Au début de l’année, la coalition au pouvoir a assoupli temporairement le fameux « frein à l’endettement », inscrit dans la Constitution, permettant ainsi davantage d’emprunts pour financer une hausse significative des dépenses militaires et des investissements dans les infrastructures.

Le ministre allemand des Finances, Lars Klingbeil, membre du Parti social-démocrate (SPD), a salué l’« investissement record » prévu de 126,7 milliards d’euros pour 2026, qui comprend le financement des infrastructures et de la transition écologique de l’économie. Les dépenses de défense augmenteront également d’un tiers pour atteindre 82,7 milliards d’euros.

Le frein à l’endettement a longtemps limité la capacité de Berlin à investir massivement dans ses infrastructures vieillissantes ou dans son système de défense. Des tensions similaires avaient contribué à l’effondrement du précédent gouvernement de coalition.

Selon les projections budgétaires présentées en juin, l’endettement total devrait atteindre environ 850 milliards d’euros au cours des prochaines années. Toutefois, des estimations plus récentes révèlent un trou supplémentaire de 30 milliards, portant le déficit global à près de 172 milliards d’euros d’ici 2029.

Ces chiffres s’expliquent en partie par les récentes décisions du gouvernement d’avancer les plans de subventions aux retraites ainsi que les nouvelles promesses d’indemnisation aux Länder et aux communes, qui perdront des recettes en raison des mesures prévues pour stimuler la croissance.

Des économies à venir, mais des solutions encore floues

Le ministre des Financers a reconnu qu’un tel déficit ne pourra pas être comblé par la seule croissance économique, même si le gouvernement vise une croissance annuelle de plus de 1 % jusqu’en 2029. Il a admis qu’une combinaison de mesures, notamment de nouvelles coupes budgétaires, sera inévitable rien que pour combler le trou de plus de 30 milliards d’euros prévu dès 2027.

« Ce sera l’un des plus grands défis nationaux que nous aurons à relever au cours des 12 prochains mois », a-t-il expliqué aux journalistes.

« Tous les membres du gouvernement devront faire des économies », a-t-il ajouté, précisant que « la popularité du ministre des Finances au sein du gouvernement n’augmentera pas vraiment ».

Le ministre a également indiqué que l’Allemagne prévoyait de réformer des structures telles que les systèmes de sécurité sociale en pleine expansion, pour lesquels elle avait mis en place plusieurs commissions d’experts.

Plusieurs économistes et personnalités politiques appellent depuis longtemps à des réformes plus profondes pour garantir l’équilibre budgétaire à long terme. Parmi eux, Veronika Grimm, conseillère du ministère de l’Économie, a estimé que « plutôt que de revoir le frein à l’endettement, il est urgent de mener de véritables réformes structurelles pour combler le déficit de financement ».