« Les négociations avec les États-Unis ne font que commencer sur la base de l’accord qui a été mis en place dimanche », a affirmé le ministre de l’Économie, Éric Lombard, à l’issue d’une réunion d’environ 2 h 30, mercredi, à Bercy, qui rassemblait autour de la table une partie du gouvernement, les représentants patronaux et des secteurs économiques. Peu d’annonces concrètes sont ressorties de cet échange à huis clos, à part la création d’un site internet à destination des entreprises et l’engagement de transmettre les doléances des secteurs touchés par les surtaxes douanières américaines à la Commission européenne la semaine prochaine.

L’accord douanier USA/UE prévoit une taxation généralisée de 15 % sur les produits européens arrivant sur le territoire américain, sauf exceptions, notamment pour l’aéronautique qui sera exemptée. La France « pousse » pour que les vins et spiritueux soient eux aussi exemptés, a affirmé le ministre délégué au Commerce extérieur Laurent Saint-Martin, qui, évoquant l’excédent américain en matière d’échanges de services avec l’UE, a aussi appelé à ne pas avoir de « tabou ». Il faut, selon lui, envisager d’élargir la discussion pour inclure biens et services à la fois, alors que le président américain justifie sa croisade commerciale en invoquant uniquement un déséquilibre UE/USA sur les échanges de biens au détriment des États-Unis.

Des points qui doivent être éclaircis

« Selon toute probabilité, il pourrait y avoir un accord « zéro pour zéro » pour les spiritueux, mais pour les vins, nous n’en savons rien », a indiqué la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, également parmi les ministres présents à cette rencontre, à l’issue des discussions. « Cette réunion nous a permis d’exprimer à un plus haut niveau nos demandes », a indiqué le directeur général de la fédération des entreprises de beauté FEBEA (cosmétiques…), Emmanuel Guichard, alertant sur le risque d’« une perte de 300 millions d’euros » et de « 5 000 emplois directs et indirects » à cause de la taxation à 15 %. Également présents à cette réunion, la CPME et U2P côté patronal ; France Industrie, Fédération bancaire française ou encore France Assureurs, entre autres, côté fédérations.

Un peu plus tôt, à son arrivée à Bercy, le patron du Medef Patrick Martin a estimé qu’il y avait « sectoriellement beaucoup de points qui méritent d’être éclaircis » après les annonces de dimanche et fait part de sa « déception » concernant l’accord conclu. Il a aussi dit ne pas attendre « de soutien financier sectoriel, sauf peut-être pour le vin », dont la France est une grande exportatrice, en cas de taxation à 15 % au bout du compte.

« Pas forcément plus rassuré »

« On a des inquiétudes très importantes. On est en train de détruire des pans entiers de notre économie (…) Et qu’est-ce que nous propose le ministre ? C’est un site internet. On a de la chance, on a pu penser un moment avoir un numéro vert ou un numéro de Minitel… », a fustigé le député socialiste de l’Eure Philippe Brun, interrogé par BFMTV.

Le vice-président de la CPME, Dominique Chargé, a dit mercredi soir sur Europe 1 qu’il ne sort « pas forcément plus rassuré » de la réunion à Bercy, mais « avec quelques précisions ». Éric Lombard a redit à Bercy, mercredi, le « soulagement d’avoir évité une escalade commerciale » malgré la « déception qu’on arrive à un accord à 15 % ». Concernant l’aide aux entreprises, le ministre de l’Économie a rappelé mercredi les efforts du gouvernement en matière de « simplification des normes, de simplification de l’accès au financement ».