La mairie de Nantes a rappelé qu’elle «travaille à la recherche de solutions pour les occupants» des camps illicites installés en périphérie de l’agglomération. Tout en rappelant agir avec le double souci d’humanité et de fermeté.

Comme un bouclier sous l’épée de Damoclès. Lundi 28 juillet, une trentaine de Roms d’un bidonville de Doulon-Gohards, dans la périphérie orientale de Nantes (Loire-Atlantique), se sont rassemblés devant la mairie de la sixième ville de France pour demander la non-application d’une ordonnance de référé d’expulsion. Rendue la semaine dernière par le tribunal judiciaire de Nantes, la décision menaçait une première famille de cette installation illicite d’une expulsion imminente, sans la moindre solution de relogement. Soit un manquement aux engagements pris par la collectivité, ont alerté les acteurs associatifs également présents lundi devant l’hôtel de ville.

«Les habitants ont été pris de panique, indique Philippe Barbo, de l’association Roata, engagé depuis plus de dix ans aux côtés des familles roms de l’agglomération nantaise. Nous avions un accord verbal de la mairie, propriétaire du terrain où se trouve le bidonville concerné, dénommé Moulin des marais 2. Une soixantaine de personnes y habitent. Tous travaillent, dans l’agriculture, l’aide à la personne et la livraison, et leurs enfants sont scolarisés». L’inquiétude a finalement été de courte durée. Reçus par un élu de permanence et une membre du cabinet de la maire socialiste de Nantes, Johanna Rolland, les représentants des habitants ont été assurés, par un accord tacite, que la collectivité ne sollicitera pas le concours de la force publique dans le bidonville concerné sans solution de relogement.


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Accès aux droits et respect du droit

«Ça a été un peu tendu, mais nous avons eu la garantie souhaitée. Reste à accélérer l’émergence des solutions promises», note Philippe Barbo. Sollicitée par Le Figaro, la métropole confirme chercher à «libérer» le bidonville du moulin des marais pour mettre en œuvre les compensations environnementales liées au projet de la zone d’aménagement concertée (ZAC) de Doulon-Gohards. «Comme à chaque fois, la Ville travaille à la recherche de solutions pour les occupants», affirme un porte-parole, avant d’ajouter que la collectivité a pour objectif «la disparition à terme de ces lieux de vie indignes en répondant aux situations des personnes, avec le double souci d’humanité – accès aux droits – et de fermeté – respect du droit».

Six bidonvilles regroupant environ 350 habitants occupent depuis près d’une quinzaine d’années le secteur de Doulon-Gohards. Nantes-Métropole envisage de transformer en éco-quartier cette large zone, encore partiellement naturelle et agricole, avec la construction de 2700 logements. Après plusieurs mois de retards, les premiers travaux de la ZAC ont commencé cet été. Le plan de résorption des bidonvilles de ce secteur prévoit l’aménagement de deux terrains d’insertion et d’un terrain de stabilisation.

Quelque soixante camps irréguliers entourent l’agglomération nantaise. Le plus important bidonville de France métropolitaine se trouve également aux portes de la cité des ducs, sur le site dit de la Prairie de Mauves, qui concentre entre 700 et 1000 habitants. Un projet de démantèlement chiffré à 80 millions d’euros est en cours de préparation et devrait voir l’éclosion d’ici 2031 d’un «pôle d’écologie urbaine» en lieu et place des habitats précaires.