Posted On 31 juillet 2025
« Ce projet est l’un des fruits concrets de la démarche Ville amie des ainés portée depuis 2016 par la Ville de Grenoble en lien avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Cette politique participative vise à mieux prendre en compte les besoins des personnes vieillissantes dans l’espace public. « Il ne s’agit pas seulement de rajouter du mobilier, mais de repenser l’espace pour qu’il devienne véritablement inclusif », a rappelé Kheira Capdepon, adjointe aux aînés.
Serge Massé (DL du 20/7/25), toujours très laudateur de la politique municipale, passe à la surmultipliée du dithyrambe avec ce compte rendu de la pose de bancs place Notre Dame en juillet. L’Organisation Mondiale de la Santé ne s’est elle pas, d’une certaine manière, intéressée à ces bancs ?
Une page du DL, trois Adjoints au Maire pour la pose de bancs après … 7 ans d’études …
DES BANCS PENSÉS POUR LE CONFORT, LA SÉCURITÉ ET LE LIEN SOCIAL
La drôlerie de la com’ municipale atteint des sommets. Poser des bancs accessibles à tous devient une sorte d’exploit inégalé. Toute la terminologie de l’époque défile « pour inaugurer un mobilier urbain pas tout à fait comme les autres : des bancs pensés pour le confort, la sécurité et le lien social, particulièrement adaptés aux personnes âgées, mais utiles à tous. » (!) (DL du 20/7/25).
ON NE COMPREND PAS COMMENT LES BANCS ASSURENT LA SÉCURITÉ
Qui imagine des bancs réservés à quelques uns, sans confort ? Et toujours ce « lien social » sans lequel s’assoir sur un banc deviendrait un acte vain. Par contre, on ne comprend pas immédiatement comment ils assurent mieux « la sécurité » que des caméras et une police de proximité. Mais pourquoi chercher des poux dans la paille ?
UNE SÉRIE DE « MARCHES EXPLORATOIRES » DEPUIS 2018 !
Serge Massé expose gravement « qu’une série de marches exploratoires avait été menée dès 2018 avec des habitants de plus de 55 ans pour identifier les obstacles dans les déplacements quotidiens : trottoirs trop étroits, trajets trop longs sans pause possible, absence de bancs confortables… À l’issue de ces retours du terrain, une expérimentation de mobilier adapté avait été lancée ».
ON RÉFLÉCHIT DANS LE CADRE DE LA VILLE AMIE DES AINÉS …
Ainsi depuis 2018 on étudie et on réfléchit, mais pas bêtement comme d’autres municipalités probablement réactionnaires, on réfléchit dans le cadre de « la Ville Amie des Ainés » en « lien avec l’Organisation Mondiale de la Santé ». Il s’agissait au fond du parcours des piétons dans le quartier Notre-Dame. Pourquoi là et pas ailleurs ? Alors que dans toute la ville des personnes chutent sur des trottoirs pas entretenus, des passages piétons aux nids de poules dangereux ?
… MAIS SANS UN SOU À PARTIR DE 2026 POUR ENTRETENIR LES TROTTOIRS
Sachant que nos visionnaires qui mettent 7 ans à installer des bancs aboutissent à partir de 2026 – après les élections – à ce qu’il n’y ait plus un centime d’euro de disponible pour entretenir voirie et trottoirs. La ville « Amie des Ainés » n’en dit rien.
Les trottoirs de la ville sont un danger permanent pour les ainés, entrainent de très nombreuses chutes et de difficultés pour les personnes en fauteuil
LA POSE DE CES BANCS CONSACRE « UNE APPROCHE PIONNIÈRE »
Mais la pose de ces bancs « consacre cette approche pionnière » qui a donné à Grenoble « le label “Ami des aînés – niveau platine” décerné en novembre 2024 » s’extasie le journaliste. N’est elle pas d’ailleurs devenue « capitale verte » l’année où elle a été consacrée première de France pour les ilots de chaleur ?
