Dans le parcours de Nubya Garcia, le Nice Jazz Fest est un rendez-vous important. En 2019, elle y avait déjà pris part, au Théâtre de Verdure, un peu avant Christian McBride. Cette année, elle était de retour, sur la même scène, et le contrebassiste américain était encore programmé plus tard dans la nuit. Joli clin d’œil. « Je me souviens très bien de cette date, le concert était génial. C’est bon d’être de retour », nous expliquait-elle samedi dernier, une bouteille de boisson énergisante dans la main.
En cinq ans, la saxophoniste a fait du chemin. Après Source, un album remarqué, elle a présenté Odyssey, en 2024. « Je suis très heureuse de voir que ça avance, je ne prends jamais rien pour acquis », poursuit la Londonienne de 34 ans.
Étant donné que les femmes instrumentistes opérant en tant que leaders ne sont quand même pas légion, on lui demande comment la bascule s’est opérée dans son esprit. « En fait, j’étais très contente d’être une sidewoman. J’ai dû faire partie de sept ou huit groupes. Et puis, j’ai commencé à faire quelques concerts de mon côté, à contacter des amis pour me rejoindre. Ensuite, je me suis mise à écrire de la musique. Le processus a été naturel, très lent. »
Après Montreux et Nice, Newport
Sans doute le temps pour Nubya Garcia, dont la mère est native du Guyana et le père ayant des racines à Trinité-et-Tobago, de tirer le meilleur de ses influences, entre jazz spirituel des années 1960, afrobeat et sonorités caribéennes, reggae compris. « J’essaie d’être aussi ouverte que possible quand j’écoute et que je crée. Je me sens comme quelqu’un qui entrerait dans une bibliothèque, y lirait des tonnes d’ouvrages, de genres et d’époques différents. Je guide la musique, mais je laisse aussi la mélodie et l’harmonie me porter. »
Durant ce bel été, qui l’a déjà menée vers Montreux et Nice, Nubya Garcia aura aussi l’occasion de se produire au Newport Jazz Festival, temple de la note bleue. À tête reposée, elle pensera aussi à ses projets de composition de bandes originales. Après avoir œuvré pour les séries Ted Lasso et Atlanta, ainsi que le jeu vidéo Fortnite, elle aimerait reproduire l’expérience avec encore plus d’ambition, sans doute pour le cinéma. « J’ai beaucoup d’idées. Et pas forcément dans le registre où on pourrait m’attendre. »