Pour tous les fans de BD, Natacha incarne l’aventure, l’action, les vols, les voyages et un esprit de répartie vif. Mais avant de devenir l’hôtesse de l’air la plus charmante de l’histoire du 9e art, que faisait-elle ? Voilà la question que s’est posée la réalisatrice Noémie Saglio, révélée par Connasse, princesse des cœurs. Et la réponse n’est pas des plus réjouissantes.
Bien trop moderne pour les années 60 (« La discrimination n’existe pas en 1963 », lui rétorque-t-on avec un joli sens de l’anachronisme lorsqu’elle évoque l’égalité des sexes), Natacha (Camille Lou) ne rêve que de s’envoyer en l’air. Année après année, elle passe les castings pour devenir hôtesse. Sans succès : « trop grande », « cheveux trop plats », « pas le physique adéquat », toutes les excuses sont bonnes pour la recaler. Il en faut pourtant plus pour la décourager. Se substituant à une collègue enceinte, l’occasion de pouvoir prendre place dans l’avion se présente enfin lorsque des voleurs débarquent sur le tarmac pour enlever la Joconde. Pas question de laisser son rêve s’envoler : elle s’accroche au tableau et se retrouve prise en otage, avec le pleutre et dénigrant Walter (Vincent Dedienne).
Difficile de retrouver l’esprit de la BD de Walthéry dans ce préquel trop dénué d’humour. Natacha se retrouve systématiquement attaquée sur son physique (« Elle est laide » ou « Je suis en train de me débarrasser de la moche »), l’intrigue se complaît dans le simplisme, les personnages secondaires tiennent avant tout de la caricature (un ministre campé par Didier Bourdon veut tirer toute la gloire du sauvetage de la Joconde, dont Isabelle Adjani incarne avec pas mal de dérision une descendante mafieuse) et les dialogues manquent souvent de sel.
Pour autant, tout n’est pas à jeter dans cette comédie globalement distayante. Camille Lou multiplie les déguisements et les références cinématographiques (notamment à Mission : Impossible), elle passe du train (avec des cochons) au side-car, au bateau et à l’avion à un rythme soutenu, et, surtout, Noémie Saglio a la bonne idée de faire commenter l’action en voix off par Fabrice Luchini. Des commentaires rétrogrades, bien dans l’esprit des années 60, que les protagonistes entendent ! Et cela les énerve. Cela donne au film un petit côté télé-réalité actuelle assez réussi.
Sans briller, Natacha (presque) hôtesse de l’air fait donc partie de ces nombreux divertissements à regarder avec le sourire un vendredi soir à la télévision plutôt qu’au cinéma.
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