Un séisme de magnitude 8,8, le plus puissant dans la région en près de 73 ans, est survenu dans la nuit de mardi à mercredi 30 juillet au large de la péninsule russe du Kamtchatka. Il a provoqué des tsunamis en Russie et au Japon et déclenché des alertes dans presque tous les pays riverains du Pacifique, de Hawaï jusqu’au Japon. Si plusieurs personnes ont été blessées légèrement en extrême-Orient russe, selon des médias locaux, aucun des pays concernés n’a fait état de morts.
Selon l’institut géophysique américain (USGS), le séisme est survenu à 1 h 24 (heure de Paris) à 20,7 km de profondeur, à 126 km au large de Petropavlovsk-Kamtchatski, capitale du Kamchatka, dans l’Extrême-Orient russe. L’état d’urgence a été décrété dans cette partie du pays par les autorités ; l’alerte a été levée à la mi-journée en Russie, de même qu’au Japon ou encore à Hawaï ainsi qu’en Polynésie française en début de soirée.
De premières vagues ont touché l’archipel des Marquises, en Polynésie française, mais l’alerte a été levée par les autorités, plusieurs heures après le puissant séisme survenu dans le Pacifique au large de la Russie.
Plusieurs vagues d’une hauteur de 1,5 mètre ont commencé à toucher l’île de Nuku Hiva (3.000 habitants) entre 2 heures et 5 heures heure locale, dans l’archipel des Marquises, a indiqué le Haut-Commissariat de Polynésie lors de son dernier point d’information. «On n’a eu aucun dégât, aucune victime et une bonne organisation grâce à l’activation efficace des plans de sauvegarde», a souligné sur place auprès de l’AFP Anny Pietri, cheffe de la subdivision des Marquises, après un point avec les mairies des trois îles les plus touchées, où 700 des 6 119 habitants avaient été mis en sécurité. «Ils ont bien suivi les consignes», a-t-elle précisé.
Depuis ces premiers impacts de l’onde océanique, le Laboratoire de géophysique (LDG) aux Marquises observe une «atténuation des oscillations», ce qui justifie «la levée de l’alerte sur terre», a indiqué le Haut-Commissariat dans un communiqué. «La population peut regagner son lieu de vie habituel, tout en évitant les côtes ainsi que les rivières et vallées, et en faisant preuve de précaution», a souligné le représentant de l’Etat sur l’archipel, qui maintient toutefois l’interdiction des activités nautiques dans les Marquises.
Les habitants des zones menacées avaient été prévenus en amont et avaient pu évacuer leurs maisons. Sur X, le président de la République Emmanuel Macron avait affirmé que «tous les services de l’État sont mobilisés pour protéger» les habitants des îles des Marquises. «J’en appelle à la vigilance : suivez les consignes des autorités locales. Tout mon soutien aux Marquisiens et à l’ensemble de nos compatriotes du Pacifique», avait-il ajouté.
Le Haut-Commissariat avait dans un premier temps indiqué que la vague mesurerait entre «1,10 m et 2,20 m» de hauteur, puis avait revu cette prévision à la hausse annonçant cette fois l’approche d’une vague de 4 m avant de revoir à nouveau ses estimations. Dans les prochaines heures, a désormais affirmé le Haut-Commissariat, une seconde lame doit apporter des vagues «d’une hauteur moindre», estimées à «50 cm».
Après le séisme et des tsunamis successifs, l’alerte a été levée par les autorités dans le Kamtchatka, région extrême-orientale de la Russie qui a été secouée par le puissant séisme cette nuit. La magnitude de 8,8 est la plus forte enregistrée sur le territoire depuis le 5 novembre 1952, quand un séisme de magnitude 9 avait déclenché des tsunamis dévastateurs dans tout l’océan Pacifique.
Dans le port de Severo-Kourilsk, dans le nord de l’archipel russe des Kouriles, les rues ont été submergées et une partie des 2000 habitants ont été évacués. «La quatrième vague de tsunami est en train de déferler. La vague est très grosse, tout est inondé, la côte entière est inondée, a témoigné un habitant dans une vidéo publiée ce mercredi matin par le média russe Izvestia. L’eau s’est retirée une fois encore, et elle va revenir maintenant. Le port et les usines de la côte sont complètement détruits.»
Selon le maire de la ville cité par l’agence d’Etat russe Tass, un des tsunamis a entraîné vers le large des navires au mouillage après avoir arraché leurs ancres.
«Nous avons tous couru en sous-vêtements avec les enfants. Heureusement nous avions préparé une valise», a raconté à la chaîne publique Zvezda une habitante du Kamtchatka, une des zones sismiques les plus actives de la planète, au point de rencontre entre les plaques tectoniques du Pacifique et Nord-Américaine. «C’est la première fois que je vis un tremblement de terre aussi puissant depuis que je suis adulte, a-t-elle poursuivi. J’ai fondu en larmes. C’était très effrayant.»
Plus tard dans la journée, le volcan Klioutchevskoï, situé sur la péninsule russe du Kamtchatka, est également entré en éruption. «Une coulée de lave en fusion est observée sur le versant ouest. Une puissante lueur au-dessus du volcan et des explosions», écrit sur Telegram le Service russe d’études géophysiques, sans préciser si des dégâts avaient été recensés dans l’immédiat. L’organisme n’a toutefois pas fait de lien entre le puissant séisme et l’éruption ce volcan d’Eurasie, figurant parmi les plus grands actifs au monde.