DES TERMES QUI RESSEMBLENT À UN ÉVÉNEMENT MONDIAL
Lire cette propagande sur une page de notre quotidien sans aucun recul, aucune mise en situation à l’égard des difficultés de déplacement des ainés dans la ville – sans évoquer l’insécurité, l’éclairage public défaillant – a un côté hilarant. La pose de quelques bancs louée en des termes qui ressemble à un événement quasi mondial. Mais cela heurte aussi la sensibilité des victimes et participe de cette colère qu’on sent poindre de tous côtés du fait que la réalité est gommée.
LA TRISTE RÉALITÉ AFFLEURE EN TERMES FLEURIS
S’agissant des bancs de la place Notre Dame, elle affleure tout de même en termes fleuris : « certains espaces publics, malgré la qualité de leur aménagement et leur vocation inclusive, peuvent évoluer avec le temps vers des usages non anticipés. Il arrive que des lieux pensés pour rassembler deviennent le point de regroupement de personnes en grande vulnérabilité, parfois en situation d’errance ou d’addiction » relate délicatement Serge Massé.
UN TYPE « D’APPROPRIATION INVOLONTAIRE »
Il semble qu’à l’inauguration des bancs, malgré l’enthousiasme de la population derrière ses élus, des remarques ont probablement été exprimées – dont on ne saura rien – puisque le sujet est ainsi relaté : « ce type d’appropriation, bien qu’involontaire, peut limiter l’accès d’autres usagers – personnes âgées, familles, femmes – qui n’osent plus s’y installer ou s’y attarder. » Relevons « l’appropriation involontaire » car désigner des alcooliques ou des drogués qui dépensent leur argent à leurs addictions sans encadrement, serait « stigmatiser ».
G. NAMUR (Verts/LFI) A TENU À « RÉAGIR AVEC BIENVEILLANCE »
D’ailleurs Gilles Namur, l’Adjoint (Verts/LFI), « a tenu à réagir avec bienveillance aux préoccupations exprimées lors de l’inauguration » nous rassure Serge Massé. Il n’a « stigmatisé » personne : « J’ai moi aussi été surpris et un peu déstabilisé par certaines attitudes observées le matin même. Mais repassé sur place en fin de journée, j’ai trouvé une ambiance tout à fait différente, apaisée, conviviale, avec des riverains échangeant tranquillement autour du mobilier ».
La ville « amie des ainés » est totalement défoncée partout et met 7 ans pour installer quelques bancs « inclusifs »
G. NAMUR ET K. CAPDEPON « SERONT ATTENTIFS » À « MAINTENIR LE CARACTÈRE PARTAGÉ » (!)
En bref, « inclusif » et « lien social », oui, mais comment dans la ville telle qu’elle est devenue ? Les Grenoblois peuvent compter sur l’inénarrable Gilles Namur qui explique encore au DL « qu’avec Kheira Capdepon, les équipes de la maison des habitants et du CCAS, nous serons attentifs à maintenir le caractère partagé de ces espaces. Il est important d’aller à la rencontre de toutes les personnes présentes, dans un esprit de dialogue et de respect, afin que ces espaces publics restent accueillants pour toutes et tous ». Fermez le banc, si on ose dire.
UN RÉCIT BOURSOUFLÉ, CARICATURAL DE CE QU’ILS SONT
La liste Piolle/Ruffin est en campagne. Alan Confesson, Adjoint (LFI), s’était joint aux superlatifs pour la pose de ces bancs : « Il est essentiel de concevoir la ville avec ceux qui la vivent ».
Après l’annonce des 5000 HLM qu’ils veulent encore construire sans dire où, les candidats sortants tentent des immersions de quartier pour chercher le contact avec une réalité qui leur a échappé. Il y a, pour un acte si simple, quelque chose de pathétique à lire ce récit boursouflé, caricatural de ce qu’ils sont, pour tenter de devenir concrets.
ILS NE SAVENT NI POSER DES BANCS NI EN PARLER
Ils ne savent pas appréhender le réel simplement. Ils ne savent ni poser des bancs – il ne faut pas 7 ans – ni même en parler naturellement sans emphase. Ni, évidemment, assurer que ceux auxquels ils sont destinés pourront les utiliser sans problèmes. Ca fait beaucoup pour un aménagement urbain dans le coin d’une place. Pardon pour « une approche pionnière ».