Par
Audrey Gruaz
Publié le
16 avr. 2025 à 7h00
Avec la crise du Covid-19, on avait cru l’ère de l’aviation terminée. Même si l’évolution du trafic aérien est moins forte que prévu, elle est bien là, le nombre d’avions au-dessus de la Seine-et-Marne est toujours plus important et rien ne semble finalement vouloir infléchir cette courbe. Pour absorber cette hausse du trafic, que l’on parle en nombre de voyageurs ou en tonnes de fret transporté, Aéroports de Paris doit trouver une solution. Créer un nouveau terminal ? Non, depuis l’abandon en février 2021 du projet de T4, la question n’est plus à l’ordre du jour.
Si l’aéroport ne peut pas s’étendre, la seule solution est de construire de nouvelles infrastructures au sein même de Paris-Charles de Gaulle, de boucher « les dents creuses » et de repenser les espaces pour mieux les optimiser. Parce que l’objectif d’Aéroports de Paris est bien de poursuivre son développement, tout en « atteignant la neutralité carbone en 2050 ».
Des réunions publiques en Seine-et-Marne pour donner son avis
ADP a lancé une grande concertation publique concernant son projet de développement, qui doit durer jusqu’au 8 juillet 2025. Les riverains de l’aéroport ainsi que les salariés peuvent donner leur avis directement sur le site internet dédié. Mais pour donner un avis éclairé, des réunions publiques sont également organisées. La première réunion publique s’est tenue au Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne). La commune s’est développée au bord des pistes de Roissy, rien de plus normal que la première réunion se tienne dans ce département.
Après une rencontre avec les Seine-et-Marnais, mardi 15 avril sur le parvis de la Gare RER de Marne-la-Vallée, puis une réunion publique à Sevran (Seine-Saint-Denis) le 22 avril, une grande réunion thématique lundi 28 avril 2025 à 19 heures aura lieu en mairie de Meaux, pour comprendre le fonctionnement et le modèle économique de l’aéroport.
105 millions de passagers en 2050
Aujourd’hui, 82 millions de passagers transitent par l’aéroport de Roissy chaque année. Dans 10 ans, les projections estiment que ce chiffre sera de 88 millions. Et dans 25 ans, ce seront 105 millions de passagers qui fouleront le sol de l’aéroport. Un chiffre impressionnant pourtant loin de celui que les experts avaient estimé avant la crise Covid. On pensait alors que 168 millions de voyageurs circuleraient dans Roissy en 2050.
Pour accueillir tous ces passagers, même dans 25 ans, il faut repenser la manière de les accueillir.
Vidéos : en ce moment sur ActuPlus de salles d’embarquement
Pour traiter davantage de passagers, il faut accélérer leur prise en charge. Aéroports de Paris a donc prévu de créer des salles d’embarquement supplémentaires, entre celles existantes aujourd’hui. Un moyen de remplir plus vite les avions et donc d’accélérer les décollages, sans pour autant « construire de nouvelles pistes, ni allonger celles existantes ».
L’utilisation de l’intelligence artificielle sera aussi développée pour « maximiser la performance » des méthodes d’embarquement dans les terminaux.
Faciliter les connexions
Puisque l’un des objectifs de la plateforme est d’engager sa décarbonation, Aéroports de Paris veut améliorer l’accessibilité du site, notamment via le réseau ferré, train ou métro. La décarbonation passe « par de nouvelles lignes de transports collectifs pour les passagers des avions, comme pour les usagers du quotidien », souligne Aéroports de Paris.
Aujourd’hui, le trafic ferré à Roissy représente 15 millions de voyageurs. On estime qu’en 2030, il y aura deux fois de voyageurs en train ou en métro ; et trois fois plus en 2050. La gare située dans l’aéroport devra être une vraie gare à part entière. On estime que « plus de la moitié des passagers qui y transiteront arriveront ou repartiront avec d’autres trains ». Aéroports de Paris veut dépasser la vision centrée uniquement sur l’aviation seule.
Et dans son objectif de décarbonation, accentuer l’utilisation de la gare est une bonne pioche. Aujourd’hui, 67 % des passagers et 90 % des salariés viennent à Roissy en voiture.
Ces estimations poussent Aéroports de Paris à réfléchir à une « nouvelle gare pour absorber ces nouveaux passagers, salariés et riverains arrivant par le train ou les transports collectifs ».
La gare de l’aéroport Charles-de-Gaulle 2 « va devenir le centre de gravité de l’aéroport ». D’autant qu’avec neuf terminaux dispersés sur l’ensemble du site et difficilement accessibles les uns des autres, Aéroports de Paris doit trouver une solution pour ses passagers, notamment ceux en transit, de plus en plus nombreux. Une meilleure connexion ferrée des terminaux est donc programmée, avec notamment de nouvelles lignes de métro.
Aujourd’hui, près de 67 % des passagers et 90 % des salariés viennent à Roissy en voiture. De nouvelles connexions de transport sont attendues dans les années à venir. ©Groupe ADPToujours plus de fret
Si le nombre de passagers n’a pas diminué depuis le Covid, le tonnage des produits transportés en avion non plus. L’année dernière, 1,9 million de tonnes de fret ont été transportées par avion. Un chiffre qui pourrait bien doubler en 2050. Dans son dossier de présentation, Aéroports de Paris assure que ce ne sera pas grâce « au doublement des vols cargo, mais par l’emport de fret plus important dans compagnies aériennes ».
Pour répondre à cette hausse des produits échangés à travers la planète, la zone cargo devrait être réaménagée pour « optimiser les surfaces sans élargir la zone foncière ». L’aménagement devrait être plus vertical qu’horizontal.
De même, le traitement du fret sera davantage mécanisé et automatisé.
Aéroports de Paris mise sur l’hydrogène
L’hydrogène est-il le carburant du futur pour l’aviation ? C’est en tout cas ce que pense Aéroports de Paris pour le moment. Afin d’anticiper le développement de ce carburant, une réserve de 30 hectares va être sanctuarisée dans l’emprise de l’aéroport afin d’être « prêt à accueillir une usine de liquéfaction et de stockage d’hydrogène après 2035 ».
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