« On va tenter le coup! »

Mardi 29 juillet 2025, il est 20 heures tapantes quand Élisabeth et Wilfrid, 67 et 55 ans, s’avancent vers la plage de la Réserve.

« On sait que normalement ça ferme à cette heure-ci mais on espère que les agents municipaux viendront plus tard et qu’on aura le temps de se baigner. Ça devrait être bon, ils arrivent généralement un peu plus tard l’été et heureusement. »

Ils sont loin d’être les seuls à avoir eu la même idée car il y a encore beaucoup de monde en contrebas, près de l’eau. Des familles qui se rafraîchissent en mangeant un bout, quelques touristes mais relativement peu car le spot n’est pas très connu et surtout un peu éloigné des zones où l’activité est bouillante.

Wilfrid est tout de même agacé: « Il faudrait fermer plus tard les plages de la Réserve et Coco Beach. Quand on vit en appartement, sans extérieur on a besoin de ces endroits. Et encore, ce n’est pas la canicule en ce moment mais lorsque ça arrive, on a envie de se baigner en soirée. »

Un homme de 30 ans qui préfère garder l’anonymat est, lui, carrément en colère: « Pendant la canicule fin juin, alors qu’on souffrait beaucoup de la chaleur, les policiers sont venus nous déloger à 22 heures. Ma copine et moi, on est partis sans rien dire mais il y avait un papa avec ses enfants qui était fou de rage. Il s’est défendu en leur disant qu’il faisait très chaud et qu’ils pourraient laisser les gens se rafraîchir. Il a raison ce monsieur! »

Globalement, les Niçois plaident pour repousser l’heure limite sans pousser au bout de la nuit. Isabelle, 40 ans, réside dans les hauteurs de Riquier : « Nous venons très régulièrement pour avoir un peu de fraîcheur et simplement pour sortir de chez nous. En plus, ça occupe les enfants. Ça fait une semaine qu’on est là chaque soir jusqu’à environ 21h30. » « Ce ne serait vraiment pas cool de nous demander de partir à 20 heures pile », embraye Simone avec son accent Italien.

Ce papa de 44 ans tend une serviette à son fils, Luca, 7 ans, qui sort de l’eau. Le bambin explique: « J’aime bien me baigner là, il n’y a pas de grosses vagues ».

« 20 heures, c’est trop tôt en plein été »

Marilou, petite trentaine, pose régulièrement sa serviette en fin de journée. « Je ne pars pas très tard mais tout de même après 20 heures et je n’ai pas vu de policiers pour l’instant. Mais ça doit bien fermer à un moment puisque le matin ça l’est. D’ailleurs, les grilles ne sont pas toujours ouvertes à 7 heures alors que c’est l’horaire indiqué sur le panneau. »

Élisabeth l’a constaté aussi: « Ça m’est arrivé de venir à 8h30 et c’était encore verrouillé ».

Sarah, 45 ans, achève sa semaine de vacances. « Je viens de Bretagne ça m’a surpris d’apprendre qu’une plage pouvait fermer la nuit. Une fois, on nous a demandé de partir à 21h30. C’est dommage pour les gens qui habitent ici et qui voudraient souffler le soir en rentrant du boulot. »

C’est justement ce que font Romain, 21 ans et Karim, 26 ans. « À chaque fois, on espère pouvoir profiter un peu avant de devoir partir. Il y a un mois et demi, les agents venaient tôt, vers 20h30, mais il y avait des vagues, c’est peut-être pour ça. Après, que ce soit totalement fermé en pleine nuit, on comprend, ça peut être dangereux la nuit quand il fait noir, avec les rochers. Mais il faut quand même laisser les gens: 20 heures c’est beaucoup trop tôt en plein été. »

Oxana, 37 ans, est bien d’accord. Elle connaît la règle: « L’an dernier, j’habitais en face et je voyais régulièrement les policiers faire remonter les gens ».

Il est 20 heures et elle sirote un verre avec une amie: « J’espère qu’on va pouvoir rester un peu. C’est frustrant pour les gens de devoir partir mais au pire, les autres plages de Nice sont ouvertes toute la nuit, elles, c’est déjà ça! »

Pour des raisons de sécurité

Un arrêté municipal régit la fermeture de ces plages publiques via l’accès au chemin des Douaniers en deçà du boulevard Franck-Pilatte et de l’avenue Jean-Lorrain, entre 20 heures et 7 heures « pour des motifs de sécurité, de tranquillité et de salubrité publiques et de préservation de l’environnement ».

Il interdit par ailleurs « de plonger et/ou sauter depuis tout promontoire dans la mer à partir des épis, jetés ou enrochement » là encore pour des questions de sécurité car des accidents surviennent régulièrement lors de sauts.

Par ailleurs, l’heure ne peut pas être respectée à la lettre car les agents qui veillent à la fermeture des parcs et jardins doivent procéder aux vérifications dans chaque endroit avant de verrouiller.

Voilà en partie pourquoi le gong ne retentit pas à 20 heures précises chaque soir (ce qui convient parfaitement aux plaisanciers).


À chaque porte menant aux plages sont mentionnés les horaires d’ouverture (ici le mardi 29 juillet). Photo Ax. T.