Depuis qu’il est sorti de la tête du romancier Bram Stoker en 1897, Vlad le vampire n’a jamais cessé d’inspirer le cinéma. Avec son « Dracula », Luc Besson lui règle son compte le temps d’une fresque gothique plus romantique qu’horrifique. Sans plus.
Vladimir a donc rejoint Nikita, Léon, Lucy, Anna, Adèle, Arthur, Jeanne, Valérian et les autres dans la ménagerie EuropaCorp. Luc Besson (« Le grand bleu », « Le cinquième élément »), en se penchant sur le cercueil du célèbre vampire Dracula, déploie un film ambitieux, peut-être trop pour lui, un voyage en demi-teinte entre XVe et XIXe siècles.
Le prince Vladimir (Caleb Landry Jones), triomphant au retour d’une bataille épique, pète un câble. Dieu l’aurait entourloupé en trahissant la promesse de protéger son amoureuse (Zoë Bleu) qui meurt dans ses bras. L’inconsolable ne trouve rien de plus malin pour étancher sa haine que d’empaler le prêtre représentant du Tout-Puissant sur terre. Enfer et damnation! Vlad subit immédiatement la sentence divine. Le voilà condamné à la vie éternelle, et par là même à la souffrance ad vitam, car chez Luc Besson, l’amour est toujours source de douleur.
Traqué par un chasseur de vampires
Persuadé de retrouver son âme sœur, le désormais vampire sillonne l’Europe durant quatre siècles, en vain. Reclus dans sa demeure lugubre, résigné, le cœur à jamais meurtri, lui et sa mélancolie végètent entourés de gargouilles, sorte de Gremlins ou Minimoys démoniaques de pierre qui prennent vie sur commande, plus risibles que terribles. Une nuit, un intrépide perturbe son quotidien. Titillé par le discours de l’opportun, Vlad rejoint Paris au petit matin.
Lors d’un cocktail, le sang de Dracula ne fait qu’un tour quand son regard croise celui d’une jeune femme, sosie ou mieux, réincarnation de son amoureuse. Alors qu’il roucoule en tentant de raviver la mémoire de la belle, un chasseur de vampires, sur les dents depuis qu’il a appris que le prince séjournait dans la capitale, le traque.
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Un Vlad qui plombe le film
Impeccable, l’acteur Christoph Waltz, si habité par son personnage d’ecclésiastique téméraire prêt à tout pour éliminer la créature, tire incontestablement le film vers le haut, au contraire de Caleb Landry Jones qui le plombe!
Pourtant excellent dans « Dogman », un précédent métrage de Luc Besson, l’acteur texan cabotine trop souvent et campe un Dracula bien fade en comparaison des Gary Oldman chez Coppola, Béla Lugosi chez Tod Browning, Christopher Lee chez Edouard Molinaro ou même Nicolas Cage dans le clipesque « Renfield » de Chris McKay.
>> A lire, un article de 2019 consacré à la figure du vampire : Le vampire? Un grand mordu de cinéma!
Des dialogues d’une platitude niaise
Si Luc Besson soigne décors, costumes, mise en scène, cadrage, éclairage, montage, effets spéciaux et même musique, confiée à Danny Elfman; à trop ambitionner de réaliser un blockbuster grandiose (qui a coûté 45 millions d’euros), il flingue son entreprise en négligeant les dialogues, d’une platitude niaise, une manie récurrente devenue sa marque de fabrique.
Dommage, car l’option de réaliser une fresque romantico-gothique à mort où l’amour évaporé tient le rôle de la créature horrifique est franchement bonne, en tout cas mieux inspirée que la dernière apparition de Nosferatu au cinéma en 2023 dans « Le dernier voyage du Demeter » d’André Øvredal qui se limitait à un flémard slasher en huis clos sur un bateau.
Note: 3/5
Philippe Congiusti/aq
« Dracula », de Luc Besson. Avec Caleb Landry Jones, Christoph Waltz, Zoë Bleu. A voir au cinéma depuis le 30 juillet 2025.