Le Japon a rétrogadé les alertes au tsunami pour de nombreuses régions, selon le bureau météorologique. Plus tôt, un tsunami de 1,30 mètre a atteint un port dans le département de Miyagi, dans le nord du Japon, à 6 h 52, a indiqué l’agence météorologique japonaise (JMA). Des images en direct à la télévision ont montré des personnes évacuant en voiture ou à pied vers des zones plus élevées, notamment dans l’île septentrionale de Hokkaido, où un premier tsunami haut de 30 cm avait été observé. Un présentateur de la télévision publique NHK a exhorté les habitants à fuir les côtes : «Evacuez immédiatement pour sauver vos vies.»
Les employés de la centrale nucléaire de Fukushima (nord), détruite par un puissant séisme et un tsunami en mars 2011, ont été évacués, a indiqué son opérateur.
«Des tsunamis frapperont à répétition. Ne vous aventurez pas en mer et ne vous approchez pas des côtes tant que l’alerte n’est pas levée», a averti l’Agence météorologique japonaise (JMA), qui a prévu des vagues de 3 mètres. «Les habitants des régions où des alertes ont été émises doivent immédiatement évacuer vers des endroits sûrs, zones surélevées ou bâtiments d’évacuation», a insisté le porte-parole du gouvernement japonais, Yoshimasa Hayashi.
L’alerte japonaise porte sur toute la côte nord et est de l’archipel, jusqu’au sud d’Osaka, ainsi que sur les petites îles périphériques. Au-delà, ainsi que dans les baies de Tokyo et d’Osaka, le tsunami pourrait atteindre un mètre.
La Chine a elle aussi émis une alerte au tsunami pour plusieurs zones de sa côte. «Sur la base des derniers résultats d’alerte et d’analyse, le Centre de prévention des tsunamis du ministère des Ressources naturelles a déterminé que ce séisme a déclenché un tsunami, lequel devrait causer des dégâts dans certaines zones côtières de la Chine», a indiqué le Centre de prévention dans un communiqué.
Les Philippines, elles, ont exhorté les habitants de la côte est à se déplacer vers l’intérieur des terres et ont conseillé aux pêcheurs déjà en mer de rester au large en eaux profondes.
Les autorités du comté de Hawaï ont levé mercredi l’ordre d’évacuation des zones côtières menacées d’inondations. «Soyez prudent lors de votre retour et faites attention aux dégâts», a indiqué le département de la protection civile du comté de Hawaï dans un message publié sur X, peu après que le centre d’alerte du Pacifique a rétrogradé son alerte initiale à un simple avis de tsunami, estimant que les vagues générées ne constituaient plus une menace.
Auparavant, le gouverneur de l’Etat, Josh Green, avertissait : «Les gens ne doivent pas, et je le répète encore une fois, ne doivent pas, comme nous l’avons vu par le passé, rester près du littoral ou risquer leur vie juste pour voir à quoi ressemble un tsunami. Ce n’est pas une vague ordinaire. Si vous êtes frappé par un tsunami, il vous tuera.»
Les Etats-Unis ont émis une série d’alertes de différents niveaux le long de la côte ouest nord-américaine de l’Alaska jusqu’à toute la côte californienne, où des alertes au tsunami ont été diffusées sur les téléphones portables.
Plus au sud, le Pérou et le Mexique ont déclaré l’alerte au tsunami sur leur littoral, de même que la Colombie et l’Equateur. «Cet événement génère une alerte au tsunami sur le littoral péruvien», a écrit la marine du pays sur son compte X, quand celle du Mexique a dit s’attendre, dans un rapport, à des «courants forts à l’entrée des ports», de l’Etat de Basse-Californie (Nord-Ouest) jusqu’au Chiapas (Sud), sur la côte ouest du pays.
La Colombie a ordonné tôt mercredi aux habitants d’évacuer les plages et zones côtières de deux départements bordés par le Pacifique, Chocó et Nariño. «Il est recommandé d’évacuer préventivement les plages et les zones littorales» dans ces deux régions, a écrit sur X l’Unité nationale pour la gestion des risques de catastrophes.
Les autorités équatoriennes ont pour leur part ordonné l’«évacuation préventive» du littoral des îles Galapagos. Le secrétariat chargé de la prévention des risques a ordonné «la suspension immédiate des activités maritimes, ainsi que l’évacuation préventive des plages, quais et zones basses» de l’archipel, situé à 1 000 km du continent, selon un communiqué. L’Equateur qui a fait évacuer les plages et les ports de l’archipel des Galapagos.
Des tsunamis de 1 à 3 mètres sont également possibles au Chili ou au Costa Rica.
Mise à jour à 9 h 34 avec plus d’éléments ; à 10 h 58 avec la situation en Colombie ; à 11 h 14 avec la Polynésie française et l’alerte rétrogradée à Hawaï ; à 12 h 20 avec le nouveau communiqué sur les Marquises et l’alerte rétrogradée au Japon ; à 13 h 30 après la levée de l’alerte russe ; à 17 h 30 appel à la vigilance de Macron et éruption d’un volcan russe.