L’été, vous êtes plutôt mer ou montagne ? Escapade à la ville ou repos à la campagne ? Pour 41,5 millions de travailleurs européens, la réponse est « ni l’un ni l’autre » : ils n’ont pas les moyens de partir une semaine en vacances. Cela représente 15 % des travailleurs dans l’UE en 2023. Ces chiffres, publiés début juillet par l’Institut syndical européen, sont en hausse de 2,6 % par rapport à l’année précédente, en 2022, durant laquelle 40,5 millions de travailleurs n’avaient pu partir en congés pendant une semaine au minimum.
Cette augmentation de plus d’un million de travailleurs en un an, « montre que l’UE est en situation d’urgence en matière de qualité de l’emploi », dénonce la Confédération européenne des syndicats (CES). Et reflète l’augmentation de la pauvreté laborieuse.
Les écarts entre les pays sont importants. La Roumanie enregistre le plus mauvais score, avec un tiers de ses travailleurs qui ne peuvent pas se permettre de partir en vacances (en baisse cependant). Suivent la Hongrie (26 %), la Bulgarie (24 %) ou encore le Portugal (23 %). A l’autre bout du spectre, les Pays-Bas, la Finlande et la Suède ne comptent que 5 % de travailleurs privés de vacances, devant le Luxembourg (6 %). La France en recense 12 %, légèrement moins que la moyenne de l’UE mais en hausse de près de 7 % par rapport à l’année précédente.
« Ces chiffres sont le reflet d’une économie de plus en plus inégalitaire, dans laquelle les travailleurs sont contraints de renoncer à leurs vacances en raison de la hausse des coûts de l’hébergement, du transport et de la nourriture, combinée à un pouvoir d’achat en baisse et à la spéculation », poursuit la CES, qui rappelle que dans le même temps les PDG des entreprises gagnent 100 fois plus que leurs salariés. Et peuvent donc s’offrir de délicieuses vacances à la mer, à la montagne, et même les deux.
Près de trois ans après, la directive sur le salaire minimum peine à être totalement transposée chez les 27
Sur la base de ce constat, la Confédération « appelle les gouvernements nationaux à mettre pleinement en œuvre la directive sur le salaire minimum », qui a été adoptée au niveau européen en octobre 2022. Le texte prévoit la garantie d’un salaire minimum décent pour tous (qui doit être supérieur à 60 % du salaire médian et à 50 % du salaire moyen national), mais aussi l’association des partenaires sociaux dans sa fixation et la promotion de la négociation collective. Près de trois ans après, elle peine à être totalement transposée chez les 27.
En France, la CFDT (Confédération française démocratique du travail) estime que le système actuel est globalement conforme à la directive mais réclame que le gouvernement implique davantage les partenaires sociaux dans le processus de fixation du Smic et renforce la négociation collective.
Sans surprise, les pays en queue de peloton concernant les travailleurs privés de vacances ont les salaires minimaux des plus faibles en Europe. En Bulgarie, il dépasse à peine 550 euros, tandis qu’en Hongrie il atteint péniblement 700 euros. La directive sur le salaire minimum a cependant entraîné des hausses salariales l’année dernière. En Roumanie par exemple, le Smic local a été augmenté de 23 % sur un an. Le gouvernement roumain devrait l’augmenter à nouveau cette année afin qu’il dépasse 50 % du salaire moyen et respecte la directive européenne.