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Le Nouvel Obs avec AFP
Publié le 17 mars 2025 à 12h08
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Un agent municipal de la Ville de Paris arrose des plantes sur le Champ de Mars, le 5 avril 2023, pour pallier le manque de pluie. MARIO FOURMY/SIPA
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Les épisodes de sécheresse intense sont une menace croissante pour Paris et sa région qui pourront coûter jusqu’à 2,5 milliards d’euros, sans entraîner toutefois de restrictions d’eau potable, observe ce lundi 17 mars l’OCDE, qui appelle à renforcer la prévention des risques.
En 2024, Barcelone avait « échappé de peu à une pénurie d’eau », mais avait dû imposer des restrictions de consommation « très strictes » à sa population après trois ans de sécheresse, observe Jo Tyndall, directrice de la direction Environnement de l’Organisation de coopération et de développement économiques.
Si Paris n’est pas encore confrontée à de telles crises, les sécheresses n’en sont pas moins « une menace croissante pour les habitants », en particulier après 2050, prévient l’organisation dans un rapport de 200 pages.
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Les habitants des grandes villes sont particulièrement vulnérables au manque d’eau du fait de l’imperméabilisation de leurs sols qui réduit la capacité des nappes souterraines à se recharger, tandis que la hausse des températures aggrave le phénomène des îlots de chaleur.
Ces tendances sont amplifiées par le réchauffement climatique, qui assèche les sols plus rapidement, fait chuter le niveau des nappes phréatiques à des seuils critiques et favorise l’alternance d’épisodes de sécheresses prolongées et de pluies torrentielles.
Une augmentation des températures
Longtemps perçue comme bien pourvue en ressources hydriques, l’Île-de-France a subi une augmentation des températures moyennes de 2°C depuis 1990 et le réchauffement climatique augmente la probabilité de sécheresses sévères dans la région.
En cas de sécheresse aussi grave qu’en 1921, des restrictions d’irrigation, de navigation et d’usage de l’eau dans l’industrie devraient être imposées « pendant plus de 150 jours » pour préserver l’approvisionnement en eau potable des habitants, ont calculé les auteurs.
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Le développement de l’Île-de-France, qui concentre 19 % de la population et un tiers de la production économique, accentue encore davantage les besoins en eau, donc le risque de sécheresse.
L’agriculture, qui occupe 50 % de la superficie, a vu ses besoins en eau « plus que doubler depuis 2012 » et ceux-ci devraient encore « s’accroître de 45 % d’ici 2050 », préviennent les auteurs, qui pointent aussi le développement de la production de froid via l’eau de la Seine pour les besoins de climatisation.
Les prélèvements d’eau en Île-de-France servent principalement à l’alimentation en eau potable (57 %), l’industrie (20 %), la production d’énergie (13 %), aux canaux (7 %) et à l’irrigation (3 %).
Des activités économiques « gravement perturbées »
Jusqu’à présent, la région s’était montrée résiliente grâce à un « solide réseau d’infrastructures fluviales », notamment quatre lacs réservoirs qui « jouent un rôle crucial dans le maintien des niveaux d’eau et garantissent l’approvisionnement en eau potable et en eau à usage industriel, agricole et énergétique lorsque les ressources en eau se raréfient ».
Mais selon l’OCDE, un épisode de sécheresse majeur pourrait « gravement perturber les activités économiques » et engendrer jusqu’à 2,5 milliards d’euros de pertes de production agricole et manufacturière à horizon 2100.
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Ce à quoi s’ajoutent des risques de dégâts sur l’habitat liés au retrait des argiles sous l’effet de la sécheresse, ou de potentiels conflits d’usage avec des agriculteurs d’autres régions si ces dernières étaient mises à contribution pour approvisionner l’Île-de-France en eau potable.
« On sait qu’on va être plus exposés mais on n’a pas quantifié la vulnérabilité des activités ou des populations », a commenté pour l’AFP Sophie Lavaud, rédactrice du rapport.
Ce qu’elle explique notamment par « la confiance placée par les autorités dans les lacs réservoirs, qui alimentent les fleuves à hauteur de 70 % lors des périodes d’étiage ».
Réduire les prélèvements d’eau
Les auteurs préconisent de réduire les prélèvements d’eau, même s’ils reconnaissent que la marge de manœuvre est faible, l’Île-de-France étant déjà bonne élève.
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Ils recommandent aussi « une solide évaluation des risques » de sécheresse à l’aune du changement climatique pour mettre en place une stratégie après 2030, ou encore d’allouer la ressource en eau en fonction des besoins de chaque usager.
Aujourd’hui, les usagers peuvent procéder à des prélèvements illimités, sauf en cas de sécheresse, s’ils démontrent « que la ressource ou les écosystèmes n’en pâtiront pas ». Le rapport appelle enfin à développer la réutilisation des eaux industrielles ou la collecte des eaux de pluie.
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Le Nouvel Obs avec AFP