit utile. Ce qui a créé un engouement, quand je vois les statistiques de l’utilisation de l’application », indique-t-il auprès de France 3 Île-de-France.

Un moyen de faciliter la vie des usagers

Grâce à la collecte de données, c’est la vie des usagers qui est facilitée. Mais cela n’a pas été sans questionnements de la part des deux analystes en herbe, soucieux d’un éventuel sursaut du gestionnaire de Vélib’. « Cela a été une de nos plus grandes préoccupations à la base », reconnaît Thomas auprès de France 3. « Est-ce qu’on ne risquait pas justement d’avoir une réaction de Vélib’ qui risque de nous bloquer l’accès aux données, ou de prendre potentiellement des mesures ? Il a finalement été décidé de donner de la visibilité à ce projet, quitte à ce que Vélib’ réagisse et tue le projet. Cela montrera au moins qu’on a essayé de le partager au plus de personnes possibles, le temps que ces situations durent. »

Si elle n’est pas bloquée par les gestionnaires de vélos en libre-service, cette innovation pourrait en revanche bénéficier d’un sérieux coup de pouce. Dans le quartier des Batignolles à Paris (17e), la mairie a lancé un programme -en expérimentation pendant cinq ans pour l’instant- afin de collecter plusieurs types de données permettant in fine de proposer de nouveaux services aux habitants. 160 capteurs ont été installés dans 26 rues afin de prendre en compte l’emprise des zones de stationnement, le comptage des véhicules et des piétons ainsi que la mesure du niveau sonore et de la gradation lumineuse. Et si l’état des Vélib’ était lui aussi analysé ?

Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